Dans un message à la population, le député néo-démocrate pour Témiskaming-Cochrane, John Vanthof, déplore que le Nord de l’Ontario soit dépourvu en service de santé. «C’est ressenti différemment selon les régions. Témiskaming Shores s’en sort bien mais, Cochrane a un médecin pour une population de 6000 habitants» dit le député. « C’est une question de pénurie de médecins.»
«À Témiskaming Shores, les gens impliqués dans le recrutement de médecins sont très bons. Ce n’est pas comme ça partout ailleurs. Ici, ils comprennent que les médecins qui se cherchent un lieu pour pratiquer veulent plus qu’un hôpital bien équipé. Ils veulent une communauté qui correspond à leur style de vie avec des activités, du logement convenable, des écoles; une communauté qui pourra répondre aux besoins du conjoint ou de la conjointe. La qualité de vie est déterminante dans la prise de décisions», insiste John Vanthof.
Bien qu’il reconnait que son bureau reçoit beaucoup de plaintes en rapport avec l’accès aux services de santé, il affirme que les réclamations ne viennent jamais de francophones. «Le Centre de santé communautaire du Témiskaming fait une vraie différence. Il nous a dépanné tellement souvent et est allé plus loin que ce qu’on lui demandait. Quelle organisation incroyable», dit John Vanthof.
Cependant, il déplore que les gens du nord de l’Ontario n’aient pas eu de rajustement de la subvention de transport depuis des lustres. Ce n’est plus équitable même si c’était l’objectif au début. Aussi il s’insurge contre les agences qui font du «braconnage» d’infirmières : « Il faut que ça cesse! »
Manque d’infirmières
«Il manque des infirmières », reconnaît le Dr Jean Corbin de New Liskeard. «Le roulement est important. Il faut avoir recours aux agences. C’est loin d’être idéal. Elles n’ont ni le sens de responsabilité ni l’engagement des autres. Et elles sont payées une fois et demie le salaire des permanentes. C’est un immense problème avec le personnel local. Par contre, les trois ou quatre infirmières d’agences qui travaillent en soins intensifs sont particulièrement compétentes.
Là où il y a une pénurie, c’est chez les orthopédistes, les diététistes, les physiothérapeutes et en psychiatrie.
«Ce qui manque le plus est un chirurgien à plein temps. Présentement, ce sont des remplaçants qui viennent une ou deux semaines à la fois», continue le Dr Jean Corbin.
«Quand ils viennent, on leur remet une trousse pour aider avec l’hébergement, la restauration, les activités locales… On en profite pour jaser de la région avec eux; question de vendre la communauté. Mais, on ne réussit qu’avec ceux et celles qui veulent le genre de vie d’ici. Il ne manque pas de médecins de famille pour desservir le sud du Témiskaming».
«Nous allons prochainement accueillir un nouvel interniste», annonce le Dr Jean Corbin. «On est chanceux, grâce à l’École de médecine du Nord de l’Ontario, on a plusieurs médecins qui viennent faire des stages.»
«Depuis plusieurs années, l’hôpital du Témiskaming est le centre régional en obstétrique. Il y a une équipe de médecins très actifs»
Pas de psychiatres francophones
Le sud du Témiskaming est bien pourvu en médecins qui sont en mesure de répondre aux besoins de clients en français. Il y en a plusieurs dans la région. Uniquement dans l’Équipe de santé familiale Great Northern Family Health Team, quatre des huit médecins sont francophones ou bilingues.
«À l’hôpital, en général, ils essaient d’avoir une personne par équipe et par quart de travail qui peut répondre aux besoins des clients francophones. Le travail de Sylvie Lavictoire comme directrice générale a fait une grande différence. Malheureusement, il n’y a pas de psychiatre pour les francophones. Ça prendrait au moins la médecine virtuelle de psychiatrie en français.»
Le Dr Jean Corbin insiste : «Il faut demander des soins en français et l’indiquer sur la fiche à l’admission.»
Absence de données
Interrogée sur les services de santé en français à l’hôpital du Témiskaming, la directrice générale adjointe du Réseau du mieux-être des francophones de l’Ontario, Monique Rocheleau note des gains dans les services de santé en français dans le sud du Témiskaming. Soutien à domicile vient de recevoir sa désignation comme organisme bilingue. «Ce n’est pas rien. Ces gens ont travaillé fort pour y arriver », dit-elle!
«Pour ce qui est de l’hôpital, c’est autre chose! Le roulement du personnel fait qu’on doit recommencer. Tu ne peux pas lâcher! Il ne faut pas laisser tomber la balle! Le directeur général de l’hôpital, Mike Barker, appuie le dossier, mais il faudra mettre sur pied des équipes de santé en français pour s’assurer des services en français», explique Monique Rocheleau.
«Même si on continue à faire de la sensibilisation à l’offre active, il faut des politiques pour que l’offre active fasse partie de la culture d’une institution», ajoute Monique Rocheleau. «Si tu es seul à pratiquer l’offre active, c’est trop lourd à porter. Les préposées ont peur s’il n’y a pas de structure pour les appuyer. Sans structure, comment les préposées vont savoir ce qu’on s’attend d’elles?».
Plus généralement, Monique Rocheleau déplore qu’il n’y ait pas de données en santé pour les francophones. «C’est difficile de démontrer qu’il n’y a pas d’équité en santé pour les francophones. Sans données, comment savoir où sont les lacunes?».
«J’encourage fortement les francophones à porter plainte. Ça demande un effort, mais il ne faut pas hésiter à s’adresser au bureau de l’ombudsman. C’est aussi une façon de nous aider au Réseau», insiste Monique Rocheleau.