Les recherches sur internet réservent parfois des surprises et des occasions inédites, comme l’a appris Svet Tatchev, lors d’une recherche sur Orléans, la capitale de la région Centre-Val de Loire, où il réside en France.
Depuis plusieurs années, l’artiste-illustrateur français Svet Tatchev chérissait un rêve, celui de «publier, ne serait-ce qu’une fois, dans la presse francophone canadienne», après avoir appris l’existence du journal L’Orléanais, publié à Orléans, au Canada.
Cet intérêt pour la presse francophone, il le doit à son parcours. Né en Bulgarie, Svet a toujours voulu devenir illustrateur. «En fait, ce n’était pas un choix! J’ai encore ce souvenir de moi en train de dessiner quand j’étais tout petit», se rappelle l’homme de 46 ans.
Il suit donc un parcours scolaire en arts dans la Bulgarie communiste, mais voilà qu’il se heurte à un mur… presque littéralement. «Quand le mur de Berlin s’est effondré, nous étions tous contents, mais [cet évènement] a été suivi d’une période de transition étrange», explique-t-il en précisant que les études supérieures dans son pays n’étaient accessibles qu’à ceux qui pouvaient payer les pots-de-vin aux bons membres de ce nouveau système qu’il qualifie de mafieux.
Ne pouvant abandonner son désir d’être illustrateur, il a donc quitté la Bulgarie vers 1998. «C’est un peu par hasard que je me suis retrouvé en France», dit-il.
Ne parlant pas le français, de nouveaux défis se sont dressés devant lui. Lors d’un entretien à l’école Estienne, un établissement reconnu pour son programme artistique, Svet se voit imposer une condition à son admission : apprendre le français en un an. «Je n’avais pas d’argent, alors j’ai dû apprendre par moi-même. Ç’a été difficile, mais agréable. Et j’ai relevé le défi.»
Ce sont ses efforts qui ont développé chez lui un fort sentiment d’attachement à la francophonie, en plus de lui faire réaliser que, parfois, les gens apprécient moins les choses auxquelles ils sont habitués. «Quand le français est notre langue maternelle, on ne se rend pas toujours compte de sa richesse.»
L’accent aigu d’«Orléans» comme lien avec ses origines
Il salue donc les efforts faits par la presse francophone pour garder cette langue en vie. Depuis qu’il a commencé à publier professionnellement vers l’âge de 16 ans en Bulgarie, ses œuvres ont paru, entre autres, sur des timbres français, dans des titres français tels Le Figaro, Le Monde, des manuels scolaires… Et maintenant dans un journal canadien.
Par rapport à son œuvre, publiée dans L’Orléanais, il explique : «Les liens qui unissent les gens sont parfois visibles et parfois plus subtils, mais tout aussi essentiels. La francophonie de votre ville possède son histoire et la question de l’accent aigu d’Orléans en est un symbole fort».
«J’ai donc représenté deux planètes, deux univers fort éloignés — ou relativement proches — selon le regard que l’on souhaite porter. Mais tout sauf indifférents ou étrangers. Un lien fragile, mais tangible, un cordon médical, originel, les lie. Avec cet accent aigu comme point de départ du lien, pour rappeler les origines françaises de la ville et cette histoire originelle d’une parenté indéniable», conclut-il.