L’année 2023 marque le 25e anniversaire de tous les conseils scolaires francophones de l’Ontario. Voici une entrevue que nous avons réalisé en 2018, à l’occasion du 20e anniversaire de ces conseils scolaires.
Note : Claire Pilon est décédée en 2020.
Claire Pilon est une autre figure importante de la création des conseils scolaires francophones dans le Nord de l’Ontario. Elle a été conseillère scolaire pendant 23 ans; d’abord avec le Sudbury Catholic School Board (SCSB) avant de participer au comité de transition et de devenir la première présidente du Conseil scolaire catholique du Nouvel-Ontario (CSCNO). Elle a quitté ce milieu en 2000.
«Au début, j’avais trois buts : de m’assurer que les élèves francophones avaient la meilleure éducation possible et que l’on ait assez d’argent pour leur fournir ce dont ils avaient besoin; m’assurer que la propriété du Collège Sacré-Cœur demeure aux francophones et faire tout ce que je pouvais pour que l’on ait un conseil francophone.» L’histoire démontre que ses souhaits se sont réalisés.
«On était aux oiseaux de pouvoir enfin gérer nos propres choses, mais ça n’a pas toujours été facile», dit-elle de la période de transition. «Même si le travail avec les anglophones n’était pas tellement pénible, j’étais heureuse de ne plus être obligée d’avoir besoin de leur approbation pour prendre des décisions qui ne les regardaient pas.»
Le Collège Sacré-Cœur aux francophones
La bataille pour le Collège Sacré-Cœur n’était pas gagnée d’avance selon Mme Pilon, car «c’était une propriété que les anglophones voulaient». Lorsque les jésuites ont fermé le collège, ils l’ont donné au SCSB. Mme Pilon croit que les jésuites ont commis une erreur en ne précisant pas que le Collège Sacré-Cœur devait revenir aux francophones. «Les anglophones ont pris possession de l’édifice et y ont mis des classes du collège Marymount. Ça m’inquiétait.»
La création des conseils scolaires francophones n’a pas magiquement réglé le problème. Puisque l’édifice du collège n’abritait plus une école de langue française, il ne revenait pas automatiquement aux francophones et les anglophones désiraient encore l’avoir. «Les francophones étaient convaincus que [le collège] leur appartenait. Après des soirs et des nuits de négociations, les anglophones ont finalement accepté de nous le laisser.»
On ne pouvait pas plaire à tous
Elle se souvient très bien que la division du matériel et du personnel administratif était parfois compliquée. Les employés de certains départements pouvaient dans un premier temps choisir eux-mêmes s’ils allaient avec le nouveau conseil francophone ou restaient avec le conseil anglophone. «Dans un département en particulier, tout le monde voulait venir avec les francophones, mais c’était évidemment impossible», se souvient-elle.
L’étendue du territoire a aussi apporté son lot de maux de tête. Avec l’inclusion des écoles de Chapleau, de Sault-Ste-Marie et d’ailleurs, les négociations n’avaient pas seulement lieu entre deux entités à Sudbury; le nouveau conseil catholique francophone devait plutôt négocier avec plusieurs autres conseils anglophones pour garder les édifices et les employés des écoles de ces régions.
Dans une ville qu’elle ne nomme pas, elle se rappelle que les anglophones voulaient conserver l’école francophone et, encore là, ç’a été une bataille pour la conserver du côté francophone.
Malgré toute cette effervescence au niveau administratif, elle croit que, dans les écoles, les élèves et les enseignants n’ont pas vraiment vu le changement. «Dans une école, il se passait ce qui devait se passer [pour l’éducation des jeunes] et ça a continué à se passer de la même façon au niveau des écoles», avance-t-elle.
Une autre partie importante du travail du comité de transition a été de s’assurer que le financement du conseil était adéquat. Puisque certaines écoles étaient si éloignées, les règles ne pouvaient pas être les mêmes que celles des conseils anglophones.
«On s’est très bien tiré d’affaire. Depuis la fusion, il y a eu beaucoup d’amélioration dans le rendement des étudiants.»
Règles de nomenclature
La Commission d’amélioration de l’éducation en Ontario avait imposé plusieurs règles aux nouveaux conseils scolaires francophones, même pour le choix du nom. «Le nom devait contenir l’expression “conseil scolaire de district” tandis que le qualificatif “de langue française” était interdit. Les membres ont opté d’ajouter “catholique” et ont retenu Nouvel-Ontario pour décrire la région géographique desservie par le nouveau conseil», relate Mme Pilon.