L’Ontario va carburer à la croissance économique au cours de la prochaine année, et non aux coupes dans les services sociaux, promet le gouvernement Ford à l’aube de sa dernière rentrée parlementaire avant les prochaines élections provinciales.
C’est le jour et la nuit entre le premier discours du Trône du gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford de 2018 et celui qui a été prononcé lundi par la lieutenante-gouverneure de l’Ontario, Elizabeth Dowdeswell.
On se souviendra qu’en 2018, la province s’apprêtait à couper dans les services sociaux, notamment pour les Autochtones, les minorités visibles, les francophones, ainsi que dans certains services comme la santé et l’éducation.
Cette fois-ci, le gouvernement Ford promet de dépenser les sommes nécessaires pour assurer la relance postpandémique de l’Ontario. «Votre gouvernement demeure fermement engagé à relancer l’économie et les finances de la province par le biais de la croissance économique, sans avoir recours à de douloureuses hausses d’impôts ou à des coupes dans les dépenses», a déclaré Mme Dowdeswell.
Cette dernière a aussi passé une partie de son discours à déplorer les manques à gagner dans le dossier des transferts fédéraux en santé aux provinces et à promettre que le gouvernement ontarien continuera de travailler en partenariat avec Ottawa, «pour en finir avec cette pandémie de COVID-19».
Autochtones
Le discours du Trône a, cette fois-ci, inclus une reconnaissance du territoire ancestral sur lequel se trouve l’Assemblée législative de l’Ontario. Le gouvernement Ford promet, par ailleurs, de continuer à «s’engager auprès des communautés autochtones en établissant de véritables partenariats tout en poursuivant ses efforts pour parvenir à une vraie réconciliation».
Lors du premier discours du Trône, en 2018, aucune mention n’avait été faite à propos des Autochtones.
Francophonie
Le discours de la lieutenante-gouverneure évitait une fois de plus la moindre mention des Franco-Ontariens, malgré la pression exercée par les organismes communautaires, qui attendent impatiemment la modernisation de la Loi sur les Services en français et une décision sur le transfert des programmes en français de la Laurentienne à l’Université de Sudbury, entre autres.
Le français a encore été oublié au cours de la déclaration, à l’exception d’une courte phrase, en introduction: «Monsieur le président, honorables députés, Ontariennes et Ontariens.»
La députée libérale d’Ottawa-Vanier, Lucille Collard, s’est dite «très déçue» de cette situation. Selon elle, Doug Ford «devrait regarder autour de lui, voir les drapeaux franco-ontariens et réaliser que notre communauté mérite d’être adressée».
Éducation
«Le mot “éducation” n’a même pas été utilisé une fois», a déploré le chef libéral Steven Del Duca en mêlée de presse, quelques instants après que le discours du Trône ait été prononcé.
«C’est profondément décevant», a-t-il soutenu, faisant part de sa déception face au faible taux de présence de Doug Ford.
Il s’est dit sous le choc que les Ontariens aient attendu «si longtemps» pour en entendre «si peu» de la part d’un premier ministre «qui se cache depuis des mois».
La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, Andrea Horwath a, quant à elle, jugé que le gouvernement n’a «rien annoncé de nouveau» et que le premier ministre n’est pas là pour les Ontariens.
«Ça doit être le discours du Trône le moins inspirant de tous les temps», a pour sa part lancé le chef du Parti vert de l’Ontario, Mike Schreiner, ajoutant que le gouvernement Ford n’a «aucune vision» de ce à quoi un monde postpandémique peut ressembler en Ontario.
Les termes «environnement», «climat» ou «vert» ne sont d’ailleurs apparus à aucun moment au cours de ce discours, ce qui représente un déjà-vu de celui qui avait été prononcé en 2018.