le Dimanche 6 octobre 2024
le Mercredi 11 septembre 2024 16:00 Arts et culture

Des panels sur la langue Anishinabe, la généalogie et le traité Robinson-Huron

Un ainé enseigne l'histoire de la Création à de jeunes enfants. — Photo : Donald Dennie
Un ainé enseigne l'histoire de la Création à de jeunes enfants.
Photo : Donald Dennie
Plus de 500 personnes, pour la plupart des membres des Nations Anishinabe environnant la côte est du lac Huron, ont participé dimanche dernier, à Lively, à des panels, à l’occasion du Rassemblement de 2024 du traité Robinson-Huron dont le thème était «Rendons hommage à nos ancêtres» (Honouring our Ancestors).
Des panels sur la langue Anishinabe, la généalogie et le traité Robinson-Huron
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Ce traité, signé en 1850 entre les Premières Nations du lac Huron et la Couronne britannique, a eu pour conséquence de reléguer les Anishinabe sur des territoires restreints qu’on appelle des réserves afin de permettre aux colonisateurs d’exploiter les ressources naturelles de la région.

Ce rassemblement, qui s’est tenu sur le terrain du Musée de la ferme Anderson à Lively, une municipalité de la Ville du Grand Sudbury, a donné lieu à de nombreux panels et de présentations individuelles  portant sur différents sujets reliés au traité, à la revitalisation de la langue Anishinabe ainsi qu’à la généalogie, entre autres.

La question de l’identité collective et individuelle a été longuement discutée lors d’un panel intitulé Holding Government, Institutions and Industry Accountable (Responsabiliser le gouvernement, les institutions et l’industrie). L’animatrice de ce panel de quatre membres, Sam Restoule, a résumé les propos de Scott McLeod, Jason  Batise, Stacy Tijerina et Leroy Bennett en déclarant que les Anishinabe devaient apprendre qui ils étaient ainsi que s’affirmer en tant que Nation.

«Il ne suffit pas pour une personne de déclarer qu’elle avait un ou une ancêtre, il y a cinq ou six générations pour lui donner une identité autochtone», a noté Mme Tijerina. 

«L’identité Anishinabe, c’est beaucoup plus qu’une généalogie. Elle repose sur des liens solides avec une nation autochtone qui a une langue et une culture distincte».

Plusieurs membres du panel ont aussi affirmé qu’il ne suffisait pas, comme ce fut le cas dans certaines universités, de s’identifier comme autochtone sans preuve, sans avoir ce lien avec une nation. Ils ont reproché au gouvernement ontarien de ne plus avoir de critères pour reconnaitre une personne qui se déclare autochtone alors qu’autrefois, il était sévère au point de ne pas reconnaitre l’identité de vrais autochtones. 

«Aujourd’hui, le gouvernement ne veut offusquer personne, alors il reconnaît n’importe qui comme Anishinabe», a déclaré M. McLeod.

La Loi sur les Indiens (Indian Act) de 1876 a créé une fragmentation des nations autochtones et a défini qui en était membre. «Nous devons retirer cette définition de la Loi car cette question nous appartient, a précisé M. Batise. Nous seuls devons et pouvons définir qui est et n’est pas Anishinabe».

Les membres du panel étaient unanimes pour dire que les Nations devaient nourrir de bonnes relations avec les institutions telles les universités afin de développer des politiques qui sont justes envers les autochtones. Dans cette optique, il est nécessaire de s’affirmer, ont-ils dit.

Mise en vigueur du traité

Un deuxième panel organisé sur l’estrade principale dimanche après-midi a porté sur la mise en vigueur du traité. Lors de sa signature en 1850, la Couronne devait remettre des rentes à chaque membre des Nations Anishinabe. Au début, cette rente était d’environ un dollar par personne annuellement. En 1875, cette rente a été augmentée à quatre dollars et est demeurée ainsi depuis lors, bien que le gouvernement provincial ait récolté des milliards de dollars en revenu pour l’octroi de permis pour l’exploitation de ressources naturelles sur les terres des Nations. Suite à de longues négociations avec le gouvernement provincial, ce dernier a accepté récemment de distribuer une rente de 10 milliards de dollars aux membres des 21 Nations Anishinabe. Les négociations en vue de déterminer le montant de la rente annuelle dans les années futures se poursuivent.

Les cinq membres de ce panel ont aussi été d’accord que l’identité Anishinabe passait par un lien étroit avec la Nation, laquelle comprend la terre, le langage, la loi autochtone, la culture et le peuple. Ils ont été unanimes pour dire qu’il était important de savoir «qui nous sommes et quels sont nos droits. Il ne revient pas aux gouvernements fédéral et provincial de dire quels sont nos droits».

Les membres du panel, quatre chefs de Nations, soit Angus Toulouse, Patsy Corbiere, Craig Noochtai et Larry Roque ainsi que Dean Sayers, ont tous rappelé l’importance pour les jeunes de réapprendre le langage Anishinabe. M. Sayers a mentionné que l’éducation était importante et que les Nations devraient avoir un certain contrôle sur les programmes d’enseignement destinés aux jeunes autochtones des niveaux primaire et secondaire.

Enfin, ils ont mentionné la nécessité d’entretenir de bonnes relations avec les entreprises de ressources naturelles, mais que ces relations devaient reposer sur le fait que les Nations assurent la protection de la terre, de l’eau et de l’environnement avant que toute exploitation n’ait lieu.

Le rassemblement s’est terminé lundi par des présentations des aîné.es et par des discours de la cheffe de l’Assemblée des Premières Nations, ainsi que de la cheffe du Grand conseil de la Nation Anishinabe.