le Lundi 13 janvier 2025
le Samedi 21 Décembre 2024 9:00 Arts et culture

La contribution scientifique d’uneétudiante internationale au profit des populations autochtones

Nabina Sharma — Photo: Courtoisie
Nabina Sharma
Photo: Courtoisie
Une étudiante originaire du Népal, Nabina Sharma, a grandement contribué au développement d’un outil de diagnostic de la démence approprié pour les populations autochtones dans le cadre de sa thèse de doctorat en santé rurale et du Nord à l’Université Laurentienne.
La contribution scientifique d’uneétudiante internationale au profit des populations autochtones
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«Nabina a travaillé de très près avec les partenaires communautaires du Maamwesying North Shore Health Services de l’île Manitoulin, afin d’effectuer des recherches très importantes qui ont posé le fondement au développement d’un outil d’évaluation fonctionnelle propre aux autochtones», a déclaré au Voyageur Jennifer Walker, Ph.D., sa directrice de thèse.

«Ses recherches contribuent de façon significative au progrès inspiré par les communautés autochtones quant aux façons de concevoir l’évaluation cognitive et fonctionnelle de la démence».

«Je suis arrivée au Canada en 2016 munie d’un bachelier et d’une maîtrise ès Arts en santé publique», a déclaré Nabina Sharma au Voyageur

J’étais prête à travailler n’importe où dans mon domaine. Ce que je voulais c’était de vivre une expérience internationale. J’ai eu la chance d’obtenir un poste d’assistante de recherche sous le mentorat de Jennifer Walker, une éminente chercheuse autochtone, au Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du Nord».

En 2018, Nabina Sharma s’est inscrite au programme de doctorat, ce qui lui a permis de prendre un cours avec la professeure Walker qui effectuait à l’époque de la recherche auprès des populations autochtones de l’île Manitoulin. Dans ce cours, elle a d’abord appris à prendre connaissance de l’outil de diagnostic cognitif, ainsi que des populations autochtones. «J’ai d’abord voulu utiliser cet outil en l’adaptant à la culture de la population népalaise», admet-elle. 

«Mais la pandémie de la Covid-19 est intervenue, ce qui m’a obligé de modifier mon projet, m’amenant ainsi à travailler avec les services de santé Maamwrsying North Shore, ainsi qu’auprès de communautés autochtones ».

Plutôt qu’utiliser l’aspect cognitif de l’outil, elle s’est intéressée à développer un outil de diagnostic fonctionnel, c’est-à-dire comment les personnes atteintes ou en voie d’atteindre la démence effectuent des tâches quotidiennes telles se vêtir ou se rendre à la salle de toilette. Toujours avec l’aide du service de santé, Nabina Sharma a réalisé qu’il existait deux dimensions à l’évaluation fonctionnelle, soit l’activité de base mentionnée ci-dessus (se vêtir) et l’aspect instrumental, soit la capacité de se faire un repas ou de conduire une voiture.

Son intérêt pour les populations autochtones s’est enrichi grâce à des visites régulières au Centre autochtone de partage et d’apprentissage de la Laurentienne, ainsi que des rencontres avec des aînés de communautés locales. 

«J’ai beaucoup appris au sujet des autochtones du Canada, soit comment ils ont été colonisés, comment on a tenté de les assimiler en tentant de leur enlever leur culture et leur langue par le biais des écoles résidentielles. J’ai aussi appris au sujet de la Déclaration des Nations-Unies sur les peuples autochtones. Tout ça grâce en partie au travail avec la professeure Walker», souligne-t-elle.

Face à son incapacité de se rendre au Népal pour effectuer ses recherches sur la démence, elle s’est penchée sur les populations autochtones locales en utilisant les deux aspects, cognitif et fonctionnel, de l’outil de diagnostic.

En tant que chercheuse débutante, elle a pu bénéficier d’un stage au Consortium canadien en neurodégénérescence au vieillissement, un réseau regroupant plus de 300 chercheur.e.s et clinicien.ne.s du Canada, travaillant sur la démence et les maladies neurodégénératives. Elle est de plus membre de deux réseaux de recherche, soit l’International Indigenous Dementia Research Network ainsi que du Community-Based Indigenous Cognitive Network.

Quant à ses projets d’avenir, Nabina Sharma dit attendre une réponse – en décembre ou janvier – à une demande de subvention soumise par la professeure Walker. Maintenant installée à l’Université McMaster à Hamilton, où enseigne présentement sa directrice de thèse, elle a commencé des recherches au sujet de la démence auprès des populations sud-asiatiques. «Je m’intéresse toujours aux populations autochtones du Canada», affirme-t-elle. 

«Au Canada, il y a peu de ressources et de recherches au sujet de la démence. Il n‘y a pas d’outils appropriés pour mesurer la démence auprès d’une population aussi diversifiée que celle du Canada. Je vais poursuivre mes recherches dans ce domaine car il y a beaucoup à faire».

Nabina Sharma a obtenu son doctorat lors de la cérémonie de remise des grades qui a eu lieu à l’Université Laurentienne le 2 novembre en présence de ses parents.