La sénatrice francophone indépendante de Sudbury, Josée Forest-Niesing, est décédée le samedi 20 novembre. L’ancienne avocate de 56 ans, qui souffrait d’une condition auto-immunitaire, venait d’obtenir son congé de l’hôpital après y avoir séjourné pendant un mois à la suite de complications reliées à la COVID-19.
Josée Forest-Niesing a toujours été très active auprès des organismes de la francophonie canadienne. Que ce soit en tant que présidente de l’Association des juristes d’expression française (AJEFO), présidente du conseil des régents de l’Université de Sudbury ou encore en tant que membre de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada.
Elle avait été nommée sénatrice indépendante par le premier ministre Justin Trudeau le 11 octobre 2018.
«C’est quelqu’un qui avait vraiment pris son rôle à bras le corps», se souvient le sénateur indépendant du Nouveau-Brunswick, René Cormier.
«C’est quelqu’un qui avait toujours une grande rigueur dans sa manière d’intervenir. C’est vraiment une grande perte pour le Sénat et pour la population canadienne, parce que c’est quelqu’un qui élevait cette fonction-là.»
Travailler fort, mais loin des feux de la rampe
L’ancien recteur de l’Université de Sudbury, Pierre Zundel, se souvient de l’humilité et de la conviction de Josée Forest-Niesing. «Elle n’était pas une personne qui cherchait à se mettre en évidence. C’était une personne qui travaillait en créant des réseaux, en rassemblant des gens pour faire des choses ensemble.»
Celui qui est actuellement PDG du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a côtoyé la sénatrice pendant cinq ans alors qu’elle était présidente du Conseil des régents de l’établissement.
«C’est une personne qui était au service de l’Université, qui a tout fait pour nous ouvrir des portes. […] Elle était très efficace comme présidente. Une personne avec beaucoup de diplomatie, de vision stratégique et d’entregent. Elle nous a aidés à bâtir un Conseil des régents très efficace qui a renforcé l’institution comme telle», se rappelle Pierre Zundel.
L’ancien député de Sudbury, Paul Lefebvre, qui a connu Josée Forest-Niesing alors qu’ils pratiquaient tous deux le droit en Ontario français, abonde dans le même sens.
«Elle écoutait beaucoup, elle réfléchissait, mais en même temps, elle prenait position et elle défendait ses convictions. C’est une grande dame qu’on vient de perdre. Pas juste pour l’Ontario français, mais pour le Canada. On commençait juste à la connaitre dans son rôle de sénatrice», partager-t-il.
«C’est aussi une personne qui vivait intensément tout ce qu’elle vivait, ajoute Pierre Zundel. Elle avait des défis de santé tout de même assez importants, mais ça ne l’a jamais empêchée [de travailler].»
L’ancien recteur se souvient d’avoir emprunté la route de glace qui sépare Cochrane et la première nation de Fort Albany dans le Nord de l’Ontario en compagnie de Josée Forest-Niesing afin d’aller remettre un doctorat honorifique à l’ancien chef de la première nation. Un évènement mémorable pour lui.
Le sénateur René Cormier témoigne de son engagement alors que la sénatrice avait repris le travail dans les jours suivant sa sortie de l’hôpital. «Il y a quelques jours à peine, le leadeurship de notre groupe a eu des conversations avec elle et elle était remplie d’espoir. Elle souhaitait participer aux travaux du Sénat de façon virtuelle», raconte-t-il.
Fière de ses racines
Josée Forest-Niesing s’est toujours présentée comme une fière Franco-Ontarienne et s’est toujours fait un devoir de défendre les droits de toutes les minorités selon les témoignages. Au cours des dernières années, elle a découvert son héritage métis et s’est engagée à raconter son histoire qui, selon elle, correspond à celle des nombreuses personnes.
En juin dernier, après le débat en troisième lecture du projet de loi pour mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, Josée Forest-Niesing a partagé au Sénat cette histoire qui l’a menée à connaitre ses racines métisses.
«Avant cette découverte, j’avais vécu ma vie comme une fière Franco-Ontarienne, en défendant mon droit à ma langue et à ma culture. Tout à coup, je me sentais comme un imposteur. Oui, je suis Franco-Ontarienne, mais je suis aussi Métisse», avait-elle alors déclaré.
«Elle voyait des parallèles, selon Pierre Zundel. Des gens qui voulaient mettre en valeur leur culture, leur langue, qui étaient en marge de la communauté majoritaire. Elle travaillait très fort pour les deux communautés», conclut-il.
Josée Forest-Niesing est née dans la région de Sudbury où elle a été avocate en droit de la famille et en droit successoral. Au fil des ans, elle a été membre de conseils d’administration d’organismes et associations pour la francophonie, les arts et l’éducation. Elle était la fille de Normand Forest, avocat franco-ontarien dévoué à la cause francophone, décédé en juillet 2020.