le Mercredi 15 janvier 2025
le Mercredi 22 novembre 2023 16:15 Arts et culture

Immersion chez les Troubadours en répétitions pour le spectacle de Noël

La répétition des Troubadours à une semaine de leur spectacle. — Photo : Mehdi Mehenni
La répétition des Troubadours à une semaine de leur spectacle.
Photo : Mehdi Mehenni
Grand Sudbury — Place des Arts, mercredi 15 novembre. Il est 19 h 30. Une mélodie berçante entonnée à l’unisson provient de la Zone au 2e étage : «Que la paix soit sur le monde pour les cent-mille ans qui viennent, donnez-nous mille colombes à tous les soleils levants…». La troupe communautaire bilingue Les Troubadours a eu l’amabilité d’accueillir Le Voyageur pour une de ses dernières répétitions. Ils se préparent pour leur spectacle de Noël, prévu le samedi 25 novembre.
Immersion chez les Troubadours en répétitions pour le spectacle de Noël
00:00 00:00

Louna, une chienne de race berger allemand, se laisse bercer, le temps d’une petite sieste, sous le siège de sa propriétaire. 

Photo : Mehdi Mehenni

Dans la salle, la vingtaine de choristes, paroles imprimées en main, suivent la cadence donnée par leur directrice, Stéphanie Doyle, sous les accords au piano du très discret Michel Giroux. 

La mélodie est enveloppante et donne chaud au cœur en ces premiers froids hivernaux. 

Jacqueline Gauthier, animatrice du spectacle, observe la troupe avec attention. Elle se montre exigeante. «C’est magnifique sur le plan musical, mais il y a matière à aller chercher plus sur le plan émotif. Nous sommes à une période où il y a la guerre partout à travers le monde et cela fait mal. C’est la paix dans le monde que nous conjurons à travers cette chanson. Cela doit ressortir dans votre interprétation», lâche-t-elle tout d’un coup. 

La troupe marque un silence. Puis, une voix lance : «Tu veux qu’on fasse pleurer tout le monde?». Des éclats de rire fusent dans la salle.

Stéphanie Doyle intervient : «Tu vois bien que nous travaillons fort…!». 

«Je sais, mais vous êtes à une semaine du spectacle», renchérit Jacqueline Gauthier, qui est notamment ancienne présidente de la chorale communautaire. 

Une petite discussion suivra, en aparté, entre la directrice de la chorale et l’animatrice du spectacle. Les répétitions reprennent de plus belle. Dans la joie et la bonne humeur. Tout le monde passe à la chanson suivante. Sans rancune ni animosité aucune. 

C’est alors que Stéphanie Doyle met la barre plus haute. Elle engage sa troupe sur une chanson en latin, Voces Luces, cette fois-ci sous le regard admiratif de Jacqueline Gauthier. 

Elle est beaucoup moins sévère avec la troupe au micro du Voyageur : «Ils sont déjà très très bons. C’est une très belle chorale avec plein de gens qui chantent par amour pour la musique, essentiellement. Mais j’essaie de donner quelques indices et faire ressortir les nuances, pour apporter de l’émotion», souligne l’animatrice, qui est aussi enseignante des produits culturels du Canada à l’Université Laurentienne.

La directrice de la chorale, Stéphanie Doyle.

Photo : Mehdi Mehenni

Pour l’amour de la musique 

Céline Maitland et Sylvie Tremblay-Minor ont fait le déplacement depuis Chelmsford. Les deux amies font du covoiturage depuis la mi-septembre pour participer aux répétitions. 

«Je n’aime pas prendre le volant le soir. Je profite alors pour me faire conduire par Céline. J’avais arrêté de participer à la chorale en 2017, par manque de temps. La covid-19 a suivi. Je marque alors mon retour, cette année. Cela m’avait manqué de chanter en groupe», témoigne Sylvie Tremblay-Minor. 

Céline Maitland, elle, vie sa première expérience parmi les Troubadours. «Je chante à la maison, dans la cuisine, sous la douche ou pendant que je roule en voiture. Mais c’est la première fois que je chante dans une chorale. Certaines chansons sont difficiles à apprendre en si peu de temps, comme celle que nous venons de répéter en latin. Mon conjoint et mes enfants m’encouragent», confie-t-elle.

Des chansons de cuisine et autres d’Afrique 

La troupe enchaine avec La Tourtière : «À part la patate, la patate à porc, le ragout de pattes, la soupe au pois. Qu’est-ce qu’on dévore ? Mais la tour, tour, tour, la tourtière…». Par moment, Stéphanie Doyle se lâche et appuie ses choristes de sa voix qui porte. Cela semble leur donner plus d’assurance. 

Les Troubadours, étant la seule chorale non religieuse du Grand Sudbury, le répertoire qu’elle prépare pour le spectacle de Noël est particulièrement diversifié. Il est également pas mal inclusif, puisqu’il compte des chansons africaines dans lesquelles se reconnaitront bon nombre d’immigrants. 

«Nous avons des chansons de cuisine, de fêtes et de vin, de folklore, d’amour et de paix, pour une heure et demie à deux heures de spectacle. Il y aura des chansons que le public chantera certainement avec nous», assure Stéphanie Doyle. 

La dirigeante de la troupe a même fait de la place à la composition d’une participante. La chanson s’appelle More, More, More. Elle est de l’artiste Darlene.

En prolongations à l’UTA

Le président de la troupe, Patrick Breton, fonde beaucoup d’espoir sur le spectacle. Il fait partie des trois hommes qui chantent dans la troupe. 

«Nous avons enregistré notre retour en présentiel en janvier 2023 pour préparer le spectacle de la Saint-Jean-Baptiste en juin, mais nous n’étions pas au grand complet. Là, nous sommes plus nombreux et notre partenariat pour la première fois avec La Slague permettra d’élargir nos horizons», espère-t-il. 

Le spectacle ne s’est pas encore produit et il a déjà donné des idées aux organisateurs de l’Université du troisième âge de Sudbury (UTA). Stéphanie Doyle sera l’invitée d’un déjeuner-causerie le 3 décembre à 11 h 30, à l’hôtel Northbury. La directrice de la chorale Les Troubadours abordera le thème «Pourquoi chanter». 

L’une des organisatrices du brunch, Diane Labelle, affirme qu’en plus de partager son expérience, l’invitée fera chanter les participant·e·s en canon. 

«Les personnes qui font une différence dans la communauté inspirent d’autres à suivre le pas. Par leur leadeurship, ils incitent les autres à l’action. Les personnes dans ce demi ou quart d’âge au sein de l’UTA ont aussi beaucoup à contribuer par leur expérience de vie», promet Diane Labelle. 

Stéphanie Doyle, qui affirme que le chant lui a fait construire des ponts, dit avoir hâte de partager sa passion et son histoire.

Ce texte est plus long dans le journal Le Voyageur du 22 novembre 2023. Pour ne rien manquer, abonnez-vous

Vous pouvez aussi avoir un avant-gout exclusif sur la page Facebook Les amis du Voyageur, où nous avons publié une vidéo exclusive de la pratique.