Il ne suffit pas, et n’a jamais suffi de dire que toutes les personnes qui parlent le français en Ontario ont une identité franco-ontarienne. D’ailleurs, le terme lui-même ne date que de la fin des années 1960 ou du début des années 1970, lorsque le mouvement souverainiste a pris naissance au Québec. Plus précisément, le concept est né à la suite des États-généraux du Canada français, lorsqu’une rupture entre le Québec et les francophones des autres provinces a éclaté. Jusqu’alors, les parlants français s’identifiaient en général comme Canadiens-français. C’est encore le cas pour plusieurs francophones d’un certain âge.
La notion d’identité, qu’elle soit franco-ontarienne ou autre, en est une qui se construit socialement à l’aide, entre autres, de connaissances et d’amitiés, d’appartenance et d’intégration à des organisations communautaires, de symboles tels le drapeau vert et blanc, ainsi que d’engagement dans la «cause franco-ontarienne», soit la défense et la promotion de la langue et la culture.
Les témoignages éloquents de quatre nouveaux arrivants installés en Ontario français depuis peu ou depuis longtemps ont rappelé que cette identité doit surtout passer par l’intégration à la communauté franco-ontarienne suite à un accueil chaleureux.
La Journée des Franco-Ontariens et des Franco-Ontariennes, décrétée par l’Assemblée législative de l’Ontario en 2010, aura lieu, comme à chaque année, le 25 septembre prochain. Elle sera célébrée dans de nombreuses communautés par le lever du drapeau vert et blanc, emblématique de l’Ontario français, créé il y a quarante-neuf ans.
Cette Journée, ainsi que le lever du drapeau, doit rappeler aux francophones originaires de l’Ontario l’importance accrue de bien accueillir les nombreux nouveaux arrivants et ainsi leur permettre une intégration rapide et soutenue dans la société franco-ontarienne. Cela est important, surtout à une époque où le discours anti-immigrant prend de l’ampleur principalement chez nos voisins américains, mais aussi sporadiquement dans certains milieux politiques au Canada. Que ce soit sur les médias sociaux surtout, mais aussi parfois dans les discours de certains politiciens, cette vague anti-immigrante risque de se propager si nous n’exerçons pas une vigilance à l’égard de ces paroles.
L’accueil et l’intégration que doivent connaitre tous les nouveaux arrivants dans nos communautés franco-ontariennes se doit d’être un phénomène constant et permanent. Et la Journée du 25 septembre est une occasion de reconnaitre que la physionomie de l’Ontario français est en voie d’évolution et de changement et, de plus, que cette diversification qu’il vit est en voie de modifier son identité collective. Cette Journée doit rappeler que nous sommes en train de construire un nouvel Ontario français. «Désormais, comme l’écrit si bien Melchior Mbonimpa, avec les descendants des premiers francophones d’Amérique, la tribu francophone comprend des personnes venues de tous les coins de l’horizon et nous avons tous les accents de la francophonie mondiale».