le Lundi 16 septembre 2024
le Dimanche 18 Décembre 2022 10:58 Arts et culture

Hommage et une parodie tout-en-un

Vaches, the musical — Photo : Marianne Duval
Vaches, the musical
Photo : Marianne Duval
Critique — Vaches, the Musical
Hommage et une parodie tout-en-un
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Vaches, the Musical, présentée à Sudbury le 10 décembre, une pièce de théâtre mise en scène de Dillon Or et coproduite par la Slague et le Théâtre du Nouvel-Ontario, est à la fois un hommage et une parodie réussie des comédies musicales. 

En plus d’avoir présenté à toutes les écoles secondaires francophones du Grand Sudbury, l’équipe artistique de Vaches, the Musical a eu immensément de succès samedi dernier avec deux représentations. En finissant l’année 2022 avec humour et musique, Vaches, the musical vient chatouiller notre besoin d’un spectacle à la Broadway. 

Dès les premières minutes du spectacle, on présente les cinq comédiens qui incarnent plusieurs personnages. Jean, un fermier dans la région de Casselman, est très fier de sa ferme laitière et de ses vaches. Il attend l’arrivée de sa fille Julie. Cependant, elle est de retour seulement pour dire à son père qu’elle vivra à Toronto et demande son appui financier pour s’ un condo. Lui souhaitait plutôt donner la ferme en héritage à sa fille et qu’elle poursuive la tradition familiale. On comprend vite qu’elle est contre l’idée et la douleur que ça fait à Jean. 

Tout au long du premier acte, Jean tente donc de trouver quelqu’un pour acheter sa terre, mais sans succès. Ensuite, il approche l’usurier du village, Constant, pour de l’aide. Jean n’a pas le temps de se décider au sujet du marché louche avec l’avare que la tempête du verglas frappe le village de Casselman et Jean doit s’occuper de ses vaches et des autres producteurs laitiers. 

À ce moment, au deuxième acte, tout se passe tellement vite que l’intrigue que l’on croyait plus importante, celle de père et fille, tombe à l’eau. Tout finira bien, mais non sans quelques péripétie et trahisons.

L’histoire est une fiction, mais qui est basée sur de vrais faits, dont la crise du verglas et les pannes d’électricité dans les petites communautés de l’Est ontarien qui ont duré plusieurs semaines. Le personnage de Jean est basé sur l’histoire d’un fermier qui a remorqué sa génératrice avec son tracteur pour alimenter ses voisins afin qu’ils puissent traire leurs vaches. 

Il y a une convention qu’une comédie musicale doit commencer avec un prologue; une chanson qui narre l’intrigue, décrit les personnages principaux et donne l’ambiance du spectacle, tout en même temps. On entend ensuite la chanson thème : Casselman. Cette chanson englobe un peu de tout : des descriptions vites des personnages du village et de leur caractéristique face à l’intrigue de la pièce ainsi que l’humour que les comédiens habitent. 

Stéphane Guertin est l’un des coauteurs de Vaches, the musical, en plus d’être l’un des cinque comédiens

Photo : Marianne Duval

On voit le jeu exagéré qui fait partie du genre des comédies musicales : le jeu plus gros que nature pour un village pas assez gros. Le jeu ainsi que les chants sont bel et bien «à la Broadway», comme le disent souvent les producteurs du spectacle. 

Justement, l’écriture fait souvent référence et rend hommage à la comédie musicale, dont Singing in the rain, Mamma Mia et même des chansons plus modernes comme le style du rap de Hamilton. Il y avait des moments de référents culturels populaires, avec l’introduction des personnages de motards avec une parodie du thème de Darth Vader de Star Wars et, en parlant de vache, un clin d’œil à Carmen Campagne.  

La comparaison avec Broadway s’arrête-là par contre, car la production est loin d’avoir les moyens financiers des productions new-yorkaises. Cependant, ça joue à son avantage. La scénographie regorge d’idées brillantes et drôles pour représenter les vaches, les motos et tout ce qui aurait été trop compliqué ou trop cher à mettre sur scène.

Cela dit, la question de l’exode des jeunes est un thème soulevé subtilement, mais toujours présent et affirme une vraie peur qu’ont les petites communautés : la relève ouvrière. Comme spectateur, je me suis attaché plus au personnage de Julie, vu qu’elle est plus près de mon âge. C’est pourquoi la voir dans le deuxième acte comme antagoniste, un peu contre son père, m’a déçu. On mettait de côté l’importance de la liberté de la jeunesse et donne plus d’importance au patrimoine et à l’héritage. Tout est bien qui finit bien avec un brin de rancune. 

Malgré cela, le spectacle est excellent et joue bien son tour de magie pour charmer le public. C’est une pièce de théâtre qui est vachement drôle. Il faut applaudir le jeu, la mise en scène et la chorégraphie surtout. La musique joue évidemment  un rôle important et j’espère que Vaches, the Musical vous fera parler, mais aussi chanter les vers d’oreilles du spectacle.