Ce ne sera pas la seule occasion de voir la chorale à l’œuvre à Hearst, puisqu’elle y sera de retour le 9 mars, au Conseil des Arts. D’autres spectacles pourraient avoir lieu en février à Kapuskasing.
Même si le spectacle a lieu pendant le mois de l’histoire des Noirs, les membres d’AfriCana n’entendent pas changer le programme, qui devait être présenté en novembre – les conditions routières en avaient forcé l’annulation. Le port de tenues plus traditionnelles est envisagé, sans plus. «On va juste refléter l’Afrique à travers les costumes, indique le pianiste du groupe, Jean Emmanuel Yameogo. Et les chants, bien évidemment.»La chorale est composée de personnes originaires de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale : Côte d’Ivoire, Congo, Sénégal, Congo-Brazzaville, Guinée. De plus, chacun a étudié ou étudie à l’Université de Hearst. Mais ce n’est pas une condition sine qua non pour faire partie du groupe. «Tout le monde est bienvenu, assure le chanteur Enoch Ako, originaire de la Côte d’Ivoire. Un Canadien pourrait intégrer la chorale.»
Un lieu de partage
Avant la formation d’AfriCana, en 2021, quelques-uns de ces étudiants ou ex-étudiants se rassemblaient pour chanter. C’était chez Antoine Tine, qui a cherché à intégrer une chorale dès son arrivée en 2015 à Kapuskasing. «Chez nous, tous les jeunes de mon quartier qui sont catholiques vont à la chorale», avait expliqué le Sénégalais au Voyageur en 2018.
«En Afrique, il y a beaucoup de croyants», précise Enoch Ako. Des communautés se forment autour de l’église — des chorales, par exemple. Celles-ci deviennent un lieu de rassemblement, d’expression, d’épanouissement. «Ça change vraiment quelque chose dans la vie», poursuit Peter Muzinga, originaire de la République démocratique du Congo.
C’est particulièrement vrai en situation de migration, observe Enoch Ako. «Quand on arrive, nous sommes loin de la famille, nous sommes dans un milieu inconnu et on ne connaît personne. Mais si on peut intégrer un groupe, on peut se sentir en famille, en quelque sorte.»
AfriCana permet un partage entre membres du chœur ainsi qu’avec leur communauté d’accueil, croit Peter Muzinga. «Étant dans un pays qui n’est pas le nôtre, ça nous fait plaisir de montrer aux autres qui nous sommes, ce qu’on peut faire, un peu notre culture, quoi. Ça nous fait énormément plaisir, et de voir que nous sommes accompagnés par les Canadiens.»
Une joie contagieuse
La chorale a pris une forme plus officielle avec l’arrivée d’un musicien, Jean Emmanuel Yameogo. Depuis, AfriCana, avec sa vingtaine de membres, participe au spectacle de Noël d’un autre chœur, La Borée.
La présence de ce nouveau groupe de chanteurs enrichit le paysage musical de Kapuskasing, estime Rita Séguin, la directrice du chœur La Borée. «Au premier concert, les gens étaient debout pour applaudir, ils étaient contents de les entendre. On est toujours contents quand ils chantent avec nous», témoigne-t-elle.
«L’ambiance, la joie qu’on communique, je pense que ça impacte les gens, qu’ils sentent vraiment qu’il y a quelque chose de nouveau», observe Peter Muzinga.
Le chœur pourrait adapter son répertoire, laisse entrevoir Jean Emmanuel Yameogo, pour y intégrer «des chants de libération, de victoire, des chants afro-américains et tout», explique le musicien. «On essaie de traduire des chants en français parce qu’on est dans une communauté francophone, pour faire plaisir au public et passer des messages à travers nos chansons, surtout.»
Autres spectacles à venir
Outre le spectacle du 9 février prévu au campus de Hearst de l’Université de Hearst, le chœur AfriCana sera de retour à Hearst le 9 mars au Conseil des Arts, en première partie du spectacle de Ferline Régis. D’autres spectacles pourraient aussi avoir lieu à Kapuskasing en février. Les détails restent à confirmer.
Les recettes issues de la vente des billets sont investies dans l’équipement, comme des instruments et des accessoires pour les spectacles, assure Jean Emmanuel Yameogo. Le chœur espère aussi recueillir des denrées non périssables et des dons en argent, qui serviront à appuyer le programme de soutien aux étudiants réfugiés de l’Université de Hearst.