le Lundi 20 janvier 2025
le Mercredi 9 octobre 2024 9:00 Arts et culture

Écoles résidentielles, langue et modes de vie anishinaabe en question

  Photo: Donald Dennie
Photo: Donald Dennie
L’Université Laurentienne a souligné la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en organisant un symposium dans la Salle ronde de son Centre autochtone de partage et d’apprentissage, le lundi 30 septembre, au cours duquel des aîné.e.s et des universitaires ont partagé leurs expériences.
Écoles résidentielles, langue et modes de vie anishinaabe en question
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Shirley Williams

Photo: Courtoisie

Shirley Williams, aînée anishinaabe traditionnelle et professeure émérite à l’École des études autochtones Chanie Wenjack de l’Université Trent de Peterborough, a été la première à prendre la parole devant une salle comble afin de raconter l’histoire de sa vie. Première femme autochtone à obtenir le statut de professeure titulaire grâce à ses connaissances traditionnelles, elle a d’abord raconté ses expériences en tant que pensionnaire de l’école résidentielle St-Joseph de Spanish en Ontario où elle a vécu pendant six ans.

«Mon père avait obtenu du curé de la paroisse que je ne devienne pensionnaire qu’à l’âge de 10 ans, a-t-elle raconté. Il voulait que je demeure avec lui et ma mère afin que je puisse apprendre la langue anishinaabe. De 10 à 16 ans, j’ai vécu dans cette école où les sœurs cherchaient toujours à nous humilier. Nous savions qu’il se passait des choses bizarres dans cette résidence mais les sœurs nous ont toujours dit de ne pas en parler». 

Mme Williams a quitté l’école résidentielle à 16 ans, après avoir vécu une expérience très désagréable. Elle a cherché à s’inscrire dans d’autres écoles pour étudier mais cela s’est avéré difficile. Elle a dû prendre un emploi comme aide-infirmière à l’hôpital de Little Current sur l’île Manitoulin où les médecins et les infirmières lui demandaient constamment de servir d’interprète auprès des patients autochtones et ce, sans recevoir de compensation financière. Elle a réussi à terminer son école secondaire en suivant des cours à distance. «Je voulais pouvoir enseigner la langue anishinaabe», a-t-elle avoué, ce qu’elle a réussi à faire en devenant professeure à l’Université Trent.

Elle a réussi à organiser plusieurs rencontres avec des groupes autochtones afin qu’ils puissent se dire ce qui s’était passé dans les écoles résidentielles. Elle a aussi participé à la Commission de la vérité et de la réconciliation.

«Mon grand père avait réussi à s’évader»

Pour sa part, Lorney Bob, également aîné traditionnel et coordonnateur de la revitalisation linguistique aux Affaires étudiantes autochtones de la Laurentienne, a parlé des cours d’anishinaabe axés sur la terre. Mais il a d’abord mentionné qu’il avait été élevé par ses grands-parents dont il a appris la langue traditionnelle. «Mon grand-père a refusé de parler en anglais à l’école résidentielle, a-t-il raconté, ce qui lui a valu de nombreuses punitions. Il a réussi à s’évader de l’école à trois reprises. Après la troisième fois, on a cessé d’essayer de le trouver et de le ramener à l’école».

Dans les cours axés sur la terre, une trentaine d’étudiantes et d’étudiants vivent pendant deux semaines consécutives sur une terre où ils et elles doivent apprendre à vivre ensemble, à voir et entendre des choses telles un engoulevent bois-pourri (Eastern whip-poor-will) qu’on ne voit ni entend en ville. Pour M. Bob, vivre sur la terre, c’est comme un retour à la maison. Il croit fermement qu’à force de vivre sur la terre, on se rapproche du pouls électromagnétique de la terre ce qui permet de retrouver un sens d’équilibre dans la vie.

Enfin, Jason Nakogee, coordonnateur de la vérité et de la réconciliation au Bureau de l’enseignement et des programmes autochtones de la Laurentienne, a parlé des diverses façons dont l’institution a répondu aux recommandations d’un groupe de travail chargé de mettre en pratique certaines activités de réconciliation dans l’esprit des recommandations de la Commission sur la vérité et la réconciliation. Il a mentionné l’affiche qui contient la reconnaissance du territoire de la Première Nation Atikameksheng Anishnawbek sur lequel la Laurentienne est établie à l’entrée de l’édifice des Arts, ainsi que des cours d’apprentissage de la langue traditionnelle, l’embauche récente de neuf professeur.e.s autochtones à la Laurentienne ainsi que l’Institut de recherche autochtone situé au deuxième étage de l’édifice Parker. Enfin, il a mentionné que la Laurentienne avait créé un Baccalauréat ès Arts en Études interdisciplinaires autochtones qui débutera en septembre 2025.

Grâce à ces trois conférences, les participant.e.s au symposium, pour la plupart des étudiantes et des étudiants de l’université,  ont beaucoup appris au sujet des écoles résidentielles ainsi que des diverses initiatives adoptées par la Laurentienne pour enseigner la langue et les modes de vie anishinaabe.