En semaine, Isabelle Carignan a trois chapeaux avec un triple couvre-chef! Professeure titulaire au département Éducation de l’Université TÉLUQ, elle est aussi professeure associée à l’Université de Sudbury ainsi qu’à la Laurentienne.
Mais dans ses temps libres, ses chapeaux se multiplient, car elle fait également partie du conseil de l’école publique Hélène-Gravel, l’institution scolaire de ses deux enfants. En plus de s’y occuper des médias sociaux, elle donne également des ateliers de littérature jeunesse. Elle s’occupe aussi d’un potager, ce qui permet, non seulement de cultiver des légumes, mais aussi d’améliorer le vocabulaire scientifique des élèves en français.
Le prix reçu de l’ACFO du grand Sudbury est donc pour souligner tout son bénévolat au sein de sa communauté d’adoption. Au moment où elle a appris la bonne nouvelle, les circonstances entourant la santé de son papa n’étaient pas les meilleures en raison de sa maladie de Parkinson. Toutefois, depuis, elle a appris à savourer cet honneur. «Quand on est expatrié, on a besoin de reconnaissance.»
Lorsqu’elle arrive dans les classes avec ses gros paquets de livres sous le bras, elle a l’impression de faire une différence. Cette transmission de son amour pour la littérature jeunesse, c’est primordial pour la francophonie. «Le français pour moi, c’est prioritaire. C’est une mission pour moi », confiera-t-elle en entrevue sur Zoom.
La recherche occupe aussi une place importante dans son horaire. Non seulement tient-elle une chronique dans la revue québécoise Vivre le primaire destinée aux enseignants et futurs enseignants où elle y parle des minorités franco-canadiennes, mais en tant que didacticienne du français et s’intéressant à la littératie médicale, elle a produit avec son «chéri», le Dr Atoui, un chirurgien cardiaque, une série de capsules vidéo pour les patients qui devront subir une intervention au cœur. Selon Mme Carignan, ces capsules sont là pour outiller les familles, mais aussi le patient afin qu’il comprenne bien ce qui lui arrive, «afin qu’il ait un consentement éclairé.» Et puis, ce qui fait aussi un petit velours à la chercheure francophone, c’est que la version anglaise indique que les capsules ont d’abord été produites en français!
Une équipe gagnante
On l’aura sans doute compris, dans la vie comme au plan professionnel, le couple Atoui-Carignan forme une équipe gagnante. Au sein de l’hôpital Horizon Santé-Nord de Sudbury où il travaille depuis 2011, Rony Atoui est le seul chirurgien cardiaque à pouvoir expliquer en français à ses patients les traitements et le type d’intervention chirurgicale qu’ils auront. Ce qui aide, bien sûr, dans le processus de guérison.
Bien qu’il soit fort occupé par son travail en clinique, lui aussi aime bien diversifier ses activités!
L’ancien étudiant en médecine à l’Université McGill à Montréal aime beaucoup l’enseignement et la recherche. À titre de professeur titulaire à l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO), il donne aussi des cours.
Quant à la récompense qu’on lui a décernée le 27 septembre dernier, le Prix NOAMA, c’est une distinction qui vient de l’hôpital où travaille le Dr Atoui. Le comité, qui a voulu souligner les efforts du chirurgien d’origine libanaise, avait reçu une centaine de noms! Ce prix récompense les personnes engagées du secteur de la santé qui font preuve d’un leadership et d’un dévouement exceptionnels pour répondre aux besoins des étudiants dans leur parcours universitaire en médecine. Il récompense ceux qui concilient les responsabilités académiques en enseignement et en recherche, ainsi que le travail clinique, dans le but de garantir ainsi des normes élevées en matière d’éducation et de soins.
Se dévouer pour les autres
Cet honneur s’ajoute à d’autres prix reçus antérieurement comme le Clinical Scholar Award remis par l’EMNO : «Ça fait toujours du bien de les voir», dira-t-il très humblement. Toutes ces récompenses sont dans la foulée des commentaires émis par ses patients. Dans le site Rate MDS proposant aux patients d’émettre des commentaires sur leur médecin, on parle du Dr Atoui comme d’un «chirurgien phénoménal et d’un être humain encore mieux !» ou d’un «superbe médecin qui a suivi notre maman avec beaucoup d’attention» et «du meilleur chirurgien cardiaque qui soit !»
Une chose est sûre pour le Dr Atoui, la recherche qu’il fait peut influencer favorablement sa pratique chirurgicale. Il donne un exemple concret d’un projet multidisciplinaire qui lui tient à cœur. Avec d’autres collègues, il veut démontrer par des recherches la différence de soins auxquels les patients ont accès, dépendamment s’ils sont loin ou non des grands centres.
Avec de tels exemples de parents si engagés au sein de leur communauté, gageons que les deux enfants du couple, Léa et Anthony, suivront peut-être la voie tracée par papa et maman !