La 16e édition de l’assemblée générale annuelle (AGA) de l’Assemblée de la Francophonie de l’Ontario (AFO) aura notamment été marquée par l’avenir du programme universitaire francophone au sein de l’Université de Sudbury. Une AGA qui clôture une semaine d’activités placée sous le signe de la vitalité franco-ontarienne.
Pandémie oblige, pour une deuxième année consécutive l’AFO a tenu son congrès annuel de manière virtuelle. Au cours de ce RAV 2021, qui s’est déroulé du 25 au 30 octobre, de webinaires, des heures de réseautage et de nombreuses activités ont eu lieu.
Des rencontres virtuelles notamment sur le sentiment d’appartenance, l’héritage culturel, l’inclusion ou encore le financement étaient au programme.
Des points de vue plutôt qu’un affrontement
La question politique n’a pas été absente des discussions. Ce fut le cas lors de la plénière du 29 octobre, À un an de l’élection provinciale. La rencontre réunissait la ministre des Affaires francophones au sein du gouvernement Ford, Caroline Mulroney, le porte-parole du NPD aux Affaires francophones, Guy Bourgoin, la porte-parole aux Affaires francophones du Parti libéral de l’Ontario, Amanda Simard, et le chef du Parti vert de l’Ontario, Mike Schreiner.
Ce webinaire, qui n’était pas un débat, aura permis tour à tour aux invités en présence de faire part de leurs objectifs face aux questions concernant les Franco-Ontariens. Trois grands thèmes ont particulièrement ressorti de ce rendez-vous animé par le journaliste Éric Robitaille de Radio-Canada : la modernisation de la Loi sur les services en français en Ontario, l’immigration ainsi que la question de l’avenir de l’Université de Sudbury.
Si tous et toutes s’entendent pour dire que les services en français doivent être mieux développés en Ontario afin «de prospérer au lieu de survivre», comme l’a martelé à plusieurs reprises la ministre Mulroney, Guy Bourgoin a tenu à rappeler, tout comme Mike Schreiner, qu’il fallait que cela se fasse en consultation avec l’AFO et d’autres organismes francophones sur le terrain. La ministre a promis que cette modernisation se ferait dans le cadre de l’actuelle législature.
«L’immigration fait partie de la solution pour contrer l’assimilation» a rappelé le député du NPD. Il est ainsi important de faciliter la reconnaissance des diplômes, a poursuivi celui qui représente les électeurs de Mushkegowuk-Baie James. De son côté, Caroline Mulroney a souligné les ententes que son gouvernement a signées, en particulier avec la France «pour créer des corridors d’immigration afin d’attirer les enseignants», compte tenu de la pénurie d’enseignants francophones en Ontario.
Alors que le chef des Verts ontariens favorise une université de langue française à Sudbury et que la création d’un réseau franco-ontarien universitaire «était une idée à explorer», Amanda Simard n’est pas entièrement opposée à ce que l’Université Laurentienne conserve des cours en français, «seulement si ça ne nuisait pas à l’Université de Sudbury». Faisant un parallèle avec ce qu’elle avait vécu à l’Université d’Ottawa, elle a affirmé que «c’était un avantage d’avoir des programmes bilingues», car cela permettait à des anglophones de suivre des cours en français. Un point de vue qui rejoint celui de Guy Bourgoin, qui tient à une institution universitaire par et pour les francophones à Sudbury.
Plus tard sur Twitter, la députée Amanda Simard a précisé sa pensée, indiquant qu’elle favorisait une entente entre les deux établissements pour que les étudiants de la Laurentienne aient accès à des cours en français. (Mise à jour : la version précédente du texte laissait entendre que Mme Simard questionnait le transfert de programmes en français à l’Université de Sudbury, ce qui n’est pas le cas, nous assure-t-elle par courriel.)
Tout en affirmant que l’éducation en français dans le Nord de l’Ontario était une priorité pour son gouvernement, Caroline Mulroney n’a toutefois pas osé se prononcer face à l’incertitude de l’Université de Sudbury «à cause du processus judiciaire en cours». Une réflexion qui a fait bondir Guy Bourgoin et Amanda Simard. «L’aspect juridique concerne uniquement les créanciers et non la francophonie» a répliqué cette dernière.
Les points sur les i
Alors qu’il entame sa dernière année de sa présidence, Carol Jolin n’a pas manqué de mentionner que l’AFO était partie prenante dans ce qui va se passer avec l’Université de Sudbury. L’AFO et la Laurentienne ont d’ailleurs une ordonnance de la cour en ce sens.
Outre le dossier de Sudbury, Carol Jolin a rappelé que l’AFO aura notamment à l’œil, au cours des prochains mois, les élections provinciales, les états généraux postsecondaires, les soins de santé longue durée et la santé mentale, la nomination d’un prochain PDG à TFO et le rapprochement des francophones, notamment avec les Québécois.
De son côté, le directeur général de l’AFO, Peter Hominuk, a tenu à préciser que l’AFO continuerait d’être active en termes d’inclusion et pour lutter contre le racisme. La nomination d’un coordonnateur veillant à l’inclusion dans le cadre du programme AGIR (Accompagnement des groupes identitaires racialisés) va dans ce sens.
Le DG a d’ailleurs fait une mise au point importante par rapport à certaines rumeurs qui semblent circuler : «L’AFO ne bloque aucunement des fonds gouvernementaux destinés vers des organismes représentant des franco-ontariens racialisés». Selon lui, le problème est au niveau du gouvernement. Pour appuyer ses dires, le DG a mentionné que près de 30 % des sommes données aux OBNL francophones de l’Ontario étaient justement racialisés.
La 17e édition de l’AGA devrait avoir lieu en personne l’an prochain, du 17 au 22 octobre, sous le thème de la pluralité.