Malgré la perte de près de la moitié des programmes et de l’important effet sur sa réputation de la restructuration, l’Université Laurentienne a vu une diminution de ses inscriptions de 14 % pour la session d’automne 2021, 10 % du côté des étudiants francophones. Selon l’établissement, les 7988 inscriptions seraient divisées ainsi : environ 5900 sur campus et 2100 en ligne.
Les chiffres ouvertement fournis par la Laurentienne ne sont cependant qu’une partie de la réalité. Lisez l’éditorial de Réjean Grenier pour d’autres détails.
Les inscriptions combinées des étudiants francophones de premier cycle et des cycles supérieurs comptent 191 inscriptions de moins par rapport à 2020 et 65 de moins par rapport à 2019. Ceci correspond à des diminutions de 10 % et 3,64 %. Il y a même eu une augmentation des inscriptions à la maitrise et au doctorat chez les francophones, ce qui n’a pas été le cas en anglais.
Si on fait le même calcul pour tous les étudiants, la diminution est de 13,66 % par rapport à 2020 et 9,83 % par rapport à 2019. La perte d’étudiants semble donc plus importante du côté des programmes anglophones.
«Nous sommes encouragés», commente le recteur de l’Université Laurentienne, Robert Haché, en entrevue avec Le Voyageur. «C’est plus positif que ce nous avions projeté.» C’est aussi, pour lui, une marque de confiance de la part des étudiants. Il indique qu’ils s’attendaient à environ 7600 inscriptions.
Est-ce qu’une diminution de 14 % indique que ce sont plus que 10 % des étudiants qui ont été affectés par les coupures de programmes, comme l’avait estimé l’établissement au printemps? Non, croit le recteur. Dudit 10 % d’étudiants affectés, il y avait des étudiants de 4e année qui on put terminer leur programme, d’autres ont pu s’inscrire dans un autre programme et sont toujours à l’université. Finalement, «un petit peu moins d’une centaine» auraient changé d’université pour compléter leur diplôme.
Inscriptions à l’Université Laurentienne | 2019 | 2020 | 2021 | ||
---|---|---|---|---|---|
Anglais | Domestique | 1er cycle | 5897 | 6061 | 5112 |
Cycle sup | 712 | 785 | 688 | ||
International | 1er cycle | 308 | 306 | 278 | |
Cycle sup | 158 | 190 | 191 | ||
Total | 7075 | 7342 | 6269 | ||
Français | Domestique | 1er cycle | 1632 | 1735 | 1543 |
Cycle sup | 72 | 76 | 85 | ||
International | 1er cycle | 76 | 96 | 88 | |
Cycle sup | 4 | 3 | 3 | ||
Total | 1784 | 1910 | 1719 | ||
Grand total | 8859 | 9252 | 7988 |
Étudiants étrangers
Au début de la crise financière de l’université, le consultant Alex Usher soulignait que la Laurentienne avait commencé trop tard le recrutement d’étudiants internationaux. L’ancien professeur de philosophie, Denis Hurtubise, a démontré que le retard avait été encore plus important du côté francophone.
Selon le tableau que l’Université à transmis au Voyageur, elle compte depuis les trois dernières années de 6 à 7 % d’étudiants internationaux anglophones et de 4 à 5 % d’étudiants internationaux francophones. En 2017-2018, environ 14,7 % des étudiants des universités canadiennes venaient de l’extérieur du pays. Une statistique qui a continué d’augmenter.
Robert Haché dit que le faible recrutement international est l’une des choses qu’il a remarquées dès son arrivée et qu’il a voulu changer. Les efforts ont été stoppés par la pandémie. Il croit cependant qu’ils ont limité le déclin de ces inscriptions pendant la fermeture des frontières.
«C’est une des choses que nous devons faire pour faire avancer l’université», ajoute-t-il.
Un campus à moitié vide
Malgré le fait qu’ils indiquent que 5900 étudiants sont inscrits à des programmes sur campus, une promenade dans celui-ci en plein milieu de semaine laisse croire qu’il y a beaucoup moins d’étudiants inscrits. Les stationnements sont presque vides, très peu d’étudiants sont sur les trottoirs. Une étudiante à qui nous avons parlé compare la présence étudiante aux semaines de lecture d’avant pandémie.
Le recteur ne contredit pas que le campus semble vide. Il offre quelques explications.
Les résidences de la Laurentienne ont le même taux d’occupation que les autres années — sauf les chambres pour deux personnes adaptées en chambre pour un résident pendant la pandémie. «Ceux qui sont en résidence viennent en classe, mais ils ont tendance à étudier dans leur chambre plutôt que dans les lieux communs. Ceux qui viennent d’en dehors du campus, ils viennent pour leurs classes, mais on voit qu’ils passent moins de temps sur le campus», dit-il.
S’ajoute à cela que, même pour les programmes sur campus, certains cours sont offerts de façon virtuelle ou hybride.
Il est important de souligner par contre que la résidence de l’Université de Sudbury est présentement vide pour rénovations et que celle de Thornloe n’est remplie qu’à moitié.