Certain.es ont témoigné lors des audiences de la Cour suprême du Canada portant sur les obligations des gouvernements fédéral et ontarien vis-à-vis des Nations des lacs Supérieur et Huron, chacune signataire d’un traité avec la Couronne. On se souviendra qu’au cours de l’été, la Cour a rendu un jugement favorable aux Nations, en obligeant les gouvernements à négocier une entente financière quant aux rentes annuelles à leur payer.
Après avoir reçu une peinture autochtone, chaque ainé.e a pris la parole, en Anishinaabemowin, pour raconter un peu de leur histoire personnelle et surtout leurs rapports avec ce traité.
Selon Anne Solomon, Waawaaskones de son nom spirituel, qui a bien voulu interpréter les grandes lignes de leurs messages pour Le Voyageur, chacun.e a d’abord rappelé aux membres de l’auditoire leur nom original avant qu’il ne leur soit enlevé lors de leur séjour dans des écoles résidentielles.
«Ils ont souligné, raconte Mme Solomon, comment ces écoles avaient non seulement enlevé leur nom autochtone, mais aussi leur langue. Aucun.e ne connaissait l’anglais avant d’entrer dans ces écoles».
Chacun.e pouvait jouer et s’amuser à sa guise avant d’être forcé d’aller à l’école résidentielle. Dans leur famille, dont était issue toute autorité, on ne séparait pas quoi que ce soit; tout appartenait à l’ensemble. C’est ainsi qu’aujourd’hui, la Nation ou la communauté Anishinabe est toujours plus importante que l’individu.
Réparer une injustice
On a parlé longuement du fameux traité qui avait été rédigé en anglais. «Ce traité utilisait des mots, tels la renonciation et l’extinction des droits, qui n’existaient même pas dans le langage Anishinaabemowin, rappelle Mme Solomon. Ce langage était leur seul moyen de comprendre l’univers. Le tout était fort déshonorable parce qu’il ne favorisait qu’un côté, soit les colonisateurs».
Pour les Anishinabe, l’honneur et l’honnêteté sont des vertus principales. La Couronne, selon les aîné.es, «n’a été ni honorable et ni honnête dans ses négociations avec les nations Anishinabe».
La preuve, ont raconté les aîné.es, c’est la misère et la pauvreté que doivent vivre les membres de ces nations depuis la signature de ce traité en 1850. D’ailleurs, le mot traité est un concept européen que les autochtones n’ont jamais utilisé entre eux. Le jugement de la Cour suprême va finalement réparer une injustice commise envers les nations autochtones des lacs Supérieur et Huron.
Mme Solomon a déclaré au Voyageur que ce rassemblement, qui a pris plusieurs années à être organisé, a été extrêmement honorable, enrichissant et révélateur parce qu’il a bénéficié d’une fondation spirituelle.