En plus d’avoir participé à la réussite de l’évènement, c’était une occasion pour elles et pour eux de partager leurs cultures, d’apprendre et de s’exprimer dans les deux langues officielles du Canada.
Une ancienne spectatrice qui met la main à la pâte
Afin de gérer le grand nombre de bénévoles, le comité d’organisation du festival Up Here 10, a embauché Emmanuelle Gauvreau pour remplir le poste de coordination des bénévoles. La coordinatrice a fait le voyage d’Ottawa pour prendre ses responsabilités une quinzaine de jours avant le début du festival.
Il ne s’agit ni de son premier contact avec l’évènement ni de sa première visite à Sudbury. D’ailleurs, et c’est grâce à l’édition de Up Here, organisée en 2019, qu’elle a eu la chance de visiter la ville. C’était surtout l’occasion de détruire l’ornière des préjugés qu’elle avait au sujet de Sudbury.
«J’avais entendu plein de choses sur Sudbury. Tout le monde me décourageait vraiment d’aller là. Puis, j’avais plein de préjugés par rapport à la ville. Quand je suis arrivée, j’ai vu combien le sens de la communauté était présent, ici. Pas seulement dans le festival, mais aussi en dehors de l’évènement lui-même. Ça m’a vraiment touchée».
Emmanuelle Gauvreau a voulu saisir la chance pour revenir à Sudbury pour être une partie prenante du festival. «J’apprécie encore plus Up Here maintenant, en étant impliquée, parce que je vois justement tout le travail qui est caché. Peut-être, quand j’étais spectatrice, je sentais la magie. Là, maintenant, je sens la magie et la recette de la magie», souligne-t-elle.
Pour ce qui est de ses tâches, la coordinatrice répartit le travail à accomplir par les bénévoles, suivant les disponibilités, les intérêts et les habilités de chacun, en s’assurant que tous les bénévoles ont reçu les formations nécessaires, notamment en matière de secourisme et de prévention contre les agressions sexuelles.
Tout au long du festival, elle veille à ce que tous les besoins de son équipe de bénévoles soient pris en charge. Une bienveillance qui semble requise puisque «le festival dépend énormément des bénévoles. Ça serait presque impossible de faire tout le travail sans eux», atteste-t-elle.
La 10e édition du festival a enregistré le retour d’anciens bénévoles. Cependant, le comité a accordé l’opportunité à beaucoup d’étudiants internationaux afin de mener l’expérience de bénévolat. Aussi, à des élèves du secondaire qui doivent comptabiliser certaines heures de bénévolat.
Bien que le travail des bénévoles ne soit pas rémunéré, il est, en l’occurrence, récompensé. Le festival offre des badges d’accès à certains spectacles en fonction du nombre d’heures effectuées. L’expérience de rencontrer les artistes et les membres de la communauté reste la rétribution la plus désirée des bénévoles de Up Here 10.
Une carrière en bénévolat
Dans un esprit très communautaire, Emmanuelle Gauvreau tenait à souligner le gros du travail qu’effectue son assistante Chimdinma Kingsley-Emerenwa et à reconnaitre les efforts que cette dernière déploie pour l’appuyer. La bénévole donne son temps à la communauté et met à sa disposition ses aptitudes depuis sa 10e année à l’école.
Elle a à son compte trois expériences de bénévolat avec le festival Up Here et une quatrième en tant qu’assistante à la coordination. «J’aime beaucoup l’expérience, c’est pour cela que je continue de revenir», dit-elle. «La première fois, je l’ai fait pour l’école. Je devais effectuer des heures de bénévolat dans le cadre de mes études. Je devais comptabiliser 40 heures. C’était le fun d’être dans un festival de musique».
En dépit de sa charge de travail, le festival a permis à Chimdinma Kingsley-Emerenwa de rencontrer l’artiste TOBI. «J’ai entendu parler de ses chansons, mais je ne connaissais pas son visage», déclare-t-elle. C’est grâce au festival que des artistes qui ont l’habitude de jouer dans les grandes villes, comme Toronto, viennent à Sudbury.
La bénévole estime que la ville «n’est plus ennuyante». En plus, le festival était une occasion, pour elle, en tant qu’anglophone, de rencontrer la communauté francophone. Le bénévolat reste donc pour elle «une excellente façon pour nouer de nouveaux liens d’amitié et de revoir des amis de longue date».
