le Mardi 17 septembre 2024
le Lundi 17 avril 2023 16:09 Arts et culture

À la recherche de ses racines

Marie-Pier Chamberland (Photo : Cassandara Beck) interprète Delphine et l’auteur de la pièce pour 5 à 9 ans, Dave Jenniss (Photo : Courtoisie).
Marie-Pier Chamberland (Photo : Cassandara Beck) interprète Delphine et l’auteur de la pièce pour 5 à 9 ans, Dave Jenniss (Photo : Courtoisie).
Sudbury — La pièce pour enfants «TOQAQ MECIMI PUWIHT/Delphine rêve toujours» aborde un thème qui est tout aussi important pour les Premières Nations que pour les Franco-Ontariens : la transmission de la culture d’un peuple distinct à ses descendants. Une vraie quête épique qui entraine enfants et adultes dans un monde fantastique.
À la recherche de ses racines
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Pour l’auteur de la pièce pour les 5 à 9 ans, Dave Jenniss, Delphine rêve toujours parle brièvement de deuil, mais surtout de la transmission de la culture.

Delphine a perdu son grand-père (son muhsums) qui lui chantait et racontait des histoires avec son tambour le soir. Cependant, personne ne retrouve le tambour et Delphine décide de partir à sa recherche. Dans sa quête, elle bascule dans un monde parallèle où elle rencontre des «animaux intrigants» et un Kiwahq, la bête au cœur de glace qui habite le tambour.

«Delphine est une jeune fille extrêmement curieuse, fonceuse. Il n’y a pas grand-chose qui lui fait peur», précise son interprète, Marie-Pier Chamberland. 

De ses discussions avec des enfants qui ont vu la pièce, elle a remarqué qu’ils gardent surtout en souvenir la force de Delphine. Ça et la chanson du tambour, qui semble être un ver d’oreille pour eux.

«Ce que je voulais montrer, c’est que si on arrête de jouer du tambour, si on arrête cette transmission des histoires et des chants, il y a quelque chose qui s’arrête», dit l’auteur, Dave Jenniss. 

Christian Pilon

Photo : Kathy Lapointe

Legs

Le tambour est très important dans presque toutes les cultures autochtones. «C’est un élément sacré. C’est aussi le cercle, qui représente l’unité, l’infini. C’est aussi le retour à la vie sous une autre forme. C’est un objet rassembleur quand on en joue.»

Le deuil est abordé seulement au début de la pièce, mais cet aspect était important pour l’auteur. «Je ne me suis pas caché. On peut vivre des deuils à n’importe quel âge et ce n’est pas quelque chose que l’on doit cacher.» Malgré tout, le sujet est amené doucement pour les jeunes spectateurs et la quête du tambour commence assez rapidement.

L’inspiration pour cette histoire vient d’une phrase : «Sans le tambour qui bat, les mots n’existent pas». Mais il y a beaucoup de Dave Jenniss dans la pièce. Exception faite du Kiwahq, qui fait partie des légendes Wolastoqey, tout vient de son imaginaire. 

Geneviève D’Ortun

Photo : Annie-France Noël

De plus, «le tambour dans le spectacle, c’est le tambour de mon papa.» «Mon père est décédé avant que ma fille naisse et je me souviens qu’un jour, ma fille est sortie de ma chambre avec le tambour et a commencé à frapper. C’est là que j’ai compris qu’il fallait que je transmette quelque chose de ma culture à ma fille.» L’auteur a donc écrit.

Marie-Pier Chamberland, qui a des racines wendat, a une connexion semblable à l’histoire de la pièce. «J’ai récemment commencé à prendre des cours de langue wendat, qui est une langue endormie. Je me suis vraiment reconnu dans le personnage de Delphine, qui part à la recherche du tambour au même titre où je suis parti à la recherche de la langue de mes ancêtres.»

À la fin de la pièce, comme Delphine promet d’apprendre à son père à jouer du tambour, Mme Chamberland a donné quelques notions de la langue wendat à sa mère. «C’était vraiment un miroir pour moi cette pièce-là.»

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Le Voyageur offre une vue d’ensemble de la francophonie et de la vie dans le Nord-Est de l’Ontario.

Emily Marie Séguin

Photo : Maurice Séguin

Dualité

La pièce est en français et en langue Wolastoqey. Cette dualité fait partie de la façon d’écrire de M. Jenniss. Il trouve important «de mettre la langue à l’avant-plan» dans ses œuvres. «J’ai trouvé cette manière là de faire vivre [la langue Wolastoqey] en la mettant sur scène pour que les gens puissent l’entendre.»

Delphine rêve toujours est une coproduction des théâtres Ondinnok et La Vieille 17. M. Jenniss est particulièrement content d’avoir travaillé avec plusieurs Franco-Ontariens pour sa création. Il a longtemps travaillé dans la région d’Ottawa et fait affaire avec compagnies de théâtre franco-ontarien. 

«Je trouve aussi qu’il y a beaucoup de similitudes entre la francophonie hors Québec et ce que l’on vit ici, comme autochtones. On est petit dans nos provinces. Même si on prend de plus en plus notre place, on est encore un peu, je crois, trop petits sur les scènes, dans les médias… c’est un éternel combat de prouver qui on est et que l’on a notre place.»

Delphine rêve toujours sera présentée une seule fois au grand public par le Théâtre du Nouvel-Ontario. Ce sera à la Place des Arts du Grand Sudbury le 22 avril à 10 h 30. Pour des billets, visitez le http://letno.ca.