Arrivée d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, en septembre 2009, Marceline Yapi ne s’attendait pas à être confrontée aux aléas de la pandémie de Covid-19, au moment où elle entamait un baccalauréat en droit à l’Université Laurentienne.
«C’est déjà dur de quitter son pays et sa famille. Être de surcroit confronté à un confinement, une crise économique et les difficultés financières qui en découlent, c’était tout un autre défi», raconte-t-elle.
Marceline Yapi comptait sur sa mère pour payer ses études, mais celle-ci venait de perdre son emploi. «À Abidjan, beaucoup d’entreprises avaient déclaré faillite en raison de la Covid-19. Je connais beaucoup d’étudiants internationaux qui ont souffert des conséquences autant que moi, en arrivant ici », souligne-t-elle.
La jeune étudiante devait alors trouver des solutions pour payer son loyer, financer ses études et vivre.
La tâche était difficile, mais Marceline Yapi n’avait pas pour autant baissé les bras. Au courant de l’année 2020, elle a réussi à trouver un emploi dans une garderie, en tant qu’éducatrice.
«Ma première expérience de travail était dans un contexte de pandémie. Il fallait diminuer les effectifs, adopter des mesures sanitaires strictes, mais j’ai réussi à garder mon emploi, même si c’était très difficile. D’autres connaissances à moi n’ont pas eu cette chance. J’ai des ami.e.s qui ont perdu leurs postes de travail et qui se sont retrouvés dans des situations complexes», se rappelle-t-elle.
Rester ou changer de ville ?
Marceline Yapi a tenu bon. Elle a obtenu son diplôme en droit en juin 2023, mais un autre obstacle a surgi sur son chemin.
«Toutes les annonces d’emploi exigent une bonne maitrise de l’anglais et une certaine expérience professionnelle. On ne peut pas avoir une expérience professionnelle si on vient tout juste de terminer ses études et qu’on ne nous donne pas la chance de commencer à travailler quelque part», clame-t-elle.
En quittant son pays, la jeune étudiante croyait que le Canada était parfaitement bilingue. Elle pensait qu’après avoir achevé ses études en droit, elle allait pouvoir travailler partout en français. Elle a eu aussi plusieurs autres défis, comme sa maîtrise de la langue anglaise est basique.
«Lorsque je devais m’absenter le temps d’une matinée au travail, pour aller accomplir des démarches administratives, je ne réussissais pas souvent à avoir des services en français. On me disait, par exemple, que la seule personne qui parle français n’est pas au bureau et qu’il fallait revenir le lendemain. Or, je ne pouvais pas me permettre de m’absenter deux matinées de suite au travail», indique-t-elle.
Grâce à son emploi dans une garderie bilingue, Marceline Yapi a réussi, entre-temps, à améliorer son anglais. Mais pas assez pour travailler dans son domaine, le droit.
Elle pense se réinscrire à l’Université pour suivre un programme en éducation, afin de devenir enseignante.
«Je me dis que j’ai plus de chances de trouver du travail en français dans le domaine de l’éducation. Puis, j’ai appris à travailler avec les enfants et j’aime cela», confie-t-elle.
Marceline Yapi avait envisagé la possibilité de déménager à Gatineau, au Québec, pour travailler dans son domaine, mais avec le temps, elle s’est attachée à Sudbury.
«J’ai connu des gens à Sudbury qui sont devenus comme ma deuxième famille. J’aurai du mal à me séparer d’eux. J’ai aussi mes habitudes et mes repères. C’est pour cela que j’essaie de trouver des solutions pour continuer à vivre et à travailler, ici», dit-elle.