Faire la route pour aider
Nicole Winckel est originaire de Sudbury, mais habite, actuellement, à Ottawa. Elle a conduit plus ou moins cinq heures pour donner un coup de main à sa communauté et à son festival préféré. «Je viens chaque année pour faire du bénévolat. Quelquefois, je viens juste pour assister au festival. J’adore Up Here. C’est mon festival favori». C’est sa grande dévotion pour le festival qui appuie son désintéressement financier. La bénévole est très fière de couvrir elle-même ses frais de déplacement pour contribuer au bon déroulement du festival.
Nicole trouve l’expérience amusante, mais aussi enrichissante. Pour elle, le festival offre une panoplie de voies pour mettre au banc d’essai les aptitudes des bénévoles. Elle a donc fait du bénévolat dans plusieurs sections, à savoir : l’accueil des artistes, la construction, l’installation des œuvres, etc.
Elle a, également, aidé lors de la journée familiale. «C’est très amusant, mais il faut que tu travailles fort». La quinzaine d’heures que Nicole Winckel a consacrée à Up Here lui a permis de rencontrer des artistes, mais aussi de dialoguer avec eux. Passionnée d’art, la bénévole a pu aussi découvrir les histoires qui se cachent derrière les différentes murales.
Bien que les festivals organisés à Ottawa et à Sudbury ne soient pas comparables, dit-elle, en termes de moyens et capacités, Nicole Winckel, qui est une bénévole chevronnée et une habituée des festivals, insiste sur la particularité du Festival Up Here. «Je vois la différence de taille, mais il y a une magie que tu reconnais à Up Here.
Il y a un élément familial et unique à Up Here que je remarque moins dans des festivals plus grands». Véritablement, ce n’est pas la grandeur du festival qui favorise l’entraide entre les bénévoles et l’ensemble du comité d’organisation.
Une bénévole nouvellement arrivée
Arrivée il y a à peine quatre mois au Canada, Audrey Selle Ekwa, une immigrante d’origine camerounaise, a effectué 25 heures de bénévolat dans le cadre du festival Up Here 10. Sa recherche avant d’arriver au Canada sur l’intégration dans la communauté lui a permis de fouler le sol avec l’intention de constituer son carnet d’adresses par l’entremise du bénévolat. «Il faut bâtir son réseautage et avoir le maximum de contacts possibles. J’allais sur Eventbrite pour chercher des évènements à Sudbury », dit Audrey Ekwa.
La bénévole semble agréablement surprise par la culture de bénévolat dans la communauté. «Dans mon pays, une centaine de bénévoles est, en fait, une petite entreprise. C’est toute une main-d’œuvre», commente-t-elle en riant. Il s’agit d’une autre culture pour la nouvelle arrivante et de tout un apprentissage du sens de bénévolat. «Plusieurs sont capables de court-circuiter leurs activités de la journée et créer de l’espace pour juste comme ça travailler sans rien attendre en retour», ajoute-t-elle, l’air fascinée.
Étant sa première expérience de bénévolat, Audrey Ekwa atteste du bon accueil, en français, qu’elle a reçu de la Coordonnatrice des bénévoles, Emmanuelle Gauvreau, et de la confiance que les techniciens lui ont accordée pour la mise en place de certaines installations. Sa contribution lui a permis de faire valoir ses compétences techniques, mais aussi de développer un réseau social, culturellement diversifié.
«Ça m’a permis de brasser avec beaucoup de cultures, des Indiens, des Canadiens, etc. Ça m’a permis de connaitre d’autres personnes. C’était une belle expérience.» Audrey Ekwa était fière de partager cette expérience avec ses compatriotes au Cameroun. La leçon qu’elle en a pu tirer : «il n’y a rien de plus beau que de donner son temps pour quelqu’un parce que c’est quelque chose qui ajoute de la valeur à la personne», conclut-elle.
L’esprit de bénévolat ne s’est pas limité au centre-ville. À vrai dire, il s’est répandu un peu partout dans la ville. Christian Pelletier, cofondateur et codirecteur artistique du festival confirme au Voyageur que des membres de la communauté ont répondu à l’appel et ont ouvert leurs portes pour accueillir les bénévoles et même certains artistes venus de loin.
C’est ainsi que l’art vient raconter, encore une fois, l’essence de la communauté sudburoise.