le Mardi 17 septembre 2024
le Jeudi 18 mai 2023 16:37 Éducation

Trouver l’équité en animation culturelle dans les écoles

L'évènement Voir grand du Conseil scolaire du Grand Nord  — Photo : Courtoisie
L'évènement Voir grand du Conseil scolaire du Grand Nord
Photo : Courtoisie
Ontario — La Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) veut s’assurer que tous les élèves aient un accès équivalent aux activités d’animation culturelle. Il y aurait une lacune à ce niveau selon ses recherches. Leurs recommandations sont bien accueillies par tous, mais les conseils scolaires défendent leur bilan.
Trouver l’équité en animation culturelle dans les écoles
00:00 00:00

La (FESFO) a publié un rapport composé de 10 priorités et 13 recommandations à la suite de consultations de ses membres. Elle espère obtenir des changements afin «d’assurer que chaque jeune ait la chance de vivre pleinement sa francophonie indépendamment de sa région géographique», explique son président, Jean Philippe Bisson. 

Le rapport rappelle le rôle de la FESFO et l’importance de l’animation culturelle dans les écoles. Il fait également ressortir certains défis et iniquités dans l’accès et l’offre des services dans les écoles de langue française de l’Ontario. «En milieu rural, le plus grand défi c’est l’espace physique, les couts de déplacement et la distance entre les écoles et les grands centres. En milieu urbain, c’est le manque d’équité entre les jeunes d’une école et l’école avoisinante — parfois d’un autre conseil et parfois du même conseil. Certains jeunes ont accès à des occasions que d’autres n’ont pas et, pourtant, ils sont relativement proches.» 

La FESFO est reconnaissante de l’ouverture d’esprit de la majorité des parties prenantes et décideurs, mais estime qu’il y a encore beaucoup de travail à effectuer pour la reconnaissance du rôle clé de la jeunesse. 

Données imparfaites

Le gestionnaire de l’animation culturelle au Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), Éric Barrette, déplore le manque de données sur les iniquités de services mentionnées dans le rapport. «Le rapport avance qu’il y a des iniquités, mais ne donne pas de données tangibles sur ces iniquités. Il est donc difficile de savoir ce qui, selon eux, constitue une iniquité».

Le groupe du Camp de voix du Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario

Photo : Courtoisie

Il avoue toutefois «qu’en province, les conseils scolaires n’ont pas tous les mêmes ressources humaines pour l’animation culturelle, mais que le financement est équitable et les Conseils scolaires choisissent comment ils dépensent les sommes allouées pour l’animation culturelle», précise M. Barrette qui a aussi été animateur culturel à l’École secondaire publique De la Salle dans le passé. 

«Le rapport avance plusieurs recommandations intéressantes, mais omet de présenter ce qui se fait déjà sur le terrain», déclare M. Barrette. Il note également «une limite du résultat relié au manque de consultation des conseils scolaires dans son élaboration et le fait que le rapport se base uniquement sur des données de surfaces».

De son côté, la directrice des services pédagogiques au Conseil scolaire du Grand Nord et superviseure de l’équipe Animation culturelle, Carole Brouillard-Landry trouve qu’il manque d’information sur la représentativité des élèves consultés, comme la représentation régionale. 

Le ministre de l’Éducation de l’Ontario confirme que «les 12 conseils scolaires de langue française reçoivent un montant égal (30 000 $) de financement pour l’animation culturelle et la province fournit également un financement au Consortium Centre Jules-Léger (CCJL) (25 000 $) pour sa propre planification et ses activités», explique la porte-parole du ministre de l’Éducation de l’Ontario, Grace Lee. Ses réponses à nos questions ont été appuyées par la coordonnatrice des politiques stratégiques du ministère des Affaires francophones, Pascale Guillotte.

Mme Brouillard-Landry rappelle que certaines activités de la FESFO ne rejoignent parfois pas tous les élèves et que les conseils scolaires organisent plusieurs activités systémiques et provinciales. «Les animateurs du conseil sont très bien outillés et font un excellent travail pour la jeunesse à ce niveau», dit-elle. 

Elle croit en l’importance des animateurs culturels au sein des conseils scolaires, citant le besoin de «s’assurer que les activités soient accessibles pour tous les élèves de l’Ontario — même les élèves dans les petites régions du Nord, comme Marathon et Dubreuilville.»

Folie Furieuse est une des activités organisées par l’équipe Animation culturel 2.0 du Conseil scolaire du Grand Nord

Photo : Courtoisie

Recommandations bien accueillies

Le ministère de l’Éducation a accueilli favorablement le rapport ainsi que ses recommandations qu’il considère «réfléchies». Le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, a envoyé un message vidéo personnel vidéo à la FESFO. 

Sa porte-parole rapporte que la province continuera à «soutenir la promotion de la culture, de la langue et de l’éducation françaises en Ontario». Elle a également annoncé «un investissement de plus de 2 milliards $ dans le financement des programmes de français langue première ainsi que le soutien aux conseils scolaires, aux organismes communautaires et aux organismes d’éducation sur les initiatives pour l’année scolaire 2023-2024». 

«La participation à des activités d’animation culturelle est une composante clé de l’éducation en langue française et un outil essentiel à la construction identitaire francophone de ses élèves», déclare Mme Lee, qui remercie la FESFO pour ses recommandations. Le ministère promet d’examiner attentivement le rapport. 

Revenant sur les 13 recommandations, M. Barrette loue plusieurs d’entre elles et confirme que «la majorité des conseils scolaires fait des rétroactions ciblées et que le ministère finance déjà plusieurs initiatives qui permettent aux élèves de la province de se rencontrer». Il donne en exemple Quand ça nous chante, Vision’Art, Concours LOL, L’Académie du Live, Festival de théâtre action en milieu scolaire, Festival de danse en milieu scolaire, Gazou D’Or, L’AFOLIE, etc.

Rôle primordial

Le Conseil scolaire du Grand Nord accorde une grande importance à l’animation culturelle dans les écoles. «Les animateurs culturels ont un impact direct sur les élèves et assurent le recrutement et la rétention de nos élèves. C’est un travail de partenariat entre le personnel des écoles, les parents et la communauté», dit Mme Brouillard-Landry tout en rappelant le double mandat des écoles de langue française : la langue et la culture.

«Avoir des animateurs.trices culturels.lles dans les écoles est un gain, car ils.elles donnent la voix aux élèves», affirme M. Barrette. L’équipe d’animation culturelle du CEPEO est constituée de 13 animateurs.trices culturels.les qui organisent une multitude d’activités dans les écoles. 

«L’animation culturelle est primordiale dans nos écoles, puisqu’elle assure aux élèves de vivre des activités en français, ce qui permet de développer leur sentiment d’appartenance envers la francophonie. Elle est un énorme moteur de construction identitaire pour nos élèves», ajoute-t-il.

M. Barrette partage «l’existence depuis cette année d’un poste de Leadeur provincial en construction identitaire/animation culturelle qui gère le réseau des leadeurs en animation culturelle de la province, dans lequel siège un représentant par conseil. Ce réseau fera également une planification stratégique pour l’animation culturelle et des points présentés dans ce rapport seront certainement pris en considération». 

Origine du questionnement

La FÉSFO note avoir lancé la recherche après avoir remarqué que plusieurs de ses membres avaient encore de la difficulté à décrire l’animation culturelle — créée en 2004 via la Politique d’aménagement linguistique (PAL). Le mandat de l’animation culturel a besoin d’être révisé, croit l’organisme, afin de s’assurer qu’elle réponde encore aux besoins de la jeunesse franco-ontarienne. La FÉSFO souhaite que la jeunesse demeure centrale dans le processus d’encadrement et de renouvèlement des services en animation culturelle.

«Les jeunes sont prêts à s’engager et y contribuer, donc il faut nous laisser la voie et maintenir une bonne collaboration. C’est tout aussi important de continuer les conversations avec les personnes clés et de se rencontrer pour assurer l’implémentation des recommandations partout en province», conclut M. Bisson.