Le Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) estime quant à lui que ce plafond d’admission d’étudiants étrangers est «une solution inadéquate qui passe à côté du nœud des problèmes».
Au cours des deux prochaines années, le gouvernement prévoit délivrer environ 360 000 nouveaux permis d’études pour 2024, ce qui représente une diminution d’environ 35 % par rapport à 2023.
Comme le rappelle le RÉFO, cette mesure, telle qu’annoncée par le ministre Marc Miller, vise à atténuer les effets de l’inflation, notamment les effets des étudiants internationaux sur la crise du logement. Elle viserait également à protéger les étudiants contre la fraude et contre certaines institutions qui n’offriraient pas le niveau de qualité demandé des institutions d’enseignement.
Cet organisme s’inquiète que les établissements francophones en situation minoritaire fassent les frais d’une telle mesure.
«Il serait dommage que, d’un côté, nous ayons une nouvelle politique en immigration francophone visant à doubler le nombre d’immigrants francophones d’ici 2028, notamment en facilitant l’accès à la résidence permanente aux étudiants internationaux et que, de l’autre côté, nous ayons une mesure freinant leur arrivée au Canada», souligne, dans un communiqué, le directeur général du RÉFO, François Hastir.
Ils attendent la mise en exécution
L’annonce rendue publique le 22 janvier par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) précise que ce ministère attribuera une partie du nombre de demandes plafonné à chacune des provinces et chacun des territoires, qui répartiront ensuite le nombre qui leur a été alloué entre leurs établissements d’enseignement désignés.
«Nous attendons de voir comment la province attribuera des places aux étudiants étrangers et tant que ces détails ne seront pas clairs, nous ne serons pas en mesure de calculer l’incidence sur l’Université Laurentienne», souligne la rectrice et vice-chancelière de l’Université Laurentienne, Sheila Embleton.
Elle indique que la Laurentienne est disposée à collaborer avec les gouvernements fédéral et provincial pendant la mise en œuvre de ces politiques.
Le Collège Boréal dit pour sa part continuer d’étudier les détails de l’annonce de M. Miller. «Plusieurs incertitudes demeurent néanmoins et il serait prématuré pour notre collège d’émettre un avis catégorique sur cette question», affirme son président, Daniel Giroux.
Celui-ci rappelle que les Collèges de l’Ontario jouent un rôle primordial dans la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée qui répond à des besoins concrets et urgents dans de nombreux domaines, tels que les métiers, la petite enfance et la santé.
«Se priver de nouveaux diplômés dans ces secteurs reviendrait à aggraver la pénurie de personnes qualifiées bilingues et nuirait gravement à la pérennité de la langue française dans nos régions», fait remarquer M. Giroux.
L’Ontario prend des mesures aussi
Le gouvernement de l’Ontario réagit aux «défis découlant de la récente hausse du nombre d’étudiants venant au Canada». Il évoque notamment les pratiques prédatrices des recruteurs douteux, la désinformation concernant la citoyenneté et la résidence permanente, les fausses promesses d’emploi garanti et les logements inadéquats pour les étudiants.
Ces défis «exigent que nous prêtions une attention immédiate et que nous agissions de manière concertée», lance la ministre des Collèges et Universités, Jill Dunlop. Le gouvernement entreprend ainsi des changements qui permettront de diriger un plus grand nombre de jeunes vers des carrières gratifiantes dans les secteurs des soins de santé et des métiers spécialisés.
Dans un communiqué du 26 janvier, le gouvernement provincial déclare par exemple qu’il compte mettre en place une évaluation approfondie des programmes offerts par les établissements postsecondaires ayant un grand nombre d’étudiants étrangers. L’objectif est de veiller à ce que la qualité des programmes protège la réputation de l’Ontario et réponde aux exigences du marché du travail de l’Ontario.
Le gouvernement exigera aussi de tous les collèges et universités qu’ils garantissent qu’il existe des options de logement pour les nouveaux étudiants étrangers.