Le Comité triculturel pour l’éducation universitaire à Sudbury veut ouvrir une discussion multipartite afin d’imaginer comment trois universités distinctes — une anglophone, une francophone et une autochtone — pourraient collaborer pour offrir une éducation postsecondaire de qualité à Sudbury. Des représentants du comité ont présenté une déclaration officielle en ce sens le 9 septembre.
La première action sera une assemblée populaire (town hall) en octobre dont l’objectif premier sera d’écouter les gens qui ont été affectés ou marqués par la crise de l’Université Laurentienne. Il y aura peut-être d’autres déclarations plus tard, mais il vaut mieux comprendre la situation avant d’aller plus loin, avance David Leadbeater, un professeur d’économie qui fait partie des nombreux licenciés de la Laurentienne.
Un des anciens professeurs du Département des Études autochtones de l’Université de Sudbury, Will Morin, ne mâche pas ses mots face à l’attitude de l’Université Laurentienne. «La Laurentienne s’approprie des voix», dit-il pour souligner que l’établissement tente de parler au nom des communautés, mais sans que des membres de ces communautés ne soient de leur côté de la clôture. En annulant des programmes francophones et autochtones et en retenant ce qui reste, M. Morin considère que la Laurentienne «nous tient en otage».
«La relation avec cette institution est rompue et irréparable», renchérit le porte-parole de la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française, Denis Constantineau.
La semaine dernière, la Coalition a envoyé une lettre au recteur de la Laurentienne, Robert Haché, pour rappeler les raisons pour lesquelles des organismes franco-ontariens refusaient de le rencontrer malgré son invitation. À la connaissance de Will Morin, aucune communauté ou organisme autochtones n’a reçu une invitation du genre pour l’instant.
Un autre membre du comité qui représente le groupe Sauvons Sudbury, Scott Florence, dit s’être engagé dans la cause pour soutenir ceux qui sont touchés mais ignorés par la Laurentienne. Même si, légalement, l’université avait le droit d’avoir recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), il considère que cette loi ne peut pas comprendre et gérer les éléments non monétaires qui sont tout aussi importants pour une université.
Le désastre culturel et communautaire causé par les décisions prises sous le couvert de la LACC est d’ailleurs la première raison évoquée par le comité pour sa déclaration.
Regarder vers l’avenir
«La déclaration est une façon d’enclencher la première étape sur le chemin de l’avenir», dit David Leadbeater en conférence de presse.
Pour le comité, cet avenir est composé d’une université Laurentian entièrement anglophone, d’une université par, pour et avec les francophones ainsi qu’une par, pour et avec les Premières Nations. Le transfert de tous les programmes relatifs aux francophones et aux autochtones est donc demandé. Ils demandent aux politiciens de s’engager dans cette voie.
Le moment et lieu exact de la première assemblée restent à être choisis, mais le comité semble vouloir lancer un processus de guérison et de médiation et espère que des anglophones, des francophones et des autochtones s’y présenteront.
«On va s’écouter les uns les autres, comprendre nos enjeux respectifs, s’habituer à la voix et la réalité de l’autre, travailler avec les autres pour voir quel genre de communautés, au pluriel, ont peut être et comment est-ce que ça peut être représenté dans des institutions postsecondaires», élabore l’animatrice de la conférence de presse et membre du comité, denise truax.
Ce genre de rencontres trilatérales sont rares, ajoute-t-elle, mais importantes pour se comprendre et vivre ensemble et «trouver le sentier commun».
La déclaration sera rendue publique et pourra être signée par ceux qui partagent la vision du comité.
Le Comité triculturel pour l’éducation universitaire à Sudbury est composé de membres des communautés autochtones, de représentants du groupe Sauvons Sudbury et de la Coalition nord-ontarienne pour une université de langue française à Sudbury afin d’établir des ponts entre les communautés et soutenir les efforts pour rétablir l’offre universitaire pour chaque communauté.