L’objectif de ladite conférence est de combler l’écart entre les enseignants francophones et bilingues pour que tous bénéficient des mêmes possibilités d’accès aux dernières avancées en matière de pratiques pédagogiques numériques, comme le souligne le directeur général d’eCampusOntario, Robert Luke.
Elle «sert, d’une part, à faire en sorte que tous soient au courant des progrès réalisés et, d’autre part, à explorer les étapes à suivre en rassemblant des renseignements pertinents pour façonner judicieusement l’avenir de l’enseignement supérieur dispensé à la communauté franco-ontarienne», mentionne-t-il.
La coordinatrice de cet évènement, Taylor Boreland, explique que l’approche de la conférence vise à mettre de l’avant l’interaction pendant les présentations et à se pencher sur l’application pratique de certains de ces sujets, afin que les éducateurs puissent réfléchir à ce que la technologie représente dans leurs pratiques quotidiennes.
«Les éducateurs soulignent souvent que la recherche est excellente, mais théorique. Ils regrettent l’absence de cet élément pratique», indique Mme Boreland, également leadeure du réseau d’échange de pratiques franco-ontarien à eCampusOntario.
La conférence sera d’autant plus bénéfique que «nos éducateurs franco-ontariens ont particulièrement moins d’opportunités de développement professionnel et d’évènements en français, ainsi que moins d’accès aux ressources par rapport au secteur anglophone en Ontario», ajoute-t-elle.
La rencontre trouve aussi sa raison d’être en ce que certaines régions de la province présentent des besoins spécifiques. «Il y a un enjeu d’accessibilité pour nos membres dans le Nord de l’Ontario. La conférence permet de renforcer et d’unifier la communauté franco-ontarienne qui est isolée géographiquement. Elle permet à nos participants de développer leur réseau», déclare l’associée d’apprentissage numérique qui travaille sur le volet apprentissage expérientiel dans le contexte minoritaire francophone au sein d’eCampusOntario, Andrea Krasznai.
Paysage numérique florissant
Taylor Boreland est encouragée par le paysage numérique actuel de l’enseignement postsecondaire dans la province. «Nous vivons actuellement une période passionnante de possibilités et de déblocage des opportunités offertes par l’enseignement et l’apprentissage numériques. Nous explorons particulièrement l’accès qu’il offre aux apprenants et les caractéristiques équitables de l’apprentissage en ligne», dit-elle.
Elle partage le point de vue avec la vice-rectrice associée, Affaires francophones à l’Université Laurentienne, et membre du réseau eCampusOntario, Natalie Poulin-Lehoux. Celle-ci s’appuie sur des statistiques de son établissement universitaire.
«Présentement, 23 % des étudiants à l’Université Laurentienne étudient dans des programmes de langue française et 50 % de ces étudiants suivent des programmes en ligne», affirme-t-elle.
Mme Poulin-Lehoux fait savoir qu’en 2023, pour ses programmes en français, la Laurentienne a remis 400 diplômes, dont 160 aux étudiants qui avaient suivi des programmes en ligne.
Encore quelques défis
Natalie Poulin-Lehoux relève quelques défis qui se pointent à l’horizon, dont les enjeux liés à l’intelligence artificielle. Celle-ci «offre plusieurs possibilités intéressantes quant à l’apprentissage, mais présente des défis importants pour ce qui est du plagiat. Des outils de détection de plagiat sont développés en anglais, il y a un manque de tels outils en français», explique-t-elle.
Taylor Boreland soulève une autre préoccupation sur l’intelligence artificielle. «On discute sur l’idée d’éthique pour l’intelligence artificielle, avec des questions de propriété lorsque des choses sont cocréées à l’aide de ces outils, par exemple, et des préoccupations générales concernant la vie privée des étudiants utilisant ces outils. C’est un de nos plus grands défis.»
Une autre question importante en ce moment, c’est le rôle de l’enseignant, poursuit Mme Boreland. «Il y a une crainte ou un sentiment de malaise simplement parce que certaines de ces évolutions sont si nouvelles et nous sommes en train de comprendre comment les utiliser de manière à compléter le processus d’apprentissage au lieu de le dominer», indique-t-elle.
«Tout cela et bien d’autres enjeux seront surement discutés lors de la conférence», conclut Natalie Poulin-Lehoux.