L’interprète met tout de suite la table : Le château intérieur n’est pas une pièce de théâtre, «c’est une soirée théâtrale en compagnie d’un acteur».
Sur scène, dans un décor minimaliste, Pier Paquette interprètera des textes qui l’ont marqué. «Ça fait des années que je réalisais qu’il y avait des textes qui se sont déposés en moi, qui m’habitent. Ce sont des textes qui me font rire, ils me font pleurer, ils me font réfléchir, je m’incline devant leur beauté, leur structure. Il y a des textes qui me chatouillent, puis il y a d’autres textes qui me scient les jambes. Je peux pleurer à chaque fois», explique-t-il.
La covid lui a apporté une révélation : il s’ennuyait vraiment de la scène, «de retrouver cette communion avec le public, de retrouver ce rapport-là». Il voulait jouer, remonter sur les planches, être dans une salle, devant un public.
Il ne voulait pas par contre raconter sa propre histoire. «Les textes sont plus intéressants. Et c’est parce que je suis un interprète. Je prends la parole de quelqu’un, je vais la déposer dans le creux de l’oreille de quelqu’un d’autre.»
Les choix qu’il a faits devraient tout de même permettre au public d’apprendre à le connaitre. Mais il tient à ne pas trop imposer sa façon de les comprendre afin de garder un peu de mystère et de la place pour le public d’en retirer ses propres émotions.
C’est aussi pourquoi Le château intérieur représente un défi un peu particulier pour lui. «Pier n’a jamais été sur scène. J’ai toujours été un personnage quand j’étais sur scène. Mais Pier Paquet, je n’ai jamais été sur scène, moi. Je vais parler en mon nom pour la première fois de ma vie. C’est excitant et ça fait peur.»
Retour aux sources
Tout à commencé à Sudbury pour Pier Paquette. Il a grandi ici, mais il a aussi découvert le jeu et lancé sa carrière de comédien ici. «Je suis né à Sudbury, j’ai découvert le théâtre à Sudbury. Le Théâtre du Nouvel-Ontario m’a embauché comme comédien en résidence. J’ai passé un an, la saison 1976-1977, à faire du théâtre professionnel à Sudbury. Après toutes ces années, j’en dois une au Théâtre du Nouvel-Ontario.»
Il a touché au théâtre pour la première fois en tournée avec la Troupe de théâtre pour enfants du Nord de l’Ontario. Après ses études en Theatre-Arts au collège Canadore de North Bay, il passe un an au TNO et fait une tournée canadienne avec la pièce Ti-Jean de mon pays.
Ces premiers pas lui ouvrent les portes de l’École nationale de théâtre. Son métier lui a permis d’interpréter des rôles au théâtre comme à la télé. On a pu entre autres le voir dans Mirador, District 31, La Galère, Un gars une fille et, plus récemment, Avant le crash. Il a aussi une carrière parallèle sous le nom de Pier Kohl, où il prête sa voix à des personnages animés et des marionnettes, comme Louis the Otter dans Sesame Street pendant 15 saisons.
- Paquette exprime particulièrement sa reconnaissance envers le TNO et sa directrice artistique, Marie-Pierre Proulx, qui l’ont accueilli et lui permettent de présenter «la première mondiale» de cette production.
Jouer à la Place des Arts du Grand Sudbury apporte toute une autre dimension à l’expérience pour M. Paquette. À ses débuts à Sudbury, «on jouait dans les sous-sols, dans les salles paroissiales, on jouait dans les gymnases. On jouait où on pouvait. On n’avait pas ces infrastructures».
Le château intérieur est sobre pour plusieurs raisons. Entre autres pour évoquer les premières années de ses débuts au théâtre. «Un acteur sur scène, le public, c’est tout. C’est ça le théâtre, avec des textes.»
Mais aussi pour créer un spectacle avec lequel il serait facile de faire une tournée. «Mon souhait, c’est vraiment de le tourner partout en Ontario. Partout où il y a des francophones en Ontario, j’aimerais y retourner.»
Le château intérieur sera présenté du 22 au 24 février à la Place des Arts. Visitez le https://leteno.ca pour être témoin du retour du petit frère de Robert Paquette dans sa ville natale.
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Pier Paquette — Photo : Courtoisie
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L’équipe de production du Château intérieur au théâtre Glendon de Toronto en décembre.