«C’est un coup de cœur depuis plusieurs mois, dès que je l’ai découvert, son univers, son album Ma délire (2021), j’ai vraiment fait un deep dive. La rencontrer pour la première fois et la faire présenter au public sudburois, ça ne peut être qu’une belle ouverture», lance Christian Pelletier, cofondateur et codirecteur artistique du festival Up Here.
Myriam Gendron a fait part au Voyageur de sa première expérience au festival Up Here. Sa crainte était de se retrouver dans un espace où elle ne peut pas créer de l’intimité. «Si c’est juste un gros stage en plein soleil, avec de la pelouse à perte de vue, c’est difficile de créer un moment d’intimité», confie-t-elle.
Le public était très attentif dans l’espace du Refettorio, cet endroit construit expressément pour créer ce genre d’effet. Myriam Gendron en était très surprise.
Elle n’était la seule à l’être, d’ailleurs. Un des participants au spectacle, l’artiste local Emilio Portal, qui a assisté pour la première fois à une performance de Myriam Gendron, livre son sentiment : «C’était très personnel, très sincère… C’est une musique très lente et qui donnait l’impression de nous aspirer. Elle a aussi un talent incroyable pour le loop d’enregistrement (NDLR, le bouclage, un dispositif qui consiste à répéter une partie d’un morceau). Elle se sert de sons très différents et intéressants. C’est difficile de repérer quel est son style de musique, mais c’est ce qui rend sa musique d’autant plus authentique».
Le processus de création
Myriam Gendron a raconté comment elle s’est prise pour la création et la combinaison des sons de l’une de ses chansons phares, Au coeur de ma délire, une chanson qui avait laissée, ce soir-là, le public bouche bée, tant il lui a fallu un moment pour reprendre ses esprits, après la fin de la chanson.
Elle avait, en effet, décidé d’enregistrer des bruits de sons de son environnement, durant une de ses résidences artistiques, dans un vieux moulin qui s’est converti en atelier de réparation de bateaux.
De là, on entend des machines qui servaient à la réparation, les bruits de la nature, la voix du propriétaire Daniel St-Pierre, sa petite fille qui n’avait que 2 ans à l’époque, la radio… etc.
«J’étais dans un creux, je ne savais pas trop qu’est-ce que j’allais faire, et je me suis forcée à recréer quelque chose de nouveau», raconte-t-elle.
Puiser dans la poésie et les œuvres anciennes
Une spectatrice, qui a préféré garder l’anonymat, a, quant à elle, trouvé l’introduction et les paroles très touchantes, mettant en lien la bibliothécaire que fut Myriam Gendron dans sa vie professionnelle et le choix minutieux des mots qu’elle met sur sa musique.
«C’était en toute douceur et avec les chansons qu’elle est allée chercher dans d’anciennes œuvres, grâce à ses recherches, comme il s’agit d’une bibliothécaire. C’est vraiment intéressant de l’entendre et on voit que les paroles sont très importantes pour elle. On se laisse bercer par ses mots, on se laisse emporter dans son univers…».
Myriam Gendron a fait savoir, à ce propos, qu’elle a travaillé ses textes suivant une interprétation autour de la poésie de l’écrivaine américaine Dorothy Parker, après avoir lu ses œuvres.
Au début de l’expérience, elle ne réalisait pas vraiment qu’elle était en train de faire un album quand elle avait commencé ce projet. «C’était sans réfléchir. Je lisais les poèmes de Dorothy Parker et j’écoutais de la musique».
Ainsi estné son premier album Not so deep as a well, en 2014. Elle a sorti trois autres albums depuis, dont le dernier en 2024, Mayday, qui aborde plutôt le thème du deuil, une épreuve qu’elle a surmontée lors de la perte de sa mère, en 2022, au moment où elle était engagée dans une tournée. «C’était une année difficile à travers tout ça. Et c’est de ces épreuves que Maday est né».
Au sortir du spectacle, le public était comme toujours absorbé par sa musique.