le Vendredi 6 décembre 2024
le Mercredi 20 novembre 2024 9:00 Santé

Soins de santé primaires : une campagne pour dénoncer les disparités salariales

Jamie West entouré d’infirmières praticiennes et de représentantes de centres de santé dans la région de Sudbury. 
 — Photo : Donald Dennie
Jamie West entouré d’infirmières praticiennes et de représentantes de centres de santé dans la région de Sudbury.
Photo : Donald Dennie
Les soins de santé primaires sont en passe de devenir un luxe pour plusieurs communautés rurales, dont les habitants sont parfois obligés de se rendre jusqu’à Sudbury, où une saturation des services se fait déjà sentir depuis longtemps. Le manque de personnel, qui a pour cause une politique salariale non équitable et des conditions de travail pas toujours idéales, est pointé du doigt.
Soins de santé primaires : une campagne pour dénoncer les disparités salariales
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Les travailleuses et travailleurs dans le domaine des soins de santé primaires dans le Nord reçoivent un salaire moindre que leurs collègues partout ailleurs en Ontario et ce, depuis plusieurs années. 

C’est ce qu’a déclaré M. Jamie West, représentant néo-démocrate de Sudbury à l’Assemblée législative de l’Ontario. C’était lors d’une conférence de presse organisée le mercredi 13 novembre, pour souligner cette disparité salariale et lancer la campagne Pour nous. Pour vous.

«Cette situation a de sérieuses conséquences non seulement pour les travailleuses et les travailleurs, mais aussi pour les patients qui en dépendent pour recevoir des soins de santé primaires», a-t-il soutenu.

«Des soins aux bons moments et aux bons endroits»

Au cours de cette conférence de presse, M. West était entouré d’infirmières praticiennes et de représentantes de centres de santé dans la région de Sudbury. L’une d’elles, Mme Nicole Plante-Dupuis, directrice exécutive du centre Univi, qui dessert la Rivière des Français, St-Charles, Markstay et Warren, a expliqué que la population de ces endroits ne pouvait pas toujours se rendre à Sudbury pour recevoir ces soins primaires. 

«Il faut donc garantir des soins aux bons moments et aux bons endroits», a-t-elle déclaré. Pour cela, «il est nécessaire de garantir que les travailleuses et les travailleurs de ces soins soient rémunérés équitablement».

«À cause de la ruralité de notre emplacement, il est important de procurer des soins de santé à des gens qui ont des besoins complexes, des invalidités, des problèmes aigus de santé mentale, des conditions chroniques; il est essentiel de pouvoir les soigner près de leurs domiciles». 

Elle a mentionné qu’un poste de travail social dans son centre est demeuré vacant pendant 15 mois, parce que les personnes qualifiées dans ce domaine pouvaient se trouver un emploi dans un hôpital ou dans un conseil scolaire et recevoir 22 000 $ de plus par année. 

«Nous ne pouvons tout simplement pas concurrencer lorsque l’écart de salaire est aussi vaste», a-t-elle précisé.

Les infirmières praticiennes dans des centres de soins primaires gagnent 17 % de moins qu’a été recommandé en 2023. «Elles peuvent gagner un meilleur salaire ailleurs sans avoir à voyager 60 minutes par jour pour se rendre à Sudbury Est. Il en résulte soit que nous perdons des travailleuses et des travailleurs de valeur ou que nous ne pouvons pas en recruter», a expliqué Mme Plante-Dupuis. 

«Il est urgent de pouvoir offrir des salaires compétitifs pour pouvoir recruter des professionnels qualifiés et ainsi continuer à offrir des soins de qualité».

Abandon de postes et stress

Pour sa part, Sarah Crichton, du Centre de santé City of Lakes Family Health Team, qui dessert 22 000 patients dans la région de Sudbury, a mentionné que plus les travailleuses et les travailleurs abandonnent leur poste pour obtenir un meilleur salaire ailleurs plus ceux et celles qui restent sont surchargés de travail et par conséquent souffrent de stress.

Selon France Gélinas, critique du NPD en matière de santé et représentante de Nickel Belt à l’Assemblée législative de la province, a déclaré que les infirmières praticiennes n’ont pas été traitées adéquatement depuis très longtemps. Elle a souligné au Voyageur que «les travailleuses et les travailleurs en soins primaires, tels des médecins et des infirmières, n’ont pas eu d’augmentation salariale depuis environ 12 ans. «Dans le secteur privé, ces professionnels gagnent des salaires qui sont 30 % plus élevés. Nous demandons au gouvernement Ford de payer les employé.e.s des soins primaires de façon équitable pour qu’ils et elles puissent continuer à faire l’excellent travail qu’ils font».

Selon Mme Gélinas, la réponse du gouvernement Ford consiste à mettre l’emphase sur la privatisation des services, une solution essayée en Australie et en Grande-Bretagne et qui n’a pas fonctionné. 

«Ceux et celles qui en ont les moyens peuvent se payer des soins privés mais, à l’heure actuelle, 2,5 millions de personnes en Ontario n’ont pas accès aux soins primaires. La privatisation, ce n’est pas une bonne solution. Ce n’est pas bon pour les communautés du Nord. Les travailleuses et les travailleurs en soins primaires veulent le dire, ce qui était le but de cette rencontre aujourd’hui. C’est le but de la campagne Pour nous. Pour vous».