«Quand on est arrivé dans la région dans les années 1970, c’était l’époque de l’APEC [Association for the Preservation of English Canada]. On s’est battu», commence Réjeanne Massie, bénévole avec l’ACFO-Témiskaming et le Centre ARTEM.
À cette époque, les francophones ont dû s’organiser pour se doter d’outils de développement communautaire. L’ACFO-Témiskaming est alors née. Tout comme ARTEM, qui a eu ses premiers balbutiements à la même époque. Des parents se regroupaient pour offrir des activités en français aux enfants; la région recevait les grands de la chanson.
«C’est beaucoup avec l’arrivée d’enseignantes et d’enseignants dans la nouvelle école secondaire de langue française que ça commence, précise Réjeanne Massie. Notre génération a appris comment attirer le monde.»
«Ça prend de l’engagement! Ici on se connait, on sait à qui téléphoner. Dans un petit milieu, c’est du : “Je te connais et tu me connais”, continue Ghislain Lambert, ancien président de l’ACFO-Témiskaming.
«Il faut dire que les francophones aiment se rassembler en groupe et s’amuser en français», intervient Gérard Vachon, qui a organisé la consultation du Camp jeunesse en marche. «Il y a un désir de se retrouver et de socialiser autour d’une bonne bouffe. Les trois ingrédients pour toutes activités réussies : la bouffe, la musique et du fun! Ça fait partie de notre culture. Ça doit être notre tempérament latin.»
«On ne se fait pas refuser souvent lorsqu’on fait appel à des bénévoles. Les gens refusent de siéger sur un conseil d’administration lorsqu’on leur demande, mais ils s’offrent», ajoute Réjeanne Massie.
«On est moins coincé que les anglophones. Entre bénévoles, on se taquine, on s’amuse. J’ai même hâte de travailler avec un tel, je le trouve intéressant! Ce n’est plus un fardeau de donner du temps. Puis, faire du bénévolat, c’est une bonne façon de s’intégrer dans la communauté. C’est aussi une façon de se créer des amitiés, de se bâtir un cercle d’amis qui viennent à notre aide», ajoute Ghislain Lambert.
Pour Réjeanne Massie qui doit mobiliser la Ville de Témiskaming Shores dans le cadre du Village Noël Témiskaming, l’approche est tout à fait différente qu’avec des francophones. Elle doit semer une idée, y revenir pour que l’idée fasse son chemin. Avec des francophones c’est plus direct. Le Village Noël à lui seul demande environ 10 000 heures de bénévolat.
En raison de leur dynamisme, les quatre affirment que les francophones du Témiskaming profitent d’une bonne réputation. Tous autour de la table ont relaté des conversations où ils se sont fait dire des choses comme : «Dieu, que vous avez le tour!»
La capacité de mobiliser des francophones fait l’admiration. Dans bien d’autres activités communautaires, ce sont des bénévoles francophones qui sont sur les premières lignes. C’est les cas du festival Bière en fût, du Concours international de labour, du feu Byker’s Reunion… Les francophones du Témiskaming sont reconnus pour leur bonne éthique de travail et leur engagement social.
Il y a bien sûr ce noyau dur de francophones qui se retrouvent à chaque rassemblement de francophones, mais, chaque fois, c’est aussi l’occasion de rejoindre un autre segment de la communauté francophone.
La conversation se poursuit dans les pages du Voyageur du 1er mars 2023. Pour ne rien manquer de nos nouvelles sur la francophonie du Nord-Est de l’Ontario, abonnez-vous ici.