le Vendredi 13 septembre 2024
le Mercredi 22 mars 2023 14:08 Arts et culture

Jeux de pouvoir

  Photo : http://grasshopperfilm.com/
Photo : http://grasshopperfilm.com/
Critique du film français «Pacifiction» d'Albert Serra
Jeux de pouvoir
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La perte de contrôle est un sentiment déroutant. Les effets peuvent être tout aussi dommageables sur la vie que sur la santé mentale d’une personne. Le protagoniste de Pacifiction, présenté au Sudbury Indie Cinema, vit difficilement cette perte de contrôle. 

De Roller est un haut-commissaire français assigné à l’ile de Tahiti, dans l’océan pacifique. Il est tout aussi à l’aise parmi les puissants politiciens et militaires qu’auprès de la population locale. Son contrôle de la situation lui glisse cependant entre les mains alors que des rumeurs de reprises d’essais nucléaires près de l’ile courent.

Le film est long, mais captivant. La première heure est utilisée pour démontrer comment De Roller transige avec les hauts placés et à quel point il s’est inséré dans la vie des habitants de l’ile. Il parle tout aussi bien de politique qu’il peut donner des conseils à une troupe de danse.

On a presque l’impression d’écouter un documentaire tellement les rencontres semblent improvisées. Les comédiens livrent leurs textes avec des hésitations, avec de l’inconfort, avec le manque d’assurance et les phrases creuses qui peuvent marquer les premières conversations. Grâce à cela, on n’a pas l’impression que le film est prétentieux. 

Ce naturel, notre curiosité à comprendre ce qui se passe et les magnifiques paysages de Tahiti sont habituellement suffisants pour nous garder attentifs. Malgré cela, avec une durée de 2 h 45, on certaines scènes qui servent seulement à créer l’atmosphère auraient pu passer plus rapidement.

La panique s’installe aussi lentement chez De Roller, nous laissant le temps de réfléchir à ce qu’il vit, pourquoi il semble vouloir se rebeller contre son gouvernement et nous donnant le temps de comprendre s’il a raison de craindre le pire. On se rend compte que, finalement, même les hommes qui se voient habiles et puissants ne peuvent pas tout contrôler. 

Il y a à la fois des idéologies bienvenues et d’autres révoltantes. Le film ne fait pas de cas de la fluidité des genres et c’est parfait ainsi. Par contre, certaines idées exprimées sur le colonialisme sont plus vieillottes, même si elles sont exprimées sarcastiquement.

Il reste une représentation en mars de Pacifiction au Sudbury Indie Cinema, le 25 mars à 13 h.

Photo : http://grasshopperfilm.com/