le Lundi 9 décembre 2024
le Lundi 9 octobre 2023 15:55 Santé

EMNO : L’initiative «Voie vers la médecine en français» commence à porter ses fruits

  Photo : Shutterstock
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Nord de l’Ontario — Un an après qu’ils aient commencé à bénéficier du projet pilote de 4 ans intitulé «Voie vers la médecine en français», des étudiants de l’Université de l’École de médecine du Nord de l’Ontario (EMNO) affirment que l’initiative leur est importante. Ils pratiquent déjà ce qu’ils apprennent dans ce projet. Les patients francophones de la région en tirent aussi profit, disent-ils.
EMNO : L’initiative «Voie vers la médecine en français» commence à porter ses fruits
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«J’ai fait toutes mes études antérieures en français, depuis l’école primaire, jusqu’au baccalauréat. Mais la terminologie médicale en français me manquait. Pour moi, l’initiative amorcée en 2022 est une solution à ce défi», indique un étudiant de 2e année à l’Université de l’EMNO, Félix Lavigne.

Félix Lavigne, étudiant de 2e année à l’Université de l’EMNO.

Photo : Courtoisie

Il explique qu’après seulement une année, il en voit déjà les bénéfices. «J’ai eu la chance de faire un stage, encadré par des médecins, l’été dernier. J’ai remarqué que j’étais à l’aise en employant le langage médical en français lors de mes échanges avec les patients par rapport à leurs problèmes de santé ou à la raison de leur visite médicale», affirme Félix Lavigne.

Il est important pour lui et ses collègues du projet d’apprendre la terminologie médicale en français. «Dans l’avenir, ceux qui auront suivi le programme pourront offrir aux patients francophones tous les services dans leur langue maternelle», souligne-t-il.

M. Lavigne fait remarquer que le peu de professionnels de la santé qui maitrisent la langue française reste un handicap pour le Nord de l’Ontario, où on recense un nombre non négligeable de citoyens francophones.

«On dit que la médecine est une langue à elle seule. Quand un médecin s’adresse à un patient qui ne parle pas la même langue que la sienne, il y a une barrière qui sépare ce médecin et le patient. La communication ne passe pas», explique-t-il.

Rendre service aux francophones

Bien qu’elle soit essentiellement une institution anglophone, l’Université de l’EMNO doit former des professionnels de la santé qui servent tout le monde.

«À sa création, l’EMNO qui est devenue l’Université de l’EMNO, avait un mandat d’imputabilité et de responsabilité sociale, notamment pour s’assurer qu’elle réponde aux besoins des populations du Nord de l’Ontario et inclut les populations francophones», fait savoir la responsable de la mise en œuvre de l’initiative «Voie vers la médecine en français» à l’université de l’EMNO, Dre Nicole Ranger.

Lancée en septembre 2022, «Voie vers la médecine en français est une programmation élaborée à l’intérieur du cursus obligatoire et qui offre des sessions de formation clinique en français. Des sessions de terminologie médicale et de dialogues en petits groupes sont offertes aussi en français. 

Dre Nicole Ranger, médecin de famille au centre de santé communautaire, également responsable de la mise en œuvre de l’initiative «Voie vers la médecine en français » à l’université de l’EMNO.

Photo : Courtoisie

«Auparavant, les étudiants qui souhaitaient effectuer des stages cliniques en français devaient accomplir des travaux supplémentaires en plus de leur programme d’études. Ces stages ne faisaient pas partie du curriculum obligatoire, souligne Dre Ranger. 

L’initiative cible particulièrement les étudiants francophones, mais n’empêche que d’autres soient inclus. «Nous avons aussi des étudiants qui sont identifiés comme francophiles et anglophones qui démontrent un intérêt à développer des compétences particulières pour mieux desservir les patients francophones, signale Dre Nicole Ranger.

Un investissement à long terme

Dre Ranger se félicite que les étudiants suivent avec intérêt la programmation de l’initiative pilote. «Ils aspirent à devenir des médecins qui peuvent mieux desservir la communauté francophone et soulager la pénurie de professionnels de la santé dans la région, dit-elle.

Elle mentionne que beaucoup d’immigrants dont le français est leur première langue continuent de venir en Ontario. Ils pourront aussi en bénéficier. «On a tout à gagner en permettant aux étudiants de continuer à améliorer leurs compétences en français», assure-t-elle.

Elle partage le point de vue de Félix Lavigne, qui résume l’initiative comme «un investissement à long terme pour améliorer les soins de santé dans le Nord de l’Ontario».

Le projet semble bien fonctionner. Le seul défi est «d’être capable de coordonner l’ensemble des groupes d’étudiants; plus le nombre est grand, plus on a du travail à remanier la façon qu’on fait les choses», indique la responsable de l’initiative.

Dre Ranger indique que le programme cherche toujours à recruter des «précepteurs francophones qui seront en mesure de faciliter l’apprentissage en milieu clinique pour les étudiants».