Même si l’art visuel n’a pas besoin d’une langue pour être compris, sa création et sa diffusion y sont largement rattachées. «Un défi qui demeure en art visuel, c’est de faire reconnaitre l’impact de la langue dans la discipline», explique la codirectrice de l’Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF), Elise Anne LaPlante.
Même si les créations ne contiennent pas nécessairement des mots dans une langue en particulier, les activités qui les soutiennent et qui en font la promotion ont besoin de la langue. «Ça contribue à la vitalité culturelle des communautés lorsque les arts visuels sont présents», ajoute Mme LaPlante.
Pour l’autre codirectrice, Véronique Leblanc, la FAAS est un exemple d’évènement où la langue peut jouer un rôle très important. «Il y a beaucoup de pratiques qui sont plus de la performance, des choses éphémères, des interventions dans l’espace urbain. Le fait de raconter ces pratiques-là par l’écriture devient important pour les documenter, de les faire exister et éventuellement de les historiciser.»
Pour les deux codirectrices, la FAAS est un évènement unique et singulier. «C’est un évènement très collaboratif, il y a toutes sortes de communautés sont invitées à inviter des artistes. Sa spécificité n’est pas seulement de regrouper des artistes, mais aussi de regrouper les travailleurs et travailleuses culturelles qui présentent ces artistes», explique Mme Leblanc.
«Je pense que la FAAS réussit bien à créer des ponts ou du moins des occasions de conversations entre nous», ajoute Mme LaPlante.
Une revue vitrine
L’AGAVF a profité de la FAAS 7 pour lancer son premier — et peut-être unique — numéro de la revue FR. Le magazine est un projet pandémique qui présente des artistes visuels francophones de partout au Canada. Nico Glaude de Sudbury en fait partie.
Puisque la pandémie empêchait l’Association d’organiser sa rencontre annuelle, ils ont utilisé les fonds pour créer ce magazine. «C’est pour donner un peu une vitrine sur les pratiques artistiques francophones du pays. Il y a des textes, des portraits d’artistes, des entrevues, tout ça pour donner un aperçu de la diversité des pratiques», explique Elise Anne LaPlante.
Plusieurs lancements ont été faits au pays au cours des derniers mois. Toujours dans une ville où se trouve un des artistes en vedette. Sudbury était le septième.
Pour Véronique Leblanc, FR joue aussi un rôle éducatif. «Il n’y a pas énormément de discours ou d’écriture à propos des artistes des communautés francophones, entre autres parce qu’il n’y a pas vraiment de formation sur l’histoire de l’art ou en commissariat d’exposition et de discours critique sur l’art dans les universités francophones [hors Québec].»
Il y a de la réflexion qui se fait et des textes qui s’écrivent, ajoutent-elles, mais pas de plateforme commune dédiée à leur diffusion; du moins aucune depuis la disparition de la revue Liaison.
L’AGAVF est un organisme national qui regroupe des centres d’artistes, des galeries d’arts, des associations et des collectifs d’artistes francophones en milieu minoritaire. Elle joue principalement un rôle de réseautage et d’apprentissage pour ses membres en plus de faire valoir l’importance des arts visuels auprès des divers paliers de gouvernement.
Outil identitaire
Le Franco-Sudburois Nico Glaude est l’un des artistes mis en vedette dans la revue FR. Comme pour d’autres, son art n’a pas de langue précise, mais la revue l’a aidé à se réapproprier son identité d’artiste francophone.
«Au secondaire à Macdonald-Cartier, j’ai fait partie des Draveurs, j’ai fait du théâtre francophone et ça faisait partie de mon identité. Plus vieux, je manque cette partie de mon identité. Est-ce que je me considère francophone? Je ne le sais plus. Mais de voir [mes œuvres] dans une publication francophone, ça me ramène cette partie de mon identité; je suis francophone! C’est toujours la scène francophone qui m’a donné de super bonnes opportunités de montrer mon art», explique-t-il.