le Mardi 17 septembre 2024
le Lundi 13 mars 2023 15:42 Arts et culture

L’amour qui survit à la séparation forcée par la maladie

Marie-Thé Morin a fait la traduction d’Intrusions et interprète le rôle de Jean, seule sur scène. —  — Photo : Marianne Duval
Marie-Thé Morin a fait la traduction d’Intrusions et interprète le rôle de Jean, seule sur scène. —
Photo : Marianne Duval
Sudbury — Un texte écrit en 2009 avec des résonances pourtant contemporaines, Intrusions est avant tout une histoire d’amour. La prochaine pièce présentée par le Théâtre du Nouvel-Ontario raconte une situation qui existe encore et qui est exacerbée par la crise du système de santé.
L’amour qui survit à la séparation forcée par la maladie
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Dans Intrusions, Jean (prononcé en anglais) se bat contre un système de santé qui priorise l’efficacité avant le bienêtre d’un couple. Après avoir passé des décennies avec son époux, ils sont séparés parce qu’il a besoin de soins particuliers et le centre qui peut lui offrir n’a pas de place pour Jean. Seule sur scène, elle raconte son combat tout en se remémorant des moments heureux de sa vie.

Marie-Thé Morin dans Intrusions

Photo : Marianne Duval

Marie-Thé Morin est à la fois la traductrice et l’interprète d’Intrusions. La directrice artistique du Théâtre de la Vieille 17, Geneviève Pineault, lui a demandé si elle voulait traduire le texte original, Another Home Invasion

«Dès la première lecture, j’ai eu un coup de foudre monumental pour cette pièce. Surtout qu’on était en pandémie et qu’il y avait les drames des personnes âgées dans les résidences. C’était tellement d’actualité que je ne pouvais pas refuser», raconte Mme Morin. 

Geneviève Pineault a contemplé le texte original de l’autrice Joan MacLeod pendant plusieurs années. Elle l’avait lu avant de quitter le TNO en 2017. «Il a toujours été sur ma table de chevet et je me disais “un jour…”»

Un problème moderne

Aussi bien Mme Pineault et Mme Morin racontent avoir été approchées par des spectateurs après les représentations à Ottawa qui disaient qu’elles venaient de raconter l’histoire de leurs parents ou leur grands-parents.

«On ne voit plus le couple, on voit les besoins de santé, déplore Mme Morin. En ignorant au fond que le besoin de santé primordial, c’est de rester en couple, avec son amoureux. On ne sépare pas des gens après 50-60 ans. Voyons donc! Où en est rendu notre système si on fait ça à des personnes qui ont contribué à la société.»

Geneviève Pineault a signé la mies en scène d’Intrusions.

Photo : Alfred Boyd

«Il y a très peu de résidences avec des chambres pour des couples, renchérit Geneviève Pineault. Que des couples soient séparés vers la fin de leur vie parce qu’ils n’ont pas les mêmes besoins ou administrativement ça ne fonctionne pas pour le système, je trouve ça aberrant.»

Elle rappelle qu’avec le vieillissement de la population, ce problème ne peut devenir que plus fréquent. Malgré qu’il est connu depuis des décennies, rien n’a été fait.

La pièce devient aussi un avertissement pour les couples qui n’ont pas encore considéré la possibilité d’être séparés de la sorte.

Intrusions sera présentée à trois reprises les 17 et 18 mars à la Place des Arts du Grand Sudbury. Les billets sont disponibles sur le site web du TNO.

 

Une version plus longue de ce texte était disponibles dans l’édition du 8 mars du journal Le Voyageur. Pour ne rien manquer, abonnez-vous.