le Lundi 16 septembre 2024
le Lundi 10 juin 2024 14:30 Santé

L’Hôpital Sensenbrenner s’adapte aux besoins des personnes souffrant de démence

L’aile des soins continus doit être chaleureuse, explique Lise Kozlovich, responsable des soins continus à l’Hôpital Sensenbrenner de Kapuskasing. 
 — Photo : Lise Kozlovich
L’aile des soins continus doit être chaleureuse, explique Lise Kozlovich, responsable des soins continus à l’Hôpital Sensenbrenner de Kapuskasing.
Photo : Lise Kozlovich
L’Hôpital Sensenbrenner de Kapuskasing a rafraichi son département de soins continus. L’esthétique a été complètement repensée en fonction des personnes souffrant de démence, qui représentent 60 % de la clientèle. La responsable du service a fait visiter l’aile au Voyageur.
L’Hôpital Sensenbrenner s’adapte aux besoins des personnes souffrant de démence
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Le département des soins continus est resté dans la même aile. Cependant, il a fait peau neuve : les portes ont été déplacées, le poste d’infirmerie a été refait et la salle à manger et la cuisine ont été réaménagées. De plus, les chambres ont été complètement rénovées, de la canalisation à la couleur des murs, afin d’offrir des services mieux adaptés à la clientèle, explique la responsable des soins continus, Lise Kozlovich.

La cuisine qui était au centre de la salle à manger a été déplacée dans une pièce attenante. «On a ajouté des fenêtres. Maintenant, on a une belle vue de dehors. On a de la lumière qui rentre de partout.»
Au poste d’infirmerie, un mur a été déplacé, mais surtout, les plexiglas installés pendant la pandémie de COVID-19 ont disparu. Les luminaires donnent un aspect plus chaleureux. «C’est super cute», selon Lise Kozlovich, qui rapporte qu’à la journée d’inauguration de l’aile, fin avril, «les gens disaient «c’est calme ici…».

Elle ajoute : «Pour les gens avec la démence, ce qu’on nous dit, c’est que nos environnements devraient avoir l’air plus familiers qu’hospitaliers.»

Les personnes qui occupent les lits dans l’aile des soins continus de l’Hôpital Sensenbrenner sont souvent en transition vers les foyers de soins de longue durée, mais cette transition peut s’étirer de quelques semaines à quelques années.

Les tissus avec un patron torsadé sont proscrits. «Il y a des gens qui ont un genre de démence où ils voient des couleuvres partout», dit Lise Kozlovich. Aussi, la porte de grange ajoute de la chaleur aux lieux. 

Photo : Lise Kozlovich

Le contraste et les problèmes de perception 

Quatre chambres sont simples, les autres sont doubles. Au total, il y a 20 lits, et 12 sont occupés par des personnes qui souffrent de démence ou d’autres troubles cognitifs. 

Ces personnes ont été mises au centre du projet de rénovation, même si les besoins de la clientèle sont multiples. Dès les premières étapes de rénovations, l’équipe a fait appel à une designer d’intérieur spécialisée en démence. 

«Avec la démence, il y a un problème de perception», rapporte la responsable du service. Les couleurs doivent présenter un contraste, par exemple. Un siège blanc sur une toilette blanche sur un plancher blanc devient difficile à voir. Même chose pour la nourriture : dans des assiettes blanches, les aliments, à l’exemple des patates pilées, peuvent se perdre. «Quelqu’un qui a la démence a beaucoup plus de succès à manger s’il y a un contraste entre la nourriture et l’assiette.» 

Des murs de photos aideront les personnes logeant dans l’aile d’exercer leur mémoire. 

Photo : Lise Kozlovich

Un projet de photos

Dans le cadre du projet, la photographe locale Nathalie Godin a fait don d’un certain nombre de photos. Toujours dans l’idée de répondre aux besoins des personnes atteintes de démence, un tri serré a été fait. Par exemple, la photo d’une perdrix dans un boisé n’a pas pu être retenue, faute de contrastes. Celle d’un orignal les pattes à l’eau non plus : il faut voir l’animal au complet pour que l’image ait du sens pour la clientèle atteinte de démence. Malgré les choix parfois difficiles, un mur est décoré de paysages et d’animaux. 

Un autre mur sert à activer la mémoire. «Devant ce mur-là, on dit aux familles de demander : est-ce que tu sais où cette photo-là a été prise? C’est pour inciter la conversation et faire des challenges de mémoire», explique Lise Kozlovich. C’est ainsi qu’on retrouve des photos de l’auberge Kapuskasing Inn, où de nombreux couples ont célébré leurs noces, de l’ancienne fontaine du Cercle, du Radio Hotel et du magasin Stedmans. Les villages environnants sont aussi représentés.

L’équipe des soins continus, des responsables de l’entretien au personnel infirmier, est en formation pour répondre le mieux possible aux besoins des personnes vivant avec un déclin cognitif. Cela comprend une sensibilisation du personnel à la réalité de cette catégorie de clientèle. 

«On a eu une équipe extraordinaire», conclut Lise Kozlovich, soulignant que le réaménagement s’est échelonné sur plusieurs mois, de juillet 2023 à avril 2024. «C’est notre équipe locale qui a fait ça et elle a fait une super belle job».