À l’hôpital, les patients et les travailleurs de la santé ne sont pas à l’abri des manifestations contre la vaccination qui sévissent depuis quelques semaines. Le gouvernement de Doug Ford a-t-il l’intention de les protéger?
Le lundi 13 septembre devait marquer la rentrée parlementaire des élus à Queen’s Park. Or, le gouvernement ontarien a décidé, au début septembre, que les députés ne seraient de retour au travail qu’à compter du 4 octobre, soit deux semaines après les élections fédérales.
Le lundi 13 septembre aura finalement été marqué par une série de manifestations organisées devant les hôpitaux d’un peu partout en Ontario, y compris à Ottawa, Toronto et Sudbury — où moins de 50 personnes s’y sont présentées —, entre autres.
Les manifestants, dont certains sont des travailleurs du domaine de la santé, s’opposent à l’obligation de se faire vacciner contre la COVID-19 dans les milieux de travail.
Les partis d’opposition de l’Assemblée législative de l’Ontario ont tous demandé à Doug Ford, la même journée, de travailler sur une loi visant à créer des zones de sécurité autour des hôpitaux pour protéger les patients et les travailleurs de la santé.
Jusqu’à 25 000 $
C’est devant le bâtiment principal de l’Assemblée législative que la cheffe du NPD, Andrea Horwath, a exhorté le premier ministre de ramener les politiciens au travail pour qu’elle puisse déposer son plus récent projet de loi. «La législation est déjà écrite et prête à être mise en place», a-t-elle insisté.
Andrea Horwath veut rendre illégal le harcèlement ciblé des personnes et des entreprises qui respectent les règles de santé publique dans des «zones de sécurité».
Son projet de loi ferait du harcèlement dans ces zones une infraction provinciale, et les personnes qui y contreviendraient seraient passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 25 000 $.
Au milieu de la marée montante des manifestations anti-vaccin en Ontario, «une femme atteinte d’un cancer a été agressé verbalement devant l’hôpital général de Kingston», a déploré Andrea Horwath la semaine dernière, lorsqu’elle a présenté son projet de loi.
Selon ses dires, c’est l’un des nombreux exemples de harcèlement dont sont victimes les patients et les professionnels du domaine de la santé depuis plusieurs semaines.
Doug Ford ne commente pas mais «condamne»
Le Droit a demandé au bureau du Doug Ford de commenter le projet de loi du NPD. «Nous ne pouvons pas commenter une législation que nous n’avons pas vue, mais notre gouvernement condamne fermement ce genre de comportement.»
«Personne ne devrait se sentir en danger de suivre les directives de santé publique, comme porter le masque dans les espaces publics ou se retrousser la manche pour se faire vacciner contre la COVID-19», a ajouté son bureau.
Sur Twitter lundi, Doug Ford a qualifié d’«égoïstes, lâches et imprudentes» les manifestations organisées à l’extérieur des hôpitaux de la province.
«Nos travailleurs de la santé ont tant sacrifié pour assurer notre sécurité pendant cette pandémie. Ils ne méritent pas ce genre de traitement, ni maintenant, ni jamais. Laissons nos travailleurs de la santé tranquilles.»
Néanmoins, pas un mot sur la possibilité de rappeler la législature plus tôt que prévu.
Ford «n’a rien fait»
Le libéral John Fraser demande lui aussi au gouvernement Ford de créer une loi sur les zones de sécurité. «Bien que chaque Ontarien ait le droit à la liberté d’expression, nos hôpitaux ne sont pas un endroit pour protester, surtout pendant une pandémie, a-t-il déclaré dans un communiqué. Les patients et les personnes qui les soignent ne doivent pas être harcelés, ciblés ou mis en danger. Il ne devrait pas être toléré d’entraver ou d’intimider quiconque se rend à l’hôpital d’Ottawa ou n’importe où en Ontario.»
Selon John Fraser, les élus devraient être de retour à Queen’s Park pour adopter ce type de loi. «Au lieu de cela, Doug Ford a prorogé la législature et n’a rien fait pour assurer la sécurité du personnel et des employés des hôpitaux.»
Les municipalités prêtes à agir
Selon le chef du Parti vert, Mike Schreiner, le premier ministre doit travailler d’urgence avec les municipalités pour protéger les hôpitaux «contre les manifestants en colère».
«Les hôpitaux ne sont pas responsables des décisions du gouvernement et ne devraient donc pas être le lieu de manifestations.»
Mike Schreiner assure que les municipalités sont clairement prêtes à travailler avec la province pour «protéger les patients et les travailleurs de la santé, et pour maintenir l’accès aux hôpitaux».