«J’ai fait un baccalauréat en biologie de la faune, j’aimais beaucoup les oiseaux. Puis, vers la fin de mon bacc, je me suis rendu compte que de prélever des échantillons dans des forêts, ça m’intéressait plus que les oiseaux», raconte M. Parisien. Il a par la suite étudié à l’Université du Québec à Rimouski pour parfaire ses connaissances sur la forêt.
Puis en l’an 2000, la vie l’a mené vers Edmonton, en Alberta, où il a commencé à travailler pour le Service canadien des forêts, ce qui était, selon lui, un coup de chance, car il n’y avait pas beaucoup de possibilités d’emploi à ce moment-là dans le domaine.
Questionné sur sa plus grande fierté en tant que chercheur scientifique au Centre de foresterie du Nord, il répond sans hésiter : «Je suis fier d’avoir bâti une belle équipe dynamique. J’ai eu la chance d’embaucher et de recruter des jeunes qui s’intéressent aux forêts».
Son équipe s’intéresse à la gestion des feux de forêt, alors que lui se concentre surtout sur le développement de différents outils pour prévenir les dommages liés aux feux de forêt.
«Mon rôle est de développer des outils à moyen et long terme pour prédire les endroits qui sont le plus propice aux feux, explique le chercheur. J’essaie de cibler les ressources avant même que les feux ne brulent. Si on habite dans un village où les probabilités sont très élevées, y’a des moyens de se protéger.»
Un mal pour un bien
Malgré le fait qu’on connaisse surtout les feux de forêt comme un élément de danger, le feu de forêt est avant tout un processus naturel qui peut s’avérer bénéfique pour la végétation et les écosystèmes environnants.
«La forêt boréale, entre autres, est très adaptée aux feux de forêt, explique M. Parisien. Quand il n’y a pas beaucoup de feux, les forêts poussent moins bien. Le feu permet entre autres de recycler des nutriments dans la forêt.»
L’absence de feux de forêt peut aussi causer certaines épidémies d’insectes, dont celle de la tordeuse de bourgeon d’épinette, que l’on retrouve dans les forêts de l’Ontario. Par le fait même, les feux de forêt contribuent, à un certain niveau, à l’équilibre des écosystèmes.
«Une forêt en santé, c’est lorsque les vieilles forêts côtoient les plus jeunes arbres, ça augmente la biodiversité», déclare M. Parisien. Selon le chercheur, tous les feux sont différents et brulent de manière différente dans des écosystèmes différents. Les conditions peuvent changer d’une semaine, voire d’une journée à l’autre. Il est donc difficile pour lui de prédire maintenant ce qui adviendra des forêts ontariennes cet été.
«Printemps tardif, en partie à cause de la transition El niño et La niña. On sort des conditions La niña. Certains coins de l’Ontario, ça a été plutôt sec cet hiver, une bonne grosse sècheresse peut vraiment changer la donne.»
La sècheresse est un indicateur de feux de forêt, selon M. Parisien. Les changements climatiques auraient aussi un grand impact sur la prolifération des feux de forêt, selon le chercheur scientifique.
«C’est certain qu’il y a un impact. Un feu de forêt brule quand il fait chaud, quand c’est venteux et c’est sec. Les conditions comme ça, il y en a de plus en plus. Selon la tendance à long terme, il y a plus de feux à cause des changements climatiques», déclare-t-il.
Selon Marc-André Parisien, il est nécessaire de mieux comprendre l’écologie des forêts pour prévoir le risque à la sécurité des gens. La technologie et la collaboration avec la population lui permettent de faire une différence dans la vie des gens grâce à son travail de recherche.
«Dans le temps, on faisait la détection des feux avec des grandes, grandes tours», raconte-t-il. «Maintenant, il y a de nouveaux satellites et de nouveaux senseurs sur ces satellites qui nous permettent de dire quand un feu brule et surtout à quelle intensité.»
Son travail permet aussi à M. Parisien de mesurer l’impact du feu de forêt sur la vie humaine. Pour le chercheur scientifique, c’est d’abord une question de «valeur», c’est-à-dire de biens qui seront appelés à être remplacés en cas de feu.
«J’essaie de comprendre les valeurs, évidemment les maisons, les infrastructures, le bois. Le feu de forêt, dépendamment de la région affectée, peut causer des pertes d’emplois. Je veux que les gens me disent les valeurs qui sont importantes pour eux. À partir de là, on peut décider de couper les forêts, remplacer les essences d’arbres par d’autres.»
Afin d’éviter les risques de propagation de feux de forêt, M. Parisien recommande de bien suivre les directives émises par la Société de protection des forêts contre le feu. «Si tout le monde faisait plus attention quand on est en sècheresse, il y aurait beaucoup moins de feux», déclare-t-il.
Aussi, un détail à ne pas négliger : si vous êtes fumeur, évitez de vous débarrasser de votre cigarette par temps sec et venteux!