le Lundi 17 février 2025
le Lundi 13 novembre 2023 7:04 Éducation

Autochtones et francophones se rejoignent par les étoiles

Sonia B.-Inkster — Photo : Julien Cayouette
Sonia B.-Inkster
Photo : Julien Cayouette
Sudbury — La bonne façon de rapprocher deux cultures est de trouver ce qu’elles ont en commun à partager. Un nouvel atelier offert au planétarium Doran de l’Université Laurentienne rapproche Autochtones et francophones à travers une chose commune à toute l’humanité : les étoiles. Une première session a été présentée le 28 octobre. Il y en aura d’autres cet hiver.
Autochtones et francophones se rejoignent par les étoiles
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Sonia B.-Inkster constate que les échanges entre les cultures francophone et autochtone sont plus rares qu’entre anglophones et Autochtones. Pourtant, il s’agit de deux minorités historiquement opprimées et qui ont plusieurs points communs. De plus, il y a «des Premières Nations pour qui la deuxième langue est le français», rappelle l’éducatrice. 

Elle présente donc Une parallaxe culturelle. Le mot «parallaxe» est un terme astronomique qui fait référence au «déplacement de la position apparente d’un corps, résultant d’un changement de position de l’observateur» (Antidote). 

«Une parallaxe culturelle veut dire qu’on a nos histoires de langue française, nos musiques, nos chants, nos danses, nos célébrités, nos festivals, etc. Quand on ajoute des évènements autochtones à notre calendrier, ce n’est pas qu’on efface les nôtres pour voir la leur, on ajoute juste une différente perspective», explique Mme B.-Inkster.

Les étoiles sont le point commun duquel la présentation s’inspire pour créer un premier lien. «Chaque soir, tout le monde peut voir les étoiles. C’est quelque chose de loin, mais de proche aux cœurs.» La présentation «partage les histoires, le savoir scientifique dans un langage accessible en français, mais le sujet est autochtones».

Pour elle, si les deux cultures peuvent se retrouver à travers ce point commun et discuter, «ça ouvre la porte aux conversations difficiles plus tard». Connaitre et comprendre l’autre est aussi le point de départ à l’harmonie et l’entraide.

Elle constate que la politique et les programmes gouvernementaux séparent souvent les communautés, surtout les minorités. Ceci crée une division qui renforce la crainte de la part des francophones d’inclure les Premières Nations et de créer des liens avec elles.

Par la langue

La langue — ou du moins des mots d’une autre langue — est une autre façon de créer des liens. C’est pourquoi les noms en Anishinaabemowin sont très importants dans la présentation pour créer ces premiers liens.

«Dire “miigwetch” au lieu de ”merci”, “marci“ au lieu de “merci“, ça ne change pas grand-chose», dit Sonia B.-Inkster.

Dans les langues autochtones, il y a une expression qui indique «que les gens sont des enfants des étoiles et qu’à notre décès, on retourne aux étoiles». 

Ne manquez rien de ce que nous publions sur le site.

Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.

Création

La version anglaise de l’atelier ouvert à tous a été planifiée par le professeur de la Faculté d’Arts de l’Université Laurentienne et directeur du planétarium, Hoi Cheu, et préparé par l’artiste en enseignant autochtone Will Morin. 

Lorsque des parents dont les enfants vont dans des programmes d’immersion ont demandé si l’atelier serait offert en français, ils ont contacté Sonia B.-Inkster. «Ils me connaissent bien et savent que ma perspective est respectueuse, engageante; j’enseigne depuis longtemps et je sais comment faire participer les gens.» La version française a aussi été préparée avec l’appui du Bureau des affaires francophones.

Si vous avez manqué la présentation du 28 octobre, Mme B.-Inkster promet que vous pourrez vous reprendre. L’objectif est d’en faire une série et non pas un évènement unique. Surveillez Le Voyageur et les évènements du planétarium entre janvier et mars pour la prochaine session.

Voici la liste du système solaire en Anishinaabemowin (prononciation avec sons français) :

Giizis (guy ziss) = Soleil, grand-père
Gezhiiyasadnang (guet – t muet – jî ya sad nang) = Mercure, étoile brillante
Kwenang (quoé nang) = Vénus, étoile de la femme
Akinang (a quêt – t muet – nang) = Terre, mère
Miskowasadnang (miss co oua sad nang) = Mars, étoile rouge
Gichinang (gui (i de ville) chi (i de ville) nang) = Jupiter, étoile grande planète
Tebininjiibziwininang (tèb inin (in de inanimé) jîb zi wi ni nang = Saturne, étoile avec anneaux
Mikoomiinang (mick ô mî nang) = Uranus, étoile de glace
Nongoohns (non gonss) = Neptune, petite étoile

 

Les constellations : 

Ajiijaak (ad jî ja-ak) = grue, cygne
Madodiswan (ma do diss ouan) = Hutte à sudation sacrée, Corona boréalis
Noondeshin Bemaadizid (non dè chine bè mâ di zid) = Beigneur épuisé, Hercule
Mooz (môz) = orignal, Pégase
Maang (mâng) = huard, Petite Ourse
Ojiig (Ô jîgue) = martre, Grande Ourse