La communauté francophone de Greenstone avait pourtant grand espoir après la députation menée le 11 mars dernier. C’était pour contester l’adoption par le conseil municipal, le 12 février, d’une résolution soumise par l’administration et qui restreint le drapeau franco-ontarien à flotter de façon occasionnelle, à raison d’une semaine par an, lui retirant ainsi son statut permanent en vigueur depuis 2015. Le motif avancé par la municipalité était d’instaurer un principe d’équité avec les communautés autochtones.
«Hier soir (8 avril, ndlr), une trentaine de francophones vêtus de vert et de blanc étaient présents au conseil municipal de Greenstone. Après une discussion animée, la joie d’être ensemble s’est rapidement transformée en tristesse à la suite de la décision du conseil municipal de reporter la réinstallation du drapeau franco-ontarien», a indiqué l’Association des francophones du Nord-Ouest de l’Ontario (AFNOO) dans un communiqué rendu public au lendemain de la réunion.
L’AFOO affirme que «le conseil a plutôt opté pour commander un rapport afin d’étudier diverses options de reconnaissance des peuples francophones et autochtones, sans fixer de date précise pour une action concrète».
La résolution introduite antérieurement par la conseillère francophone Vicky Budge, ainsi que son intervention le 8 avril devant le conseil pour présenter les arguments de la communauté n’ont pas non plus motivé la municipalité à revoir sa décision du 12 février.
«Ayant elle-même des origines autochtones, Vicky Budge a insisté sur le fait qu’il ne serait pas commode de faire justice à une communauté au détriment d’une autre», a fait savoir au Voyageur la présidente de l’AFNOO, Claudette Gleeson.
L’offre généreuse de l’AFNOO
La présidente de l’AFOO assure qu’elle avait rencontré le maire de Greenstone,James McPherson, le lundi 8 avril autour de 15h, soit quelques heures avant le tenue du conseil.
«Je lui avais fait part de la disponibilité de l’AFOO et de la communauté de Greenstone pour le financement de deux mâts pour Geraldton et Longlac, comme la municipalité avait soutenu qu’elle n’avait pas les ressources nécessaires pour consacrer au drapeau franco-ontarien un mât de façon permanente. Il était très ouvert à la proposition», a-t-elle souligné.
Claudette Gleeson a proposé encore mieux : «J’ai mis en avant notre volonté de mettre les deux mâts financés par l’AFNOO à la disposition des communautés autochtones. Le maire m’a demandé si nous étions ouverts à laisser occasionnellement les communautés autochtones accrocher leurs drapeaux au-dessus du drapeau franco-ontarien et j’ai accepté».
Mais peine perdue. Cela n’a pas aidé le conseil municipal à entendre raison.
«Cela m’a pris un peu de temps pour m’en remettre et de dire, d’accord, tout n’est pas fini, continuons à trouver des pistes et à chercher des solutions. La communauté francophone est, par contre, extrêmement déçue. Et ce n’est pas une bonne chose pour une municipalité d’avoir un peu plus de 30 % de sa population en dépression», a-t-elle soutenu.
Claudette Gleeson se veut néanmoins rassurante. Elle pense que les consultations que va engager la municipalité ne devraient pas durer longtemps. Elle ajoute que l’AFNOO a d’autres options sur la table qu’elle ne souhaite pas divulguer pour l’instant.
Francophobie ?
Le président de l’AFO, Fabien Hébert, ne partage pas l’optimisme de Mme Gleeson.
«Cela me semble une tactique pour gagner du temps et pour que les gens oublient. C’est une façon de remettre le problème à plus tard que d’engager des consultations sans échéances. Cela aurait été plus simple de remettre au drapeau franco-ontarien son statut permanent et d’accrocher, par la même occasion, les drapeaux des communautés autochtones de façon permanente», a-t-il martelé.
Fabien Hébert évoque un «jeu malsain» de la part de l’administration de Greenstone, à l’origine de la résolution du 12 février, et soupçonne une main invisible qui influencerait ou bloquerait le conseil municipal.
«Nous avons parlé avec le maire James McPherson , mais pas encore avec le directeur de l’administration, Mark Wright. Je pense qu’il est temps de s’intéresser à l’administration et à son rôle dans ce dossier, parce qu’elle constitue la partie invisible de l’affaire. Moi, je dis : intéressons-nous à M. Wright», suggère-t-il.
Fabien Hébert ne mâche pas ses mots. Pour lui, l’affaire prend la dimension d’une «francophobie». Il assure que l’AFO ne restera pas les bras croisés.