le Lundi 17 février 2025
le Samedi 1 février 2025 9:00 Arts et culture

L’irréductible Colette Chiarello, une mère aux combats multiples

  Photos: Courtoisie
Photos: Courtoisie
Colette Chiarello est dévouée au bien-être des enfants, à la communauté LGTBQ+, et à l’avancement des services aux personnes autistes de Sault-Ste-Marie. Portrait.
L’irréductible Colette Chiarello, une mère aux combats multiples
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Sûr d’ensoleiller les journées hivernales nuageuses, de repousser la brume et le brouillard, le sourire de cette Franco-Ontarienne, native du Sault, est incomparable. Engagée dans sa communauté scolaire, une «Étoile de l’accueil», un prix qu’elle a remporté du Conseil Scolaire du Grand Nord, pour qui elle travaille, Colette Chiarello exemplifie par son humanisme, un avenir plus empathique et bienveillant. 

Madame Chiarello est originaire d’une famille francophone établie au Sault depuis les années 50. «Ma mère vient du Nouveau-Brunswick, d’un village qui s’appelle Petit-Rocher. Ils se sont établis ici parce que son père était venu pour travailler à plant d’acier (l’Aciérie Essar Steel). Mon père vient de Blind River, à l’est de Sault-Sainte-Marie. Y’a été élevé sur une ferme. Il est un des treize enfants. Il est décédé, ça va faire 15 ans. Mes parents se sont rencontrés ici au Sault. Moi, je suis la plus jeune de quatre enfants.» 

Un parcours typique 

Colette a suivi le parcours typique des familles francophones du Sault. Elle est allée à l’École Sainte-Jeanne-D’Arc dans l’est de la ville. «Avant que c’était Cardinal Léger, c’était Ste-Jeanne-d’Arc. Quand moi, j’avais été là, c’était de la maternelle à la 6e, puis j’ai dû aller à Notre-Dame-des-Écoles –  ça c’est avant qu’elle soit rénovée et qu’elle devienne Notre-Dame-du-Sault. J’ai fait ma 7e et 8e année, là.» 

«Puis ensuite, y’avait pas d’école secondaire francophone dans le temps, je suis allée à Lakeway, où il y a le vieux St Mary’s sur la rue Wellington, dans l’ouest de la ville. Je prenais l’autobus de ville pour y aller. Le conseil payait les cartes d’autobus, y’avait un programme séparé pour les élèves francophones, on faisait toutes nos matières en français, comme géographie, histoire, biologie, mathématiques, et on avait aussi l’occasion de prendre mécanique, charpenterie, dactylo, musique, art, y’avait tous ces choix-là aussi. J’ai fait ma 9e à 12e, là.»

Le programme des collations

Fondée en 2013, l’École publique Écho-des-Rapides offre un programme scolaire de haute qualité dans un environnement où chaque enfant est apprécié et valorisé. Ouverte aux autres cultures, l’école accueille les élèves de la maternelle à la 8e année et vise l’excellence dans les langues, les mathématiques, les sciences, les arts, la technologie et la forme physique. 

Madame Colette est secrétaire permanente à cette école depuis environ 3 ans, mais elle y travaille depuis 2013. «J’ai commencé en faisant de la suppléance, la supervision du dîner, animatrice pour le programme préscolaire En français SVP  Pendant ce temps, je travaillais deux jours par semaine à l’École Notre-Dame-du-Sault en tant que secrétaire. J’ai fait ça pendant un an et puis le poste de commis de bibliothèque s’est ouvert, et comme l’école était plus proche de chez moi, j’ai pris le poste à Écho-des-Rapides. Ensuite, j’ai remplacé la secrétaire avant moi, qui était en congé. Finalement, le poste s’est ouvert et je suis là depuis. Ouais, j’ai porté ben des chapeaux… (rires).»

Pour le bien des enfants 

Elle anime plusieurs programmes pour le bien des enfants. «J’aime beaucoup les gens avec qui je travaille. C’est pas mal mouvementé au bureau.  Après une journée de travail, je suis mentalement fatiguée.  Beaucoup de mes tâches sont à l’ordi, j’ai les yeux sur l’écran une grande partie de la journée. Être entourée de mes élèves et de mes collègues, ça me motive. Il y a de nombreuses tâches lorsqu’il s’agit de gérer une école, en plus de quelques tâches bénévoles au bénéfice et au bien-être de nos élèves.» 

Colette Chiarello cite le programme des collations du matin. «Ce sont des subventions que je gère d’Algoma Family Services, President’s Choice – Enfants formidables. Puis on a aussi un programme de fruits et légumes du nord offert par Santé publique Algoma qui, ensemble, appuient la santé et l’apprentissage des élèves. Je me sens appréciée et que je fais une différence pour notre belle petite école. C’est l’équipe de l’école, car ensemble ont fait le cœur de l’école.»

«Quand nos enfants deviennent des adultes» 

Colette a grandi ici et n’a jamais quitté la région, elle a vécu toute sa vie à Sault-Ste-Marie. Elle a rencontré son mari, qui a lui aussi toujours vécu dans la région, et ensemble, ils ont eu deux enfants.

«J’ai un garçon qui a fait ses études au Collège Boréale, puis a poursuivi sa formation à l’Université Lakehead à Thunder Bay, où il a obtenu sa maîtrise en génie électrique. Il est maintenant employé au gouvernement fédéral, avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Nous sommes très fiers de ses accomplissements».

Elle poursuit : «J’ai aussi une fille maintenant. Je dis maintenant parce qu’elle est transgenre. Depuis qu’elle s’est identifiée comme transgenre et a fait son coming out, honnêtement, nous sommes extrêmement fiers d’elle. Oui, elle est vraiment brave, et je l’admire pour avoir eu la force de montrer son vrai moi. Ça prend du courage, et nous en sommes très fiers.»

Malgré le fait qu’il existe de plus en plus d’organismes affirmant la fierté LGTBQ+, tels The Klub, Sault Pride, Haus of Gore, Baawaating Babes, des groupes qui travaillent fort pour conscientiser la communauté, Madame Chiarello est parfois désemparée devant le manque de ressources. 

«Notre fille est aussi sur le spectre de l’autisme, donc c’est peut-être un peu plus compliqué que pour d’autres, car sa communication est limitée. On essaie vraiment fort de l’aider, mais malheureusement, je trouve que la majorité des programmes au Sault sont surtout axés sur les enfants autistes. Il n’y a pas assez d’appui pour les adultes sur le spectre, et beaucoup de programmes semblent principalement viser les jeunes enfants. Ça m’inquiète beaucoup pour son futur.»

Le Trans Support Coffee Club et d’autres services

D’après Statistiques Canada, deux personnes transgenres sur cinq habitent en Ontario, soit plus de 39000 personnes transgenres. Au Canada, sur les quelque 30,5 millions de personnes âgées de 15 ans et plus vivant dans un ménage privé en mai 2021, 100 815 étaient transgenres (59 460) ou non binaires (41 355), ce qui représente 0,33 % de la population de ce groupe d’âge.

Selon Madame Chiarello, bien qu’il n’y ait pas assez de services pour les adultes transgenres vivant avec l’autisme à Sault-Ste-Marie, il en existe quand même quelques-uns.

«On participe à un groupe, en ce moment, le Trans Support Group Coffee Club. D’habitude, c’est une à deux fois par mois, ils ont des rencontres au café The Queen’s Tart. Claire Mitchell est l’animatrice du programme depuis plusieurs années.»

«À part ça, il y a un organisme à Toronto qui s’appelle Dori Zener and Associates qui se spécialise dans les activités pour les adultes vivant avec l’autisme. En ligne, c’est quelque chose qu’il faut que tu payes, mais avec le programme Passeport, on peut se servir de l’argent Passeport pour rembourser leurs activités. Ils offrent des groupes virtuels sociaux par exemple, Chilling on the Spectrum. Il y a huit à dix rencontres par session. Il y a aussi un autre groupe à Dori Zener & Associates qui s’appelle Rainbow Spectrum Pride. C’est des gens qui sont LGTBQ+ mais aussi sur le spectre de l’autisme».

«De plus, le programme du DCCP (Developmental Disabilities Consulting Program) est en processus d’appuyer ma fille.  Nous avons été orientés vers ce service par Community Living Algoma.  Le DCCP est un programme spécialisé, interprofessionnel, axé sur les services et l’enseignement, qui s’intéresse aux besoins complexes en matière de santé physique et mentale des enfants et des adultes ayant des déficiences développementales et des troubles du spectre de l’autisme (TSA).»

Le milieu culturel dans lequel Colette vit à Sault-Ste-Marie est en pleine évolution, mais il reste encore beaucoup à faire face à la résistance envers l’acceptation des identités LGBTQ+. 

«Nous avons de la chance, car notre famille, des deux côtés, est très ouverte et acceptante. Cependant, je ressens de la peine pour les personnes qui n’ont pas ce soutien. C’est là où nous devons étendre notre soutien pour aider ceux qui en ont besoin.»