Ils sont six. Cinq de l’Ontario, dont Daniel Sauvé de North Bay, guitariste et leader du groupe, et le bassiste Xavier Bélanger de Timmins. Les autres viennent d’Orléans, de Casselman et de Lefaivre. La sixième roue, et non moins importante du carrosse, est la chanteuse Cathy Vallières, de Louiseville au Québec. «Elle, on l’a adoptée», lance à la blague Daniel Sauvé.
Celui-ci se rappelle que c’est en 2009, à Montréal, que le groupe de hard rock a véritablement pris son envol avec l’arrivée de Cathy Vallières. Une Québécoise dans un groupe franco-ontarien ? Rien de plus normal pour le leader de Règlement 17. Rappelons-nous que le funeste règlement adopté en 1912 par le gouvernement ontarien «limite l’enseignement en français et son usage comme langue de communication aux deux premières années du primaire», tel que le mentionne le site du Centre de recherche en civilisation canadienne-française de l’Université d’Ottawa. Aussitôt, la mobilisation s’organise, même au Québec. « On était tous des Canadiens français à l’époque», comme le précise Daniel Sauvé.
Prendre le nom d’un tel fait historique n’est donc évidemment pas anodin. «On s’est approprié le nom Règlement 17 pour une raison, explique le leader-guitariste. C’est une histoire de résistance, de résilience et de persévérance.» Sur la feuille de route de Règlement 17, il y a des chansons qui portent au combat comme Le silence qui tue. «On a fait le choix de faire de la musique qui ne cadre pas facilement dans l’industrie franco-canadienne, explique Daniel Sauvé. C’est dans notre ADN d’essayer des affaires différentes.» L’album Contre courant en est un bon exemple. À cet album paru en 2021, viennent se greffer deux autres albums, 2 EP, 4 titres et 5 vidéoclips. Outre des collaborations au fil des ans avec, entre autres, Stef Paquette, Joly ou encore LeFLOFRANCO, artiste à la musique multicolore de la région d’Ottawa-Gatineau, Règlement 17 a notamment été récompensé en 2023 au gala Trille Or, en recevant le Prix du public.
Festivités
Pour marquer son 15e anniversaire, au lieu de faire une grande tournée, Règlement 17 a plutôt préféré s’arrêter à la mi-novembre à deux endroits : Ottawa, le 9 à La Maison de la Francophonie d’Ottawa et une semaine plus tard à Hearst. «On ne voulait pas vraiment une grosse tournée, explique Daniel Sauvé. C’est plutôt une proposition de partenariat. On voulait créer une exclusivité pour des régions. Un arrêt dans le grand nord et un autre à Ottawa.»
Son collègue Xavier Bélanger est d’avis que ce qui a été proposé dans les concerts ontariens a donné la chance à son groupe «de mettre ensemble une production rock et d’offrir une expérience de spectacle unique au spectateur. Vous savez, un spectacle de Règlement 17 est un phénomène qui est bien différent que simplement écouter notre album ou nos chansons en ligne.»
D’ailleurs, le communiqué, qui annonce le 15e anniversaire du groupe franco-ontarien, mentionne à propos des spectacles que «la production agence plusieurs éléments visuels et plein de petites surprises qui sauront élever la performance déjà électrisante du groupe.»
Ancré dans son milieu
Le spectacle dans le nord de l’Ontario tout comme la participation de Règlement 17 au Festival de la Grande Révolte à North Bay au printemps de 2025, marque comme un retour aux sources dans le nord-est ontarien pour Xavier Bélanger et Daniel Sauvé.
Membre du groupe depuis 2011, le bassiste se rappelle que le goût de la musique lui est venu quand il était à Timmins. Il a même participé deux fois au concours organisé dans les écoles Quand Ça nous chante en 2011 à North Bay et l’année suivante à Timmins. «Je me sens chanceux d’avoir commencé mon trajet dans le nord, confie Xavier. Il y a tellement de monde avec des talents musicaux dans cette région. Certains musiciens qui m’ont influencé viennent du nord et je suis toujours émerveillé par leur connaissance et leurs talents! Ça doit être dans l’eau!»
Quant à Daniel Sauvé, cet ancien président de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM), considère qu’il a toujours eu un appui de la part de sa ville natale, North Bay. «C’est mon chez moi.»
D’ailleurs le sextuor a profité de son passage dans le nord-est ontarien pour «casser» deux nouvelles chansons dont Les dés sont jetés.
Soutenu notamment par le Conseil des arts de l’Ontario, l’événement a permis aux amateurs de musique rock alternatif d’entendre la voix de Cathy Vallières, telle une Ferrari, se mêler aux accords des guitares, du clavier, de la batterie et du violon. Tout ça pour 35 $ le billet, 25 $ pour les étudiants. Questionné sur le coût fort raisonnable du prix d’entrée, Daniel Sauvé est conscient que, pour un groupe qui n’a pas nécessairement la super machine derrière lui, «c’est dur de faire sortir le monde. Il faut trouver le ballant entre ce qui est abordable et ce qui ne donne pas l’impression d’être un petit show cheap de bar.» Mais comme il croit fermement en sa francophonie et sa culture, si c’était juste pour l’argent, Daniel Sauvé assure qu’il aurait abandonné son projet : «Vous savez, il y a beaucoup de métalliques qui ont abandonné avec le temps.» Pourtant, 15 ans plus tard, Règlement 17 est toujours là. Gageons qu’il durera plus longtemps que le satané règlement 17 mis en veilleuse en 1927.