
Le picage de cette courtepointe de Suzanne Gauthier a été fait à la main.
«C’est ma mère qui m’a donné l’amour de la couture, dit Suzanne Gauthier. Je me faisais du linge de poupée et déjà, à 14 ans, j’avais des blouses de toutes les couleurs fabriquées de mes mains. J’avais le bug des vêtements. Plus tard, j’ai suivi un cours de haute couture pour les vêtements. C’est là que j’ai appris des techniques plus professionnelles. C’est aussi là que j’ai compris que la confection de vêtements, ce n’était pas pour moi.»
Au fil de rencontres avec des amies, Suzanne Gauthier s’aventure dans la réalisation de courtepointes. «J’ai eu la piqure et ça dure depuis 23 ans. Quand je parle de courtepointes, je souris et je peux en parler sans fin. J’ai compris que je voulais garder cette tradition-là de mes ancêtres», explique-t-elle.
L’enseignement
«J’ai suivi tous les cours imaginables; je me suis fait connaitre; mes amies avaient la même passion et, un jour, on m’a proposé d’enseigner la courtepointe à des débutantes.» Ça s’est passé dans la région d’Ottawa, mais depuis le mal du pays l’a ramené à Earlton.
Là, Suzanne Gauthier se faisait demander : «Pourrais-tu nous donner des cours?» Puis les Cercles de fermières l’ont sollicitée. Elle s’est déplacée dans plusieurs villes et villages du Témiskaming ontarien et québécois. Suzanne Gauthier a même donné de la formation dans le village éloigné de La Reine, au nord de Lasarre en Abitibi.
À La Reine, l’accueil l’a touché : «On est dont contente que tu te sois déplacée pour nous. Maintenant on peut ajouter ce genre d’artisanat», s’est-elle fait dire. «Vu l’éloignement, ces femmes ont peu de ressources. Depuis presque dix ans, j’y vais deux fois par année», affirme Suzanne Gauthier.
La contrepointiste prend beaucoup de plaisir à enseigner son art. «Les dames qui viennent veulent apprendre. On voit tout étape par étape; la courtepointe est comme un casse-tête. Je donne de l’attention individuelle à chacune des personnes; je ne manque jamais de patience et elles sont accrochées dès le premier cours», raconte fièrement Mme Gauthier.

Suzanne Gauthier avec une courtepointe confectionnée pour un survivant des pensionnats autochtones.
L’art de la courtepointe
Une courtepointe est composée de trois épaisseurs. La couche du milieu est la membrane qui lui donnera son aspect matelassé. La courtepointe, c’est l’art de l’assemblage des tissus soigneusement choisis ou à partir de vieux vêtements portés par des êtres chers. Dans les deux cas, l’art de la courtepointe est aussi dans la finesse et la complexité du dessin avec des dizaines de milliers de points de couture lors du picage, et ce, sans que la courtepointe gondole.
La courtepointe est devenue un objet d’art. «C’est comme un trésor que je prends le temps de regarder», dit Suzanne Gauthier.
Une courtepointe prend beaucoup de temps à réaliser : elle devient un objet intime avec une grande valeur émotive. Elle ne se vend pas; elle se donne et fera partie d’un héritage. «Ça vient chercher les émotions; c’est sentimental. Quand je fais une courtepointe, c’est ma mère qui la fait», confesse-t-elle.
Cet article publié dans Le Voyageur du 28 juin contient de l’information supplémentaire sur la boutique et l’engagement social de Mme Gauthier. Pour ne rien manquer, abonnez-vous!