le Lundi 13 janvier 2025
le Dimanche 10 Décembre 2023 6:45 Éducation

Quand le chant ravive les souvenirs le temps d’une causerie-déjeuner

L’invitée du déjeuner-causerie de l’Université du troisième âge, la directrice de la chorale Les Troubadours, Stéphanie Doyle, a parlé du thème «Pourquoi chanter». — Photo : Mehdi Mehennni
L’invitée du déjeuner-causerie de l’Université du troisième âge, la directrice de la chorale Les Troubadours, Stéphanie Doyle, a parlé du thème «Pourquoi chanter».
Photo : Mehdi Mehennni
Grand Sudbury — Un public qui se prête facilement et presque naturellement au chant a pris part à la causerie-déjeuner mensuelle de l’Université du troisième âge de Sudbury (UTA) le dimanche 3 décembre. L’invitée, la directrice de la chorale communautaire les Troubadours Stéphanie Doyle, a ravivé les mémoires au point où des souvenirs remontant aux années 1940 ont refait surface dans la salle.
Quand le chant ravive les souvenirs le temps d’une causerie-déjeuner
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Enfant, Stéphanie Doyle se faisait interpeler chaque matin par sa maman pour ne pas manquer son autobus scolaire alors qu’elle chantait et jouait au piano.

Evelyne Dutrisac, Stéphanie Doyle et Diane Labelle en grande conversation après le brunch

Photo : Mehdi Mehennni

À l’Université, elle s’est engagée dans un programme de gérontologie (étude de la vieillesse et du vieillissement), avant de changer pour la sociologie. Pareil. Elle s’ennuyait. Le troisième choix était le bon : un bac en musique, entamé à l’Université Laurentienne et achevé à l’Université York, à Toronto. 

En partageant sa passion pour le chant avec plus de 70 participant·e·s à la causerie-déjeuner mensuel de l’UTA, la directrice de la chorale communautaire Les Troubadours a confié qu’elle fredonne des airs dans son cœur même lorsqu’elle fait de la suppléance dans les écoles, comme elle est également enseignante à temps partiel. 

Le chant et la musique l’habitent et elle a réussi à transmettre avec brio cette fibre aux participant·e·s de la causerie-déjeuner. Ils se sont laissés prêtés au jeu, entonnant en canon Chante Noël, dans la salle de conférence de l’hôtel Northbury. 

Il faut dire que les participant·e·s se sont aussi laissé convaincre grâce à la liste des bienfaits du chant sur la santé dressée par Stéphanie Doyle. En premier, il y a la production de l’hormone du bonheur, la dopamine. 

«La musique est ma muse»

L’artiste s’est aussi prêtée à l’exercice amusant des questions assez recherchées de Diane Labelle, vice-présidente de l’UTA, qui a animé la rencontre. 

Elle a été poussée jusqu’à ses derniers retranchements, se laissant aller quelquefois à des confidences. «La musique est ma muse. Il faut que je sois triste ou super contente pour composer des chansons», confie-t-elle. 

Stéphanie Doyle ne prend jamais un verre de vin pour réchauffer sa gorge, avant de chanter, par exemple. «Non, dit-elle, cela assèche les cordes vocales». Elle préfère les recettes de grand-mère, comme du jus de citron au miel. 

Elle a d’ailleurs invité le public à faire avec elle une série d’exercices d’échauffements vocaux aussi amusants les uns que les autres. Les participant·e·s avaient comme l’impression de revenir sur les bancs de l’école, tellement les sons fredonnés en canon avaient quelque chose de l’insouciance de l’enfance. 

Denyse Aubin

Photo : Mehdi Mehennni

«Ce n’est plus comme avant»

Le public a eu aussi droit à son petit quart d’heure de questions-interventions. 

Denyse Aubin a partagé son regret de voir le chant moins présent aujourd’hui dans les écoles qu’à son époque. «Tout a été remplacé par des gadgets et des ordinateurs», a-t-elle lancé. 

Denyse Aubin allait, à partir de 1948, à l’école Nolin dans le Moulin à Fleur. Elle se rappelle que la musique était enseignée par le professeur lui-même, alors que les conseillères et conseillers scolaires venaient de temps à autre jouer du piano et faire chanter les élèves. 

Un préambule qui a ravivé la mémoire des autres. Des noms d’icônes de la communauté qui venaient alors faire chanter les enfants dans leurs classes de cours ont commencé à fuser dans la salle. Les noms de Denise Perreault et Suzanne Blais sont revenus souvent. 

Jean-Marie Messier

Photo : Mehdi Mehennni

Jean-Marie Messier a lui aussi bondi de sa chaise pour dire comment ses professeurs avaient traité son bégaiement par le chant quand il était en 3e année. C’était à l’école l’Assomption de Kirkland Lake, dont il est devenu le directeur bien plus tard. Il se rappelle toujours des noms de ses deux enseignantes : Jacqueline Fortin et Laurette Brisson. C’était au début des années 1960. Aujourd’hui encore, lorsqu’il cite l’une de ses enseignantes, il précède son nom par «madame».

La surprise! 

Mais la surprise est venue de l’ancienne institutrice de Stéphanie Doyle à l’école Alliance Saint-Joseph de Chelmsford : Evelyn Dutrisac, professeure d’économie domestique et ancienne conseillère municipale pour Rayside-Balfour. 

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Evelyne Dutrisac

Photo : Mehdi Mehennni

Evelyn Dutrisac a révélé à l’assistance d’où son ancienne élève tenait la fibre du chant.  «Vos grands-parents maternels Louis et Rosée Groulx dirigeaient la chorale de la paroisse Saint-Joseph dont je faisais partie, dans les années 1940. J’ai aussi chanté sous la direction de ta mère, Cécile Doyle à partir des années 1980, dans la même chorale. Puis ton grand-oncle Roland Groux m’a enseigné le chant et la musique et c’est grâce à lui que j’ai été désignée Reine de la musique à l’école Saint-Joseph, à l’âge de 13 ans», s’est-elle remémorée. 

La discussion s’est prolongée après la fin de l’évènement et Evelyn Dutrisac a offert à son ancienne élève des boucles d’oreilles fabriquées par sa propre fille. Un geste qui a beaucoup touché Stéphanie Doyle. Elle les a portées sur le champ. 

«Lorsque j’ai lu l’article du Voyageur Immersion chez les Troubadours en répétitions pour le spectacle de Noël, j’ai décidé de venir prendre part à la causerie-déjeuner et écouter l’expérience artistique de mon ancienne élève. Je suis alors devenue membre de l’UAT depuis ce matin», confie Mme Dutrisac au Voyageur.

Diane Labelle s’est dite satisfaite par le déroulement de la rencontre. Voir les participant.e.s partager leurs expériences, les uns avec les autres, en petits groupes improvisés dans la salle, après la fin de l’évènement, est pour elle «un gage de réussite».

«Nous avons enregistré 10 nouveaux membres-participants pour cette édition, pour ainsi atteindre 73 personnes présentes dans la salle. Cela nous encourage à poursuivre, car le rassemblement de la communauté est important», relève-t-elle. 

La prochaine rencontre aura lieu le 7 janvier, sous le thème «La fraude et comment se protéger». L’invitée de l’UAT sera l’agente de liaison pour les personnes âgées auprès de la police du Grand Sudbury,  Lise Landry.