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le Mercredi 26 octobre 2022 13:44 Éducation

Sauver l’école franco-ontarienne de demain

Ontario — Le système d’éducation en langue française doit être transformé pour assurer son avenir et sa pérennité. Ce constat fait consensus parmi ceux qui ont participé à la consultation sur l’avenir de l’éducation franco-ontarienne menée par l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO) en novembre 2021. Face aux nombreux défis qui bouleversent le système d’éducation en langue française, le rapport publié le 19 octobre propose des changements à apporter et comment y arriver.
Sauver l’école franco-ontarienne de demain
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«Si, collectivement, nous ne faisons rien pour que ça change, il est clair que cette inertie pourrait mettre en péril l’avenir même du système d’éducation franco-ontarien. Le statuquo est insoutenable à long terme», indique par communiqué la présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy. 

Elle faisait allusion aux résultats de la consultation provinciale qui portait le titre Entre nos mains : l’école franco-ontarienne de demain. Des membres de l’AEFO, des organisations et des individus des milieux scolaires, universitaires, associatifs et communautaires, des représentantes et des représentants gouvernementaux et le grand public ont participé à la consultation. 

Défis énormes

Le rapport relève qu’en Ontario, le système d’éducation en langue française est confronté à plusieurs défis. Les besoins sont multiples, complexes et en croissance. Il y a une pénurie chronique et croissante de personnel enseignant qualifié de langue française et du personnel de soutien en éducation. Les conditions de travail se détériorent et la collaboration entre partenaires est perçue comme peu optimale. Avec l’arrivée de nombreux élèves qui ne maitrisent pas le français, le risque perçu est que les écoles de langue française deviennent ou soient considérées comme des écoles d’immersion. 

La grande majorité des gens consultés s’est prononcée en faveur d’un renforcement — voire d’une véritable transformation — de nombreux éléments clés du système d’éducation touchant aux élèves, à l’école ou à la dynamique liée à l’écosystème scolaire.

Solutions aux problématiques

En ce qui concerne les ressources institutionnelles, la priorité est le recrutement et la rétention du personnel. Pour que cela soit possible, le rapport mentionne entre autres la revalorisation des professions en éducation, la réduction de la charge de travail, particulièrement de la charge administrative, mais aussi la diminution de la taille des classes. 

Une augmentation de personnel qualifié, une reconnaissance des qualifications internationales et un soutien aux professionnels nouvellement arrivés sont recommandés.

Pour ce qui est de la formation des enseignantes et des enseignants, ceux qui ont participé à la consultation souhaitent un retour à un programme de formation sur un an au lieu de deux ans, comme c’était le cas auparavant. Il faut aussi améliorer la formation en construction identitaire.

Quant au financement des écoles et des conseils scolaires, parmi les pistes de solution avancées, soulignons la mise en place d’approches de financement novatrices qui offrent, plus particulièrement aux petites écoles, des alternatives aux mécanismes traditionnels qui sont basés sur une formule directement calculée selon le nombre d’élèves. 

Est proposée aussi la révision à la hausse des allocations pour les programmes suivants : Enfance en difficulté (EED), Actualisation linguistique en français (ALF) et Programme d’appui aux nouveaux arrivants (PANA).

Cadres juridiques et règlementaires

La tendance vers la privatisation de l’éducation financée par les fonds publics est clairement appréhendée comme une menace contre un bien public, surtout quand on constate l’équilibre fragile du système francophone en situation minoritaire, lit-on dans le rapport.

Il s’avère nécessaire d’actualiser le rôle des conseils scolaires francophones comme étant les uniques entités responsables de l’éducation. Ceux qui ont été consultés suggèrent que de nombreux règlements et politiques devraient être revus ou ajustés, dont la Politique en aménagement linguistique (PAL).

La dynamique entre les intervenants doit aussi être renforcée. La collaboration entre les conseils scolaires de langue française doit être préconisée pour favoriser le partage d’outils et éviter le dédoublement de service. Il y a aussi un besoin de nouer des relations durables et harmonieuses avec les parents, les tutrices et les tuteurs. Sans oublier d’établir des liens durables avec les jeunes et les parents issus des Premières Nations, des Métis et des Inuit dans un esprit de réconciliation et d’accueil.

Pour donner suite à la campagne de consultation sur l’avenir du système d’éducation franco-ontarien, l’AEFO organise le sommet de l’éducation en langue française en Ontario le 1er et 2 décembre. «Il revient aux décideuses et aux décideurs du monde de l’éducation d’agir. L’école franco-ontarienne de demain, ça nous concerne toutes et tous. Le Sommet nous permettra de réfléchir ensemble sur ce que nous pouvons et devons faire pour assurer sa pérennité», affirme la présidente de l’AEFO dans le communiqué.