David Robquin a posé ses valises à Ottawa en 2016 après avoir quitté son poste de travail en France, dans le domaine de la scène artistique. Son premier et actuel emploi est à l’Association des professionnel.le.s de la chanson et de la musique (APCM).
Lorsque Stef Paquette l’a rencontré dans les couloirs de l’APCM, qu’il a présidé pendant trois ans, il ne lui soupçonnait pas un talent artistique.
«Il y a plein de monde comme ça. Tu n’as pas idée qu’un talent de créateur musical se cache derrière. Je croyais que c’était un gars de la France venu juste travailler ici», témoigne Stef Paquette.
Mais au sortir de la période de pandémie, David Robquin invite Stef Paquette à venir écouter son numéro dans un spectacle. Sa performance était programmée à 23 h 30! «J’ai presque 50 ans, voyez-vous! Mais je me suis dit, puisqu’il me l’a demandé, je vais être là. Je l’ai écouté. Le lendemain, je lui ai donné mes observations», raconte Stef Paquette.
David Robquin a saisi sa chance. En septembre 2023, il a sorti son premier album Sous la fourrure. Le jeu de mot n’est pas déplacé, puisqu’il ne vise pas la peau de l’écureuil noir qu’il a choisi pour nom d’artiste. C’est plus une métaphore pour dire combien il se dévoile à travers ses textes.
Il y a même quelque chose d’anecdotique, voire de mi-innocent dans le choix de son nom d’artiste. Il faut dire que David Robquin s’est fait longtemps prier par le public, à la PdA, avant de lâcher le morceau : «Je venais d’arriver au Canada. Une personne que j’avais croisée par hasard m’avait affirmé que les écureuils noirs n’existaient qu’à Ottawa. Je l’ai cru sur parole, ne réalisant pas sur le moment que ça pouvait être une blague!»
L’armure
Ce nom d’artiste, David Robquin en a fait une armure. C’est en tout cas ce que laisse entendre sa chanson Les regards : «Sous les trainées de nos entailles,
Revêtus de nos murailles, À l’abri des regards, Sous les trainées de nos entailles, Revêtus de nos murailles, À l’abri des regards, Du plus profond de nos entrailles, L’humanité de nos failles, À l’abri des regards, Du plus profond de nos entrailles, L’humanité de nos failles, À l’abri des regards».
C’est ainsi que Stef Paquette a pensé à inviter Squerl Noir à se produire à Sudbury. «Je me suis dit que David a sorti un album il n’y a pas longtemps. Je l’adore ce jeune-là. C’est un bon travailleur. Il arrive de France. Il s’est taillé une place. Il travaille depuis plusieurs années à l’APCM à promouvoir d’autres artistes-membres, dont moi-même. Je me suis dit, c’est l’occasion de lui offrir une scène.»
Ce n’est pourtant pas le style dans lequel chante Stef Paquette. Il dit, cependant, qu’il a depuis toujours adoré le hip-hop. «J’en ai écouté à la tonnes dans les années 1990. J’ai toujours voulu être rapeur, mais je ne suis juste pas bon à ça.»
C’était par pure humilité. Il fallait écouter Stef Paquette chanter sur un mood hip-hop Tous Unis, en duo avec Squerl Noir. Avec sa tuque jaune, Stef Paquette bougeait aussi comme un rapeur. Une facette de lui que le public ne connaissait pas, à vrai dire.
Il faut dire aussi que le public s’attendait à voir Stef Paquette occuper la grosse majorité du spectacle. Mais l’artiste franco-ontarien a préféré donner la place à son invité d’Ottawa, qui s’est fait accompagner par Shawn Jobin, un artiste fransaskois qui mixe hip-hop et techno. Les deux amis, qui ont des projets, en ce moment à Québec, ont fait 11 heures de route, avec les aléas de la neige, pour se rendre à la capitale du Nickel.
Le public n’était pas moins satisfait. Daniel Pilon, qui n’est pas un grand admirateur du style hip-hop, donne son impression : «Ce n’est pas mon genre de musique, mais j’ai aimé les paroles, parce que c’était doux.»
Jean-Marie Messier abonde dans le même sens : «Les paroles des chansons sont venues me chercher. Il a pu exprimer ses émotions au lieu de livrer un ras-le-bol qu’on connait habituellement à ce style de musique. Il a exprimé ce qu’il vit au fond de lui-même, au lieu de mettre en cause la société.»
Diane Labelle a vu, elle, se produire «un artiste avec un pinceau». «Son énergie faisait partie des chansons et son corps se propulsait comme sur une trampoline. Son corps était aussi une forme d’expression. J’avais envie de sauter avec lui», lâche-t-elle.