Ti-Jean et le géant
Danielle Lauzon, de Hearst, a inauguré le bal en racontant l’histoire de Ti-Jean et le géant qui se sont disputés la main de la princesse du royaume. Ti-Jean vivait dans une cabane dans le bois d’où il s’est réveillé un bon matin. Avec sa vieille hache en main, il est parti dans la forêt couper du bois. En ce faisant, le manche de la hache s’est fracturé infligeant une sérieuse blessure à la main de Ti-Jean. Ayant décidé de se reposer, il s’est endormi et lorsqu’il s’est réveillé, il s’est retrouvé entouré d’un nuage de mouches noires dont plusieurs s’étaient posées sur sa main blessée. Il les frappa de sa bonne main et en tua 5 000, dit-il.
Il reprit sa marche en répétant à haute voix : «J’en ai tué 5 000». Tout à coup, il fait face à un géant qui avait entendu «J’ai tué 5 000 hommes». Impressionné, il invite Ti-Jean à sa cabane et le nourrit. Le lendemain, le géant reçoit une lettre du roi l’informant de la présence dangereuse d’une licorne dans la forêt et promettant que quiconque tuerait la licorne et lui apporterait sa tête aurait la main de sa fille en mariage.
Ti-Jean et le géant se rendent dans la forêt et rencontrent la licorne. Le géant se sauve laissant Ti-Jean seul à affronter la licorne qu’il réussit à tuer et à couper la tête. Le géant réapparaît, met la tête de la licorne sur ses épaules et les deux se rendent au palais. Face au roi, les deux clament avoir tué la licorne. Pour éviter que la chicane entre les deux s’envenime, il les invite à aller au village et se préparer pour coucher avec la princesse. Et le matin venu, vers quiconque des deux que la princesse aura le visage tourné, c’est lui qui héritera de sa main en mariage. Tandis que le géant se bourre d’un repas gargantuesque, Ti-Jean se lave et se peaufine.
Couchés avec la princesse, celle-ci se tourne d’abord vers le géant car c’est son côté naturel pour s’endormir. Le matin venu, le géant lâche un immense rote, ce qui pousse la princesse à se tourner vers Ti-Jean au moment même où la reine et le roi entrent dans la chambre. Et c’est ainsi que Ti-Jean, tout pauvre qu’il était, se retrouve marié à la princesse du royaume.
Le vieux crocodile et le singe
Pour sa part, Marguerite M’Bonimpa a raconté le conte du vieux crocodile et du singe. Un jour, le crocodile va se réchauffer au soleil près d’une rivière et sous un arbre où se trouvait un singe. «Que tu es vieux», lui dit le singe, ce qui pousse le crocodile à se promettre qu’un jour il allait dévorer ce singe. L’occasion se présente lorsque le singe tombe de l’arbre. Mais avant que le crocodile puisse l’attraper, le singe réussit à grimper dans un autre arbre. Malheureusement pour lui, il n’y trouve rien à manger. Le crocodile se poste au pied de cet arbre pour attendre que le singe descende lorsqu’il aura faim. Le singe lui dit qu’il descendra lorsque le vieux s’endormira.
Pour éviter que cela se produise, le crocodile lance un cri de ralliement qui attire des centaines de ses semblables. Le singe, se sentant coincé, lui dit qu’il n’a même pas mille compatriotes. «Puisque tu ne sais pas compter, je vais compter pour toi», lui dit-il. «C’est un contrat», lui répond le crocodile. Le singe commence à compter jusqu’à ce qu’il arrive à 999. Voyant qu’il en reste encore plusieurs, le singe tente de se sauver mais le crocodile réussit à lui arracher la queue. Le singe réussit à se sauver mais ses poils, qui étaient tout noirs, deviennent tout blancs tellement il avait eu peur.
Les défis de nos ancêtres
Enfin, le conte de Basile Dorion, de Penetanguishene, portait sur les défis. D’abord ceux que nos ancêtres ont dû affronter pour survivre. Mais surtout ceux des autochtones pour qui, il y a des centaines d’années, tout, pour se nourrir, se loger et se vêtir, venait de la nature. Ce n’était pas toujours un environnement agréable. Il leur fallait aller dans la forêt pour cueillir de quoi manger et tuer des animaux qui leur fournissaient non seulement de la viande, mais des peaux avec lesquelles ils confectionnaient des vêtements
Ces défis se sont multipliés à compter de l’an 1600 lorsque les colonisateurs Blancs – des Français d’abord – sont arrivés en partie pour acheter des fourrures. Au début, les Blancs ne demeuraient pas trop longtemps, mais graduellement ils ont commencé à se construire des logements. Ce fut ensuite au tour des Anglais qui ont commencé à s’installer, à s’imposer. Ils ont volé leurs villages, les ont repoussés dans des réserves et pris leurs enfants pour les amener ailleurs dans des écoles résidentielles. Ces jeunes sont un jour revenus dans leurs villages privés de leur langue, de leur culture, en somme ayant perdu leur âme. Il faut bien penser à nos ancêtres, a raconté Basile Dorion, mais surtout il faut penser aux défis qu’ont dû affronter les autochtones.