«Une des choses que je veux faire, c’est entrer dans le quotidien des gens. La seule façon de le faire, c’est d’aller chez les gens», dit-il pour expliquer sa présence dans la ville du nickel.

Carl Bouchard et le recteur de l’Université de Sudbury, Serge Miville
Pendant sa visite à Sudbury, il a rencontré les dirigeants de l’ACFO du grand Sudbury, d’Horizon santé Nord, du Collège Boréal, de l’Université Laurentienne et de l’Université de Sudbury.
Il a noté que la pénurie de main-d’œuvre francophone est un sujet qui revient souvent dans ses rencontres. C’est le cas ailleurs, mais surtout dans le Nord. «On perçoit beaucoup l’éloignement aussi entre les différentes poches de francophones et le type de services auxquelles on peut avoir accès.»
«Dans le domaine de la santé, je le sens davantage», note-t-il. Le manque d’experts en santé et en santé mentale est un problème particulièrement criant. «Il y a une pression qui existe chez les francophones de devoir se déplacer, de devoir faire un long chemin pour avoir accès à ces services en français.»
M. Bouchard a pris le rôle par intérim lors du départ abrupt de Kelly Burke au début mars. Il faisait partie de l’équipe depuis février 2020 au poste de directeur des opérations de l’Unité des services en français de l’Ombudsman. Il était donc bien au courant du fonctionnement de l’unité pour en prendre la tête.

Carl Bouchard a rencontré l’équipe d’Horizon santé Nord
Plus que des plaintes
Même si le rôle principal de l’Unité des services en français de l’Ombudsman est de traiter les plaintes reçues, M. Bouchard refuse de croire que les 300 à 315 plaintes reçues en moyenne par année représentent la réalité des Franco-Ontariens.
«Je vais m’aventurer à dire qu’il y a plus de 625 000 francophones en Ontario en ce moment. Je ne pense pas que [300 plaintes] est représentatif de la réalité de gens. Il y a ceux et celles qui prennent le téléphone, vont en ligne, nous contactent et nous partagent leurs histoires. J’ai l’impression que la réalité n’est pas définie par seulement les plaintes que l’on reçoit.»
Il fait référence aux autres histoires qu’il entend, celles qui n’ont pas nécessairement fait l’objet d’une plainte. Comme celle dans le dernier rapport annuel où la commissaire rapportait qu’une patiente dans un hôpital du Nord de l’Ontario avait trouvé une note sur son oreiller où il était écrit «Please speak in English». «Sans un coup de fil d’une personne impliquée dans cet évènement-là, on n’aurait pas pu intervenir auprès de cette organisation et l’apporter à leur attention», explique M. Bouchard.
Pour lui, cet exemple démontre l’importance d’être près de la population pour entendre le maximum d’histoires.

Carl Bouchard a rencontré l’équipe de l’Université Laurentienne.
Besoins universitaires
L’accès à l’éducation postsecondaire est un autre sujet fréquent. «J’espère que l’enquête qu’on a faite sur les coupes en français à la Laurentienne va permettre d’envoyer un message positif aux jeunes, que les organisations prennent leur mandat au sérieux», dit M. Bouchard.
Un an après le dépôt de ce rapport, le commissaire confirme que son équipe suit les progrès faits au sujet des 19 recommandations qui concernaient la Laurentienne et le ministère des Collèges et Université.
«On en est à notre deuxième rapport de progrès. On voit qu’il y a de nombreux progrès qui ont été faits. Je ne suis pas prêt à dire que je suis satisfait que l’ensemble des recommandations aient été mises en œuvre, mais je vois d’énormes progrès», et ce, autant du côté du ministère que de l’Université.
Il aimerait quand même voir l’offre de programmes en français augmenter dans la région. «On a tout intérêt à travailler avec le plus de partenaires possible. D’ailleurs, on voit l’impact que peut avoir une université comme moteur économique, et ça, c’est très important pour une région comme Sudbury.»
Un message qu’il dit répéter souvent au ministère des Collèges et Universités, «que l’éducation postsecondaire c’est important et qu’on doit s’assurer que nos institutions postsecondaires francophones ont le soutien qu’elles méritent.»
Une version un peu plus longue de l’entrevue est disponible dans Le Voyageur du 31 mai 2023. Pour ne rien manquer, abonnez-vous!