Donald Trump n’a pas encore assumé les pouvoirs de la présidence des États-Unis (ce qui aura lieu le 20 janvier prochain) qu’il se plaît d’une part à provoquer les hommes politiques canadiens en menaçant d’imposer des tarifs douaniers de l’ordre de 25 % sur tout produit en provenance du Canada et, d’autre part, de les agacer en suggérant que notre pays devienne le 51e État américain. Avec Trump, on le sait déjà depuis dix ans, il n’est jamais certain s’il provoque et agace pour le plaisir de susciter des réactions ou s’il est vraiment sérieux. Que ce soit l’un ou l’autre, la prudence exige qu’il est mieux de le prendre au sérieux. Ce qu’ont fait quelques politiciens canadiens la semaine dernière.
Le premier ministre libéral, Justin Trudeau, en entrevue sur une chaîne de télévision américaine, a réagi au propos d’annexion que cela ne se produira jamais car les Canadiens et les Canadiennes sont fiers de leur pays sans mentionner que la majorité d’entre eux ne veulent rien à voir avec le pays voisin. Il a déclaré toutefois qu’il faut prendre les menaces d’imposition de tarifs au sérieux. Avec raison. Le président-élu a menacé de tels tarifs en accusant le Canada de laisser entrer des immigrants illégaux aux États-Unis. M. Trudeau lui a répondu que le Canada n’est responsable que de 1 % de cette immigration illégale. Mais pour assurer que la situation ne se détériore, le premier ministre a déclaré que le gouvernement canadien avait dépensé des milliards de dollars dans le but de renforcer la sécurité de la frontière commune. Toutefois, on sait par expérience que Trump ne se fie pas aux faits; il préfère s’en tenir à ses préjugés et ses préconceptions.
La réponse que semblent préférer certains hommes et certaines femmes politiques du Canada est double. En premier lieu, Il s’agit de faire valoir que toute imposition de tarifs mènera à l’augmentation des prix à la consommation aux États-Unis, ce qui devrait susciter la grogne des consommateurs américains, à moins que la majorité de ces derniers acceptent aveuglément le raisonnement de Trump. C’est l’argument qu’a proposé le ministre libéral François-Philippe Champagne en entrevue à Radio-Canada. En deuxième lieu, certains suggèrent que la réponse devrait consister à couper les exportations d’énergie telle l’hydro-électricité et le pétrole vers les États-Unis car au moins deux-tiers des États américains en dépendent pour le bon fonctionnement de leur économie. Ce deuxième argument semble le plus probant du moins à la surface car il dépend en grande partie de provinces telles le Québec en ce qui a trait à l’hydro-électricité et l’Alberta pour le pétrole. Il n’est pas certain que l’une ou l’autre n’emboîte le pas.
D’une façon ou d’une autre, le Canada doit se préparer à répondre énergiquement aux humeurs changeantes de Donald Trump au cours des quatre prochaines années.