Par exemple, Danielle et Wailford Whissell faisaient une tournée en Ontario juste avant la pandémie de covid. Ils avaient séjourné dans plusieurs hôtels. De retour chez eux, à Sudbury, ils réalisent qu’on leur a prélevé plus de 3000 $ chacun  sur leurs cartes de crédit. Selon le couple, qui a pris part à la rencontre, l’argent avait servi à l’achat de caméras au Québec. Danielle et Wailford Whissell n’y avaient pourtant pas mis les pieds. 

«Mieux vous comprendrez comment les escrocs profitent des personnes vulnérables, mieux vous serez en mesure de vous protéger», a souligné Mme Landry.

Selon les statistiques présentées par la conférencière, en 2022, le Canada a enregistré 530 millions $ de pertes en fraude et en escroqueries, contre 380 millions $ en 2021. Soit une hausse de 40 %. Il y a eu 90 377 signalements en 2022 contre 104 295 signalements en 2021. 

Le Centre Antifraude du Canada précise que seulement 5 à 10 % des fraudes sont signalées chaque année. 

Dominique Chivot, un autre participant à la conférence, a lui aussi été victime d’une fraude. Son ordinateur a été piraté et le cybercriminel a menacé de détruire tout le contenu du PC portable. «Ma femme et moi étions paniqués. Nous voyions toute notre documentation s’évaporer. C’était précieux. Nous avons dû payer 300 $», raconte-t-il.

Cela peut arriver à tous

Lise Landry explique qu’être victime d’une fraude, ça peut commencer avec «un appel téléphonique, une lettre, un courriel, une invitation sur les réseaux sociaux à devenir amis de quelqu’un que tu ne connais pas et avec qui tu n’as aucun lien…»

«Quel mal peut-il y avoir à se faire un nouvel ami?», demande-t-elle. 

Pourtant, cela peut mener vers un grand malheur, selon la conférencière. Elle cite l’exemple de plusieurs ainés qui sont tombés dans le piège de la fraude amoureuse, parce qu’ils avaient commencé par accepter une personne étrangère dans leur réseau social. 

Elle fait une mise en situation : «Votre nouvel “ami” exprime le désir d’être plus qu’un ami en ligne, mais il travaille dans un autre pays ou à distance… et sa résidence permanente est proche de chez vous. Votre nouvel ami exprime ses désirs et son amour assez vite, plutôt avec urgence… Comment savez-vous à qui vous parlez?». 

Dans ce cas-là, Lise Landry invite à avoir constamment en tête les questionnements suivants : «Avez-vous eu une rencontre en tête à tête avec cette personne, même par zoom? Avez-vous eu une conversation téléphonique? Il dira qu’il n’a pas accès à un téléphone en raison de son lieu de travail. Il dira qu’il n’a pas accès aux appels vidéos. Après tout, il ne veut pas que vous sachiez qui il est vraiment, à quoi il ressemble en personne…». 

C’est ainsi qu’une simple demande en amitié peut se transformer en une fraude amoureuse. «Cette personne aura un accident, ou une urgence médicale. Elle demandera une aide financière pour accéder à son argent. Elle aura toutes sortes de raisons. Elle commencera par de petites demandes puis augmentera les montants à chaque fois», énumère la conférencière.

Arnaque des grands-parents

Une autre forme de fraude très répandue est l’arnaque dite des grands-parents. 

«En règle générale [on vous fait croire que] votre petit-enfant ou votre enfant a été impliqué dans un accident de voiture ou conduisait avec les facultés affaiblies. Ils ont besoin d’argent pour des soins médicaux, un avocat ou une caution. Ils peuvent envoyer quelqu’un pour récupérer l’argent ou ils demanderont des cartes prépayées, bitcoin…», indique Lise Landry. 

Cela peut se faire aussi en recevant un appel téléphonique d’un petit-enfant disant qu’il a laissé tomber leur téléphone et qu’il est cassé. «La voix est celle de ton petit-enfant. Il utilise le téléphone d’un inconnu pour vous appeler afin de l’aider. Vous ne pouvez plus en être sûr… l’intelligence artificielle est utilisée à des fins d’arnaques».

Astuces suggérées par Lise Landry : «C’est là que votre mot de passe peut être utile. S’ils ne le savent pas, dites-leur d’appeler leurs parents et raccrochez! Dites-leur que vous allez les rappeler, ils n’apprécieront pas ça, mais raccrochez et appelez le numéro dont vous savez qui est celui de votre petit-enfant».

Les types de fraude sont nombreux et Lise Landry met en garde contre le fait de répondre à des numéros de téléphone qu’on ne connait pas ou de s’attarder en ligne avec une personne qu’on ne semble pas connaitre. 

«Votre numéro de sécurité sociale a été utilisé pour commettre un crime, appuyez sur 1 pour parler à un agent.» «Les services de frontière ont intercepté un colis contenant de la contrebande, appuyez sur 1 pour parler à un agent.» Ce sont des exemples de techniques utilisées par les fraudeurs, selon la conférencière. 

Cela peut passer aussi par un faux tirage de loterie où, précise l’intervenante, le fraudeur vous fait croire que vous avez gagné une somme d’argent, alors que vous n’avez acheté aucun billet.  

«Le gouvernement ne vous appelle pas…»

Il y a également l’escroquerie par l’Agence du revenu du Canada qui, souligne Lise Landry, est toujours très populaire pendant la période des impôts. 

«Notre gouvernement ne nous appelle pas inutilement, il y a toujours des lettres en premier. Le seul courriel qu’ils envoient est pour vous conseiller de vous connecter à leur site web lorsqu’ils ont quelque chose à vous dire. Le gouvernement n’envoie jamais de SMS. Le gouvernement ne vous enverra pas de lettre vous demandant de fournir votre date de naissance et votre numéro d’assurance sociale», met-elle en garde. 

Lise Landry a aussi prévenu les participants contre le partage de données.

C’est valable également pour les achats en ligne. La conférencière recommande de les faire «auprès de fournisseurs que vous connaissez et en qui vous avez confiance». 

«Si vous souhaitez découvrir de nouveaux fournisseurs, assurez-vous de faire vos recherches, de consulter leurs avis, la qualité de leurs produits. Leurs politiques de retour.Il est recommandé d’utiliser un service payant comme PayPal, Apple Pay, Google Pay ou une carte de crédit dont la limite est très basse», insiste-t-elle.

Si jamais une personne subit une perte financière, Lise Landry lui conseille vivement de ne pas se laisser gêner par la fierté. «Appelez la police ou le Centre Antifraude du Canada pour le signaler.»

Si la personne tient tout de même à garder l’anonymat, la conférencière recommande de contacter Échec au crime (sudburycrimestoppers.com), un organisme à but non lucratif qui garantit l’anonymat pour le signalement de crimes.