Ce programme de surveillance a été créé en 2020, au début de la pandémie du COVID-19. Il consiste à prélever des spécimens dans les égouts ou les centres de traitement des eaux usées et de les envoyer à des laboratoires spécialisés qui vérifient les pathogènes qui y circulent.
À l’apogée de la pandémie, on comptait 107 sites d’échantillonnage en Ontario, dont une douzaine dans le Nord-est. Le 31 juillet dernier, il en restait une cinquantaine en province, dont une poignée dans le nord-est. Le programme coutait entre 10 à 15 millions de $ par année.
Selon l’épidémiologiste de Santé publique Sudbury & Districts, Virginia Mcfarland, «cette initiative détecte les différents variants du coronavirus souvent avant même qu’ils se manifestent dans les hôpitaux». Cette détection rapide permet ainsi aux autorités sanitaires d’en avertir le public afin d’enrayer la propagation des nouveaux virus. Et elle accorde surtout aux hôpitaux l’occasion de se préparer à un flux de patients qui pourraient manifester de nouveaux symptômes.
Le processus
Dans le Nord-est, ce sont les centres de traitements des eaux usées qui recueillent les spécimens et c’est l’Institut de recherche Horizon santé Nord (IRHSN) qui les analyse et distribue les résultats aux organismes de santé publique locaux. Selon l’enquêteur principal du programme, le DR Gustavo Ybazeta, le programme est si efficace qu’«en plus d’analyser les spécimens pour le coronavirus, le laboratoire de Sudbury teste maintenant pour l’influenza A et B, communément appelée la grippe, ainsi que pour le virus syncitial respiratoire (VSR -RSV en anglais), le virus du papillome humain (VPH – HPV en anglais) ainsi que pour la gonorrhée».
Malgré la fin du financement, le Dr Ybazeta dit qu’il jouit encore de petits fonds de tiroir qui lui permettront de poursuivre certains tests jusqu’en décembre 2024. Il ajoute que le laboratoire ne reçoit plus d’échantillons de certaines communautés, mais qu’il est en négociation avec les autorités de North Bay pour qu’elles continuent à participer au projet.
«Nous essayons d’augmenter notre budget pour d’autres communautés parce que nous défrayons les couts de transport des spécimens», ajoute-t-il. IRHSN continue ses tests pour le VPH pour les autorités sanitaires de Sudbury, North Bay et Sault-Ste-Marie. Quant aux autres pathogènes, le laboratoire envoie maintenant les résultats de ses tests une fois par semaine pour la grippe et deux fois par semaine pour la COVID-19. Pendant la pandémie, c’était cinq rapports par semaine.
Des demandes de subventions
Le Dr Ybazeta a récemment soumis quelques demandes de subvention de recherche qui pourraient, peut-être, aider. Normalement ces sources de financement ne payent pas pour des activités de surveillance, mais il espère qu’une partie de ses fonds pourra quand même être utilisée.
Santé publique Sudbury et certains leaders de la communauté de Sudbury essaient aussi de convaincre la province de continuer à financer au moins une partie des couts du laboratoire de l’IRHSN. Certains essaient aussi de convaincre le gouvernement fédéral, qui finance déjà quatre sites de surveillance à Toronto, de défrayer une partie des couts dans le Nord.
Les autorités sanitaires sont cependant claires : si ces activités de lobbying ne rencontrent pas de succès, le Nord perdra un important outil de détection de maladies d’ici la fin de l’année.