Selon les créateurs du régime, il sera «un levier important pour attirer et retenir la main-d’œuvre dans les services de garde dans l’ensemble du Canada, tout en améliorant les conditions de travail du personnel du secteur», explique le président-directeur général d’Éconocoop, Jean-Luc Racine.
Les centres de la petite-enfance ont peu de marge de manœuvre dans leur budget, explique la directrice générale de l’Association francophone à l’éducation des services de l’enfance en Ontario (AFÉSEO), Martine St-Onge. Leurs dépenses sont déjà réduites au minimum et les frais aux parents déjà trop élevés pour les augmenter. Cette situation les empêche d’offrir des salaires plus élevés.
Même l’annonce du financement pour créer des places en garderie à 10 $ par jour ne leur permet pas d’améliorer la situation, puisque l’argent doit être utilisé pour diminuer les frais aux parents.
«En Ontario, c’était le souhait numéro un des employeurs lorsque nous leur avions demandé leur priorité quant aux initiatives à mettre en place pour réduire la pénurie de personnel éducateur», indique Mme St-Onge dans le communiqué.
«Pour l’instant, le personnel éducateur n’a pas de très bonnes conditions de travail. Souvent, ils vont aller travailler dans des institutions ou d’autres organisations qui offrent ce type d’avantages sociaux. Pour concurrencer, c’est une des solutions qu’on a pour les retenir au sein de notre organisation», a-t-elle ajouté lors de la conférence de presse.
Éconocoop est une coopérative nationale créée en 2020 et dont les membres fondateurs sont présents dans toutes les provinces et les territoires du pays. Elle offre déjà des services d’assurances et d’assurances collectives, des achats groupés et de l’aide à la gestion à ses membres.
Pour avoir accès au régime cependant, les centres devront être membres d’Éconocoop. «L’adhésion pour l’instant est sans frais, mais tout au plus, ça va couter 200 dollars par année aux services de garde», précise M. Racine. Plus il y aura de contributeurs, plus le régime aura de chance d’être rentable.
La force du nombre
L’accès à un régime de retraite semble très attirant pour les administrateurs. À tout le moins, ça ne peut pas nuire, selon les directions à qui nous avons parlé.
Le directeur général du Centre pour enfants Timiskaming Child Care, Sylvain Guilbeault, n’était pas encore au courant de l’annonce lorsque nous lui avons parlé. Il a trouvé l’idée bonne et avait l’intention d’aller chercher plus d’informations et de lancer la réflexion. Il croit que l’initiative pourra avoir un impact sur l’attraction et la rétention du personnel.
Le Centre pour enfants Timiskaming Child Care compte environ 130 employés. Ils ont déjà exploré la possibilité de créer un régime de retraite. «Même avec notre grosseur, ce serait juste pour que les employés puissent contribuer à des REER. On ne pourrait pas soutenir et matcher les montants ou pourcentages d’un employé», dit M. Guilbeault.
Ce qu’il constate, c’est que le domaine est davantage un «pit stop» qu’un choix de carrière durable «pour ceux et celles qui s’en vont en éducation directement ou dans d’autres secteurs. Ils viennent ramasser de l’expérience et partent».
Pour le directeur général des Compagnons des francs loisirs de North Bay, qui gère la garderie Soleil, «rien n’est inutile; le plus de choix que l’on peut offrir, le mieux c’est». Arnaud Claude ne s’attend pas à ce que la création d’un régime de retraite ait un effet instantané à lui seul, mais qu’en créant plusieurs petites initiatives du genre, le métier sera de plus en plus attirant.