La question du cout des loyers et des maisons s’est invitée comme une des préoccupations principales des Canadiens pour cette élection fédérale. Les promesses sont d’ailleurs nombreuses dans ce domaine et il peut être compliqué de s’y retrouver. Le conseil d’un expert : votez selon vos valeurs.
Le prix moyen d’une maison au Canada est maintenant de 736 000 $, contre 490 000 $ l’an dernier. Sudbury a vu une hausse des prix d’environ 40 %. Selon un sondage réalisé par la Banque Royale du Canada le 12 avril, 36 % des Canadiens ont perdu espoir que leur rêve d’être propriétaire devienne un jour réalité.
Le manque d’offres a créé un marché à l’avantage des vendeurs et a fait grimper les prix plus rapidement que les comptes d’épargne des jeunes adultes. Les Canadiens doivent payer beaucoup plus que ce qu’ils avaient budgété pour le même produit ou doivent maintenant se contenter de moins. S’ils ont la chance de trouver une résidence intéressante, ils feront probablement face à une enchère qui fera augmenter davantage le prix.
Le logement en politique
Tous les grands partis ont proposé leur solution pour faire face à la crise des prix et de l’offre s’ils sont élus. Comment départager les bonnes des mauvaises idées et qui a le meilleur plan?
«La réponse à ces questions n’est pas aussi simple que les gens pourraient le penser. La vraie réponse est qu’il n’y a pas de gagnant clair», souligne le président de l’Ontario Real Estate Association, David Oikle.
Bien qu’il comprend la situation à laquelle font face plusieurs Canadiens, il reste optimiste. «C’est une extrêmement bonne chose que tous les partis en parlent. Comme agent immobilier et comme Canadien, c’est vraiment ce qu’on veut voir», explique-t-il.
Les quatre partis proposent différentes choses; allant de l’amende contre les personnes qui achètent et revendent des maisons simplement pour faire un profit jusqu’à aider les Canadiens à économiser pour un premier versement. «La chose la plus importante de tout cela pour le Canada, vraiment, est de faire tout son possible pour augmenter l’offre», indique-t-il.
Il ajoute que si l’électeur est sérieux à propos de cette question, «il faut regarder quels partis offrent le plus d’avantages pour eux en particulier.»
Les promesses
Si nous parlons simplement d’augmenter l’offre, les néodémocrates ont les chiffres les plus élevés. Le NPD veut préserver 1,7 million de foyers au cours des quatre prochaines années et créer 500 000 logements abordables au cours des 10 prochaines années, dont la moitié seront en place au cours des cinq premières années.
Les libéraux suivent de près avec la proposition de construire, préserver ou réparer 1,4 million de nouveaux logements au cours des quatre prochaines années.
Les conservateurs veulent construire 1 million de logements au cours des trois prochaines années et libérer 15 % des biens immobiliers appartenant au gouvernement pour de nouvelles constructions ou pour les convertir en propriétés locatives.
Le Parti vert se concentrerait sur le logement abordable en créant au moins 300 000 unités au cours des 10 prochaines années. Dans l’ensemble, la plateforme de logements des verts est moins généreuse.
On voit dans les plateformes sur le logement une rare répétition entre libéraux et conservateurs : les deux partis interdiraient l’achat de propriétés par des étrangers pour les deux prochaines années. Les néodémocrates imposeraient une taxe de 20 % aux acheteurs étrangers plutôt que d’interdire l’achat.
Pour une première maison
Du côté des outils pour les acheteurs, il semble que les libéraux soient en meilleure position. Ils proposent de doubler le crédit d’impôt pour l’achat d’une première maison de 5000 $ à 10 000 $ et d’affecter 1 milliard $ à des prêts et subventions pour des projets de location avec option d’achat.
Ce qui peut sembler être l’outil le plus attrayant pour quelqu’un qui épargne pour une première propriété est la proposition d’un «compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première habitation» par les libéraux. Le compte combinera les avantages d’un Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et d’un Compte d’épargne libre d’impôt (CELI) et permettra aux Canadiens de moins de 40 ans d’épargner jusqu’à 40 000 $ sans devoir payer d’impôt. Bref, le particulier bénéficiera des avantages fiscaux d’un REER en cotisant au compte à titre de déduction fiscale et des avantages d’un CELI lors d’un retrait en franchise d’impôt sans avoir à le rembourser.
Les conservateurs proposent une nouvelle politique qui obligerait les municipalités recevant un financement fédéral pour le transport en commun d’augmenter la densité des habitations près des arrêts. Ils encourageraient un nouveau marché des prêts hypothécaires de sept à dix ans et réduiraient le besoin de tests de résistance hypothécaires. Ils inciteraient les développeurs à étendre la possibilité de reporter l’impôt sur les plus-values lors de la vente d’un bien locatif et de réinvestir dans un logement locatif.
Les néodémocrates proposent de réintroduire l’hypothèque de 30 ans sur les logements d’entrée de gamme pour les acheteurs d’une première maison et, comme les libéraux, de doubler le crédit d’impôt à l’achat d’une maison à 1500 $ et d’offrir 5000 $ par an en subventions au loyer.
David Oikle a quelques conseils à donner aux Canadiens déçus par les évènements de l’année dernière sur le marché du logement. «N’abandonnez pas et continuez à économiser. Votre opportunité viendra, soyez patient.»