Depuis une quinzaine d’années, la récipiendaire du Prix œuvre dans le domaine de l’enseignement. Elle a choisi cette carrière sur le tard, dans la trentaine, complétant ses études tout en travaillant, avec trois enfants à la maison et un mari entrepreneur.
Après avoir commencé en salle de classe, Mme Frenette-Lecours s’est vu offrir le poste de lead en lecture et en numératie de son école. Un défi qu’elle remplit dans la joie depuis maintenant deux ans et demi.
«J’en pleurais, pour moi c’était un objectif de carrière. Je travaille avec tous les profs et presque tous les élèves, je me promène de classe en classe. Je peux faire du co-enseignement avec les profs et vraiment les aider si elles ont des questions sur comment enseigner quelque chose. Moi, j’appuie les élèves qui en ont le plus besoin.»
Elle est aussi responsable, en compagnie de deux autres personnes, d’adapter le plan d’amélioration proposé par le conseil scolaire afin qu’il colle aux réalités de leur établissement.
Une passion de longue date pour la lecture
Sur le site web du gouvernement, une description des méthodes d’enseignement qui lui ont valu le prix est disponible. Les éloges ont été écrits par la directrice de l’École publique Passeport Jeunesse, Isabelle Boucher.
«Je n’enseigne pas pour recevoir des prix, aucun prof ne le fait pour ça non plus. C’est une affaire de longue haleine et de carrière aussi. Tous les élèves que j’ai rencontrés m’ont permis d’aller ailleurs, chaque collègue que j’ai rencontré m’a permis lui aussi de m’apporter ailleurs. Je suis une passionnée dans la vie, j’ai toujours été comme ça, j’aime beaucoup travailler aussi, je suis tout le temps dans ça. Si quelqu’un me lance une question, c’est sûr que je vais faire une recherche et je vais lui revenir avec des stratégies», dit-elle.
France Frenette-Lecours est une femme engagée, motivée, surtout quand ça vient à la lecture. Cette passion, elle avoue l’avoir développée quand elle a rencontré son mari, Jean Lecours, lui-même fervent lecteur. Ensemble, ils passent beaucoup de temps à lire et elle ajoute que ses études en littérature à l’Université de Hearst ont accentué cet amour des livres.
«Après cela, ça m’a amené à le transférer chez les élèves, dans ma salle de classe. Moi, je demandais toujours s’il y avait de l’argent pour que j’achète de nouveaux livres. J’étais tout le temps sur de nouveaux sites de maisons d’édition pour savoir ce qui s’était écrit, les nouveautés. J’essayais de promouvoir la lecture chez les enfants, parce que je trouve ça important, donner le plaisir de lire ce n’est pas toujours facile», témoigne la principale intéressée.
Lors des vacances estivales, Mme Frenette-Lecours ajoutait à ses lectures des livres pour enfants qu’elle allait présenter à sa classe à l’automne. De cette façon, elle connaissait le sujet du livre et pouvait être en mesure de mieux le «vendre» aux élèves. Ce qui lui fait le plus plaisir, c’est lorsqu’un élève retourne la voir pour lui demander des suggestions de lectures. Accrocher les jeunes à l’envie de lire, c’est quelque chose de spécial pour elle.
Salon du livre de Hearst
Son implication auprès du Salon du livre de Hearst par le passé s’est réalisée tout bonnement, alors qu’elle s’occupait du volet jeunesse avec Renée Gagnon, une autre enseignante. Désirant s’impliquer dans sa communauté, elle avait rejoint le comité après avoir cessé ses fonctions bénévoles auprès du Club de patinage artistique. Le Salon du livre tel qu’il était ne sera pas de retour, mais France essaie d’organiser quelque chose qui saura le remplacer.
Le droit de lire
Chaque année, elle travaillait avec des albums jeunesse pour développer le vocabulaire et des stratégies de lecture. Selon elle, cette méthode favorise l’inclusion de tous les élèves, peu importe leur degré d’apprentissage. «Quand je vois qu’un enfant a un défi en lecture, on dirait que je ne suis pas capable de lâcher prise, je ne suis pas capable de me dire que cette personne-là ne peut pas apprendre. Surtout avec le droit de lire, une enquête rendue publique il y a quelques années, qui dit que chaque enfant a le droit et peut apprendre à lire. C’est notre travail en tant que prof d’aller chercher les outils et les stratégies pour développer et faire progresser cet enfant-là», explique-t-elle.
Pour réussir en éducation, il est primordial pour elle que tous les intervenants dans la vie de l’enfant soient impliqués dans son éducation. «De faire ce contact avec les parents et leur expliquer où son enfant en est et comment il chemine. De vous donner des trucs en tant que parents pour aider, c’est important aussi. Plus on est, plus c’est facile d’aider à enligner cet enfant.»
Rien ne se fait seul
Recevoir un tel prix à amener Mme Frenette-Lecours à procéder à une introspection et se questionner sur les raisons qui lui ont permis de recevoir cet honneur. «Au début, quand j’ai su que j’allais recevoir ce prix-là, j’étais gênée et pas tout à fait confortable. En même temps, ça t’amène une belle fierté! Être enseignante, ce n’était peut-être pas mon rêve de jeunesse, mais ça l’est devenu par la suite, puis je l’aime mon travail! Je le vis fort!» déclare Mme Frenette-Lecours.
L’obtention du prix bouclera sa belle carrière qui s’achèvera d’ici quelques années. Elle tient à dire que ce genre de prix ne s’obtient pas tout seul. «J’ai ma famille en arrière de moi, tous ces élèves que j’ai côtoyés et les profs aussi. Nathalie Chauvin, que j’ai connue comme une amie d’abord et avec qui j’ai travaillé, elle est devenue ma mentore et je lui dois beaucoup dans ce prix. Que ce soit mes anciens collègues, Véro, Ninon, Michelle, ainsi que mes nouveaux collègues, comme Jean-François Sylvestre. Je ne serais pas où je suis maintenant dans ma vie professionnelle, parce que c’est un jeune qui me poussait à aller chercher mes réponses et me faisait questionner sur mes pratiques. C’est grâce à tout ce monde-là que j’ai reçu ce prix», conclut-elle